Publications

mardi 2 avril 2013

Dmitri Gudkov rattrapé par Kundera: les danseurs en politique

Voir: http://izvestia.ru/news/547804

Le député Dmitri Gudkov, bien connu pour son combat pour la transparence financière de ses collègues, vient de se faire rappeler à l'ordre. Il détient en effet 25% des parts d'une entreprise en Bulgarie, entreprise familiale du clan Gudkov.
 
Il ne l'a tout d'abord pas déclaré, n'exerçant aucun bisness, puis l'a reconnu mais esimait qu'il n'était pas obligé, ensuite il a déclaré avoir transmis ses parts à son frère. Ca sonne mal après tout le bruit qu'il fait autour de son combat moral pour l'éthique en politique.
 
Et il est vrai que ces derniers temps, beaucoup de ses confrères requièrent toute l'attention des médias et du pouvoir. Comme le rappelait Jirinovsky, en cherchant on trouve.
 
Cela me fait penser à ce magnifique livre de Kundera, La Lenteur. Il explique ce qu'est un "danseur". "Tous les hommes politiques d'aujourd'hui, selon Pontevin, sont un peu danseurs, et tous les danseurs se mêlent de politique, ce qui, toutefois, ne devrait pas nous amener à les confondre. Le danseur se distingue de l'homme politique ordinaire en ceci qu'il ne désire pas le pouvoir mais la gloire. (...) Pour occuper la scène il faut en repousser les autres. Ce qui suppose une technique de combat spéciale (...) le judo moral; le danseur jette le gant au monde entier. (...)Et il manie toutes les prises qui lui permettent de mettre l'autre dans une situation moralement inférieure". Pour cela, il ne va pas suivre les règles de la politique, qui se fondent sur les négociations cachées, mais il fera de grandes annonces qui vont surprendre son adversaire et le mettre en porte-à-faux.
 
Mais ... et c'est ici que la comparaison s'arrête : "Celui qui éprouve de l'aversion pour les danseurs et veut les dénigrer se heurtera toujours à un obstacle infranchissable: leur honnêteté; car en s'exposant constamment au public, le danseur se condamne à être irréprochable; il n'a pas conclu comme Faust un contrat avec le Diable, il l'aconclu avec l'Ange". Il fait de sa vie une oeuvre d'art, elle est la réalisation de son Idée de soi.
 
Or, la manière dont se comportent certains opposants est plutôt naïve: danseur devant les caméras, à la recherche de la gloire et poussant toujours plus loin, mais en oubliant le prix à payer: être irréprochable.
 
Il faut faire un choix et vient toujours le moment de payer. De part et d'autre. C'est peut être le prix pour un réel renouveau de la politique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

L'article vous intéresse, vous avez des remarques, exprimez-vous! dans le respect de la liberté de chacun bien sûr.