La révolution de la "dignité", le 2 mai 2014, Odessa
Hier 2 mai, Odessa commémorait les deux ans de la tragédie de la Maison des syndicats (voir ici notre article), où 50 personnes périrent brûlées, gazées, achevées une balle dans la tête, plus de 250 furent blessées et une ville mise à genoux par les milices néo-nazies du nouveau régime pro-européen. Un des responsables de ce massacre, A. Parouby, est aujourd'hui à la tête du Parlement ukrainien. Mais les habitants, malgré menaces et pressions, sont sortis dans la rue au cri de "Nous nous souvenons, nous ne pardonnons pas".
Les célébrations du début mai mettent les autorités ukrainiennes sur les dents. Des groupes nazis comme Secteur droit, Aïdar ou Azov ont débarqué dans la ville fin avril. Malgré diverses provocations, il n'a pas été possible pour la ville d'annuler la manifestation commémorative du 2 mai. Mais le Gouverneur d'Odessa, Saakachvilli, qui avait demandé l'instauration de l'état d'urgence, a obtenu des forces supplémentaires de la Garde nationale et de ses groupuscules extrémistes légalisés par le pouvoir.
Ainsi, du 30 avril au 10 mai, 3500 policiers et plus de 300 membres du SBU (l'ex-KGB) vont maitenir l'ordre dans la ville. Selon les paroles, ensuite démenties par Saakachvili, du conseiller du ministre de l'intérieur, Zorian Chkiriak, ordre a été donné de tirer à vue au moindre comportement agressif.
Afin de ne pas faire trop de bruit, les journalistes furent triés à la frontière. Par exemple, un journaliste polonais Tomach Matseitchuk s'est vu non seulement déporté, mais interdit de séjour pour 5 ans. Le journaliste et écrivain allemand Saadi Issakov s'est vu refusé l'entrée en Ukraine à la frontière de l'aéroport, sans aucune explication ou justification.
Alors que la manifestation a finalement été autorisée, le matin, la police bloque totalement l'accès à la Maison des syndicats. Le prétexte est simple; une alerte à la bombe. Bien que une heure avant le début des célébrations, la police ait annoncé que l'alerte était fausse, elle n'autorise pas l'accès au bâtiment: elle n'aurait obtenu aucune information en ce sens.
De 2000 à 5000 personnes, selon les sources, bravent le régime. Les parents des victimes se voient interdire l'accès au bâtiment qui a servi de tombeau à leurs proches. Les prêtres sont refoulés, ils ne peuvent prier pour la mémoire des victimes.
Un mémoriale s'improvise alors aux pieds des policiers, qui se tiennent bien serrés.
Mais la tension monte. Un énorme bandeau est tendu avec la photo de Poroshenko disant qu'il couvre les assassins d'Odessa:
Et ça ne s'arrête pas là. Les gens commencent à entonner la chanson de la Guerre sacrée:
En 1941, dés le début de l'entrée en guerre de l'Union soviétique contre l'Allemagne nazie, est publié le poême de Lebedev-Kumatch, La Guerre sacrée et le compositeur Aleksandrov en écrit la musique. Cette chanson devient en quelque sorte l'hymne de la Guerre Patriotique, le symbole de la défense de la Patrie. Ses premières paroles sont "Lèves-toi, grand pays".
Des slogans sont égalements repris par la foule: "Le fascisme ne passera pas" ou "Sortez de la ville, Bandéristes!":
Voici une vidéo de la cérémonie:
Evidemment, le pouvoir ne pouvait laisser l'espace uniquement à la contestation. Il faut rappeler qu'il s'agit bien d'une "révolution de la dignité". Le soir, vers 20h une manifestation pro-maïdan a été organisée par la ville.
Pour notre part, restaurons la Dignité.
Vadim Papoura, on m'a jeté d'une fenêtre (24/07/1996 - 02/05/2014); Kristina Bejanitskaya, on m'a battu à mort (18/03/1992 - 02/05/2014).
Alexandre Sadovnitchy, j'ai brûlé vivant (18/09/1954 - 02/05/2014)
Igor Ostrojniuk, j'ai sauté par la fenêtre pour éviter le feu, ensuite l'on m'a achevé au sol (12/07/19964 - 02/05/2014)
Et encore beaucoup d'autres. Ils eurent des dates de naissance différente, des vies différentes, des rêves, des proches, des amours, mais tous finirent le même jour. Le 2 mai 2014. A Odessa. Pour bénir dans le sang l'avènement du nouveau régime démocratique pro-européen.
"Nous nous souvenons, nous n'oublions pas, nous ne nous rendons pas, nous nous vengerons!!! Genocide!"
