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vendredi 7 février 2014

Le culte du héros selon CNN

Voir: http://itar-tass.com/obschestvo/945144
http://rapsinews.ru/incident_news/20140207/270665793.html



CNN a eu l'idée surprenante de publier une liste des monuments les plus moches, dans laquelle figure en bonne place le monument dédié aux défenseurs de la forteresse de Brest, symbole de combats, symbole d'héroïsme à plusieurs moments de l'histoire nationale. L'on y trouve également une statue de Martin Luther King, de Jean-Paul II etc. Cette liste a profondément choqué, car derrière la critique artistique surgit l'histoire.
 
CNN, après les réactions du ministères des affaires étrangères russes et de l'ambassadeur de Russie à Washington, s'est excusé, mais a laissé la liste en place.
 
Il y a peu de temps de cela, la chaîne russe Russia Today s'est trouvée interdite d'antenne aux Etats Unis. Nul ne remet en question qu'une chaîne de télévision, quelle qu'elle soit, soit un moyen de transmettre une certaine vision du monde. Cette vision ne correspondait pas à celle de la société américaine. Et personne n'a parlé de censure lorsque Russia Today fut interdit. Par ailleurs, c'est plutôt bien tombé avant les JO et vu le contexte international.
 
La question qui se pose, de manière symétrique aujourd'hui, concerne la diffusion de CNN en Russie. Et le sénateur Morozov soulève la question de mesures de sanctions, notamment l'interdiction temporaire pour CNN de diffuser en Russie. La vision du monde propagée par CNN reflète une échelle de valeur qui n'est pas celle de la Russie.
 
En principe, les Etats Unis ont ouverts la voie à la possibilité d'une telle réponse. Le problème est pourtant tout autre. Si l'Europe et les Etats Unis veulent s'enfermer dans une vision moniste du monde, vision donc restrictive et dangereuse pour le développement des sociétés et des gouvernements concernés, car le monde qui les entoure est toujours beaucoup plus complexe, la Russie a-t-elle intérêt à reproduire la même erreur? La question reste ouverte.
 
 
 
 
 

jeudi 6 février 2014

De la protection des minorités sexuelles au combat contre l'hétérosexualité? L'hystérie autour des JO de Sotchi

Voir: http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=REPORT&reference=A7-2014-0009&language=FR&mode=XML
http://www.gazeta.ru/social/news/2014/02/06/n_5928529.shtml

L'hystérie, qui se décuple autour de la Russie à l'occasion de l'ouverture des JO de Sotchi, hystérie qui n'a strictement aucun rapport avec le sport, dont tout ce monde semble se moquer comme de sa première couche culotte, concerne notamment la question de l'interdiction de la propagande homosexuelle chez les mineurs.
 
Pour ceux, nombreux, qui parleraient de cette loi sans l'avoir lue, faute de le pouvoir, faute de le vouloir, je précise encore une fois qu'il s'agit bien de l'interdiction de la propagande chez les mineurs et non d'une pénalisation de l'homosexualité.
 
Des prix nobels de la paix, qui n'ont certainement pas lu le texte de loi incriminés, envoient une lettre au Président russe pour qu'il revienne sur cette infamie, des artistes de différents pays feraient de même ... la lettre n'est simplement pas encore arrivée. Bref, quelle horreur, il faut se battre pour la propagande, surtout chez les mineurs. Cela semble donc être le message de paix de notre époque. A chaque époque ses combats.
 
Et l'enjeu est bien là. C'est bien ici la source de cette hystérie collective qui n'a rien à voir avec la défense des droits des homosexuels, puisque parallèlement, les réactions se radicalisent à leur égard et personne ne veut faire le lien entre les dérives du combat pour avoir le droit de vivre librement sa sexualité et le fait que la majorité, face aux dérives, ressente elle aussi une agression contre son mode de vie. Bref, ce n'est pas la recherche d'un consensus social, ce qui serait raisonnable, mais la recherche des moyens de modifier le vivre ensemble. Et ici, le choix politique fait par la Russie choque d'autant plus qu'il s'oppose frontalement à la méthode politique choisie par l'UE, et donc transmise à ses membres.
 
Pourquoi vouloir libéraliser la propagande chez les jeunes? Car l'école de la république forme les esprits des futurs adultes. Donc pour modeler une société, il faut s'attacher à la formation des esprits des plus jeunes. Le combat républicain français sous la Troisième République le savait parfaitement, l'Union soviétique faisait de même avec ses Oktiabriates.
 
Alors que la Russie veut sciemment protéger la jeunesse de la propagande, pour que l'image de la famille ne soit pas modifiée, l'UE adopte une feuille de route intéressante contre l'homophobie et les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre, appelé par les médias Rapport Lunacek. Cette feuille de route ne contient évidemment aucun injonction qui puisse faire bondir, mais quelques remarques s'imposent.
 
