Une première dans l'histoire de la diplomatie: sans état de guerre, sans recourir à des forces tierces pour faire le sale travail, les autorités américaines ont elles-mêmes violé le droit international et l'inviolabilité de la propriété privée en prenant possession des propriétés appartenant à la Russie et bénéficiant d'un statut diplomatique. Les services spéciaux ont bien effectué une persuisition à San Francisco, Washington et New York. Du jamais vu, qui pourtant ne provoque strictement aucune réaction internationale.
Dans la politique hystérique d'escalade, les Etats Unis avaient donné deux jours à la Russie pour fermer trois bâtiments diplomatiques et la résidence du Consul, bâtiments qui sont la propriété de la Russie, sauf en ce qui concerne la mission économique à New York, où la Russie louait les locaux (voir notre article ici).
La porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, avait alors émis la possibilité d'une perquisition par les services spéciaux américains, mais sincèrement je n'y croyais pas. Certes, après la fermeture des activités consulaires et de représentation, ces bâtiments ont pu voir retirer leur statut diplomatique et donc leur inviolabilité. Mais ils sont la propriété de la Russie, certains depuis l'Ancien Régime, d'autres achetés à l'époque soviétique, certains plus récemment. Or, non seulement les Etats Unis ont demandé la fin de l'activité consulaire, ce qui est leur droit, mais ils ont interdit à la Russie d'utiliser de quelque manière que ce soit ces bâtiments qui restent en sa propriété et de les occuper. Pour en être certains, les services spéciaux ont pris position dans ces bâtiments, en violation totale du droit de propriété.
Toujours sans décision de justice, le FBI a procédé à une perquisition dans tous ces bâtiments, entrant même voir au domiciles des membres de la mission diplomatique, qui bénéficient toujours de l'immunité diplomatique, car ils furent rattachés à l'Ambassade russe de Washington, qui elle n'a pas (encore) été fermée. Ils ont fouillé tous les bâtiments, les conduits d'aération, les toits ... officiellement à la recherche d'explosifs!
Pour les russophones, voici l'interview très complète de Maria Zakharova qui développe ces aspects:
Voici la perquisition faite par un agent américain, manifestement mal à l'aise, dans les appartements des diplomates à San Francisco dans le Consulat général:
Les diplomates russes n'avaient pas dormi pendant deux nuits pour tenter de brûler les documents qu'ils ne pouvaient emporter, transférer tout le métériel, le mobilier et les documents importants. Selon M. Zakharova, le FBI comptait sur le fait que leurs nerfs lâcheraient, tel ne fut pas le cas.
Ici, toujours dans le Consulat général de San Francisco, les agents spéciaux fouillent même dans les canalisations:
Inutile de vous dire que, évidemment, rien n'a été trouvé. Mais après leur départ, des postes de contrôle à chaque étage du Consulat ont été établis par le FBI, ainsi qu'à l'entrée. Jusqu'au 1er octobre, y vivent encore les diplomates avec leur famille, un peu comme en prison. Un détail: lors des discussions bilatérales consécutives à la décision américaine de fermeture du Consulat, les Etats Unis avaient demandé à ce que les personnes qui y habitent quittent les lieux pendant 10h. Pour ne pas gêner. Et qui sait avec ces russes, ils avaient peut être caché des explosifs dans les couches? Or, y habitent des familles, avec des nourissons... Il a fallu les convaincre que même si les droits de l'homme c'est bon pour l'exportation, laisser dans la rue des enfants et des nourissons pendant 10h se rapproche dangereusement d'un comportement inhumain et de la maltraitance. Dans toute la beauté de leur grandeur d'âme, ils finirent par céder.
Voici la vidéo totale de l'arrivée des forces spéciales au Consulat de San Francisco et à Washington:
La Russie qualifie cela d'expropriation. D'autant plus que lors des contacts avec le Département d'Etat, conversations qui furent enregistrées, il leur a été dit qu'ils n'attendent pas le retour de leur propriété, que les Etats Unis veulent les racheter.
Bref, ce sont des méthodes de bandits. Du banditisme d'Etat.
Et aucune réaction internationale. Aucune. C'est une honte. Autrement dit, la communauté internationale autorise les Etats Unis à faire cela. Avec leurs diplomates aussi? Avec leurs bâtiments diplomatiques aussi? Un précédent déplorable et extrêmement dangereux vient d'être réalisé.
“We regard the incident as a blunt act of hostility, a gross violation of international law by Washington, including the Vienna Conventions on diplomatic and consular relations (...). Otherwise, the US will be responsible for the continuing degradation of relations between our countries, which largely affect global stability and international security"
Jusqu'où cela va-t-il aller? L'Europe devrait comprendre que c'est la stabilité mondiale qui est en jeu, et que cela concerne directement les pays européens, déjà largement instrumentalisés contre la Russie. Mais est-ce là notre intérêt?
L'ensemble de ctte situation m'inspire une incompréhension. D'une part l'administration US procède sereinement à une violation si flagrante de toutes les conventions internationales, au vu de tous, et la Russie réagit somme toute assez mollement. L'impression qu'il y a là une embrouille dont on n'a pas les explications.
RépondreSupprimerLe FBI n'est pas allé jusqu'à déposer des explosifs dans le consulat pour accuser la Russie de préparer des attentas terroristes aux USA. C'est déjà cela
RépondreSupprimerUn État voyou c'est quoi?
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