Aucun responsable n'a été condamné, aucune enquête n'est menée.
En janvier 2015 une délégation des mères d'Odessa était reçue en France, notamment le 28 janvier à Marseille, puis le 29 à Nice à l'initiative du Comité pour une Nouvelle Résistance.
RépondreSupprimerLe 2 mai 2016 pour le deuxième anniversaire de cet épisode dramatique nous étions invités par des amis ukrainiens, proches des victimes : Serge, ancien résistant et Sylvie, sa fille, Claude et Mireille Roddier, fille et petite fille de Glenn Severine, commandant du célèbre maquis Vallier, maquis gaulliste qui a opéré dans le Var jusqu'aux combats de la libération. Glenn Severine étant né lui même à Odessa, elles profitaient de ce voyage pour retrouver le berceau de leurs origines familiales.
Les informations alarmantes nous avaient dans un premier temps convaincu de renoncer à notre participation à ces commémorations mais nos amis d'Odessa tenaient beaucoup à la présence de témoins étrangers nous avons donc décidé de répondre à leur invitation.
Mais, il semble que la présence, le témoignage d'étrangers soient redoutés puisque visiblement attendus, nous avons été retenus à la frontière, et qu'après un interrogatoire de plus de 2 heures, nous avons été interdits de pénétrer sur le territoire ukrainien, et placés sous surveillance militaire dans l'aéroport d'Odessa. Nous avons dû passer la nuit dans des conditions très rudimentaires, allongés sur des banquettes en fer avec deux oreillers et deux couvertures pour quatre. Toujours « accompagnés », confinés pendant les 3 heures ½ de la correspondance d'Istanbul, nous avons été reconduits jusqu'à Nice – notre point de départ. Nos passeports nous ont été confisqués, remis directement dans les mains de la compagnie aérienne chargée de nous rapatrier. Ce n'est qu'arrivés à Nice que nous avons pu les récupérer des mains de la police française. Interrogés, escortés donc et privés de liberté pendant 21 heure.
Nous avons donc été empêchés de nous recueillir sur les tombes des victimes de la tuerie du 2 mai 2014, empêchés d'apporter le soutien de Français et de partager avec nos hôtes, proches des victimes, un repas en privé.
Et dire que de tels comportements sont orchestrés par les autorités ukrainiennes qui bénéficient du soutien actif de l'Union européenne avec en première ligne la complicité de notre propre gouvernement et dans le silence assourdissant de la majorité de nos médias.
Serge Lesou, Sylvie Pillé
Votre histoire est bien triste !
SupprimerMalheureusement elle illustre ce qu'est devenu le monde occidental : tout le monde au pas, pas de tête levée, nos "régimes" (mot qu'utilisent nos gouvernements quand un gouvernement d'un pays ne leur plaît pas) ne supportent pas la remise en cause de leurs discours !
Beaucoup de mensonges dans ce soi-disant reportage.. Sylvie Pillé n'aime pas la démocratie et adore les régimes autoritaires surtout russes et communistes; elle en ignore les crimes et exagère ceux du camp adversaire (surtout si il est américain). Pourtant, elle se comporte comme la pire capitaliste et ultralibérale par ailleurs quand ses intérêts sont en jeu. Où est l'honnêteté ? La soi-disante impartialité ? Soutenir la Russie de Poutine parce qu'on déteste l'Europe et les Etats-Unis : c'est comme aimer Staline parce qu'on hait Hitler. Pauvre démocratie des humbles pris entre les discours de haine des uns et des autres, chacun trouvant sa légitimité dans les erreurs des autres et sachant habiller leur lutte dans les artifices de la démagogie. Ma mort prochaine me libérera de ces affres haineux et de ce desespoir. Nul doute que ce message sera censuré.
SupprimerD'accord avec toi. Pillé dit que le communisme stalinien a un bila positif, défend Castro et Chavez et pleurniche quand elle est soumise à un contrôle, hurlant aux atteintes à la DDHC. Mais, elle mène tranquillement une vie plus que bourgeoise et privilégiée. J'aime bien ce site mais là c'est trop !!!
SupprimerLa honte et le déshonneur ineffaçables de l'Europe à l'agonie.
RépondreSupprimervoir écusson régiment AZOV = ODESSA
RépondreSupprimervoir écusson division DAS REICH = ORADOUR
chercher l'erreur....
ma remarque perso: ne pas oublier que les protestants allemands ont voté en masse pour tonton, au contraire des cathos anti tonton.
La fille de pasteur, ds la lignée...
quel médias français en parle?
RépondreSupprimercela devient une rengaine que de le dire, mais enfin la bassesse de notre presse augmente tous les jours