Tout d'abord, l'utilisation de l'expression "les droits fondamentaux des LGBTI" fait sourire. Les juristes connaissent le terme de droits fondamentaux de l'homme, car ces droits sont attachés à la nature humaine. Les LGBTI, en tant qu'êtres humain, possèdent les mêmes droits que chacun. Stigmatiser de cette manière revient de facto à en faire une sous-catégorie, mais juridique ou humaine? D'un point de vue humaniste, la démarche est dérengeante. D'autant plus que la démarche ne s'arrête pas aux frontières de l'UE, mais l'attention doit être portée également en dehors de l'UE. Il y a donc bien une politique propagandiste, voire d'ingérence.
 
Ensuite, "la Commission devrait (...) contrôler les échanges de bonnes pratiques entre les Etats membres". Et la notion de contrôle et la notion imprécise de "bonnes pratiques" fait quelque peu réfléchir. N'y a-t-il pas atteinte à la souveraineté des Etats dans ce contrôle dont l'objet est on ne peut plus flou?
 
Passons sur beaucoup d'autres aspects intéressants, comme l'incitation des Etats à ne pas revenir sur leur législation garantissant les droits des LGBTI, incitation à la développer. Passons, pour s'arrêter sur un point, celui concernant l'éducation:
                       " i) la Commission devrait promouvoir l'égalité et la lutte contre les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre dans l'ensemble de ses programmes destinés à la jeunesse et à l'éducation;
                      ii)  la Commission devrait faciliter les échanges de bonnes pratiques entre les États membres en matière d'apprentissage formel, y compris pour ce qui concerne les supports d'enseignement et les politiques de lutte contre le harcèlement et la discrimination, par le biais de la méthode ouverte de coordination;
                       iii) la Commission devrait faciliter les échanges de bonnes pratiques entre les États membres à travers l'ensemble des politiques menées par ces derniers dans les domaines de l'éducation et de la jeunesse, y compris par les services d'aide sociale et d'aide sociale à l'enfance, par le biais de la méthode ouverte de coordination;"
 
Il s'agit bien de faire entrer la discussion sur l'homosexualité à l'école, dans les programmes, de pouvoir avoir recours aux services d'aide à l'enfance etc. C'est un choix politique, c'est un choix pour une autre société. Mais ce n'est qu'un choix, donc il est possible d'en faire un autre. ce n'est pas une Vérité incontestable. La Russie a fait un autre choix. Pas celui de la condamnation de l'homosexualité, mais celui du refus de la propagande. La loi qu'elle a adopté n'est pas une loi homophobe, mais une loi anti-propagande. Et en ce sens, sa démarche va à l'inverse de la démarche choisie par l'UE.
 
Il faut dire que la Russie a déjà connu l'Union soviétique et son idéologisation forcée, qu'elle en est revenue. Il parait que chacun doit faire ses propres erreurs pour apprendre, espèrons que cela ne coûtera pas trop cher aux nations européennes.
 
 
 
 

La chronique de Caroline Voos, Regards croisés Russie-UE : Sotchi, les Jeux du Tsar ?


 A l’approche de la cérémonie d’ouverture des JO de Sotchi, une véritable frénésie s’est emparée de nos médias, somme toute logique, si ce n’était l’approche anormalement inamicale adoptée envers le pays hôte et son Président.

Quelques titres relevés dans la presse : « Argent sale sur la mer Noire » (L’Express), « Sotchi : les jeux de l’angoisse (The Wall Street Journal), « Droits des homosexuels : qui  boycottera les Jeux de Sotchi ? » (Libération).

 Vladimir Poutine a fait de l’obtention et de l’organisation des JO à Sotchi l’une de ses priorités personnelles.

Certes, le président russe s’est engagé à fond dans « ses » JO.

Il ne faut cependant pas ignorer que d’après les sondages, les Russes sont majoritairement favorables à la tenue des JO en Russie, bénéfiques pour l’image de leur pays à  l’étranger ainsi qu’en termes d’infrastructures nouvelles.

C’est également la possibilité de dépasser le sentiment d’humiliation lié au boycott des jeux olympiques d’été à Moscou en 1980 suite à l’invasion soviétique de l’Afghanistan.

Sotchi n’est donc pas les jeux d’un seul homme mais bien de tout un peuple.

Sotchi, les jeux les plus chers de toute l’histoire olympique (36 milliards d’euros) sur fond de corruption, de dégradations écologiques, d’expropriation et de conditions de travail déplorables sur les chantiers.

Loin de moi l’idée de balayer d’un revers de la main toutes ses critiques.

Mais, il ne faut tout de même pas oublier que Sotchi est tombée dans l’oubli après la chute de l’URSS. Les infrastructures étaient vieillissantes. Les JO ont donc été l’occasion de développer la région, de rénover les installations sur la mer Noire et de développer le tourisme dans le secteur des sports d’hiver sans omettre à côté des réalisations olympiques, la construction d’une autoroute, d’une nouvelle ligne de chemin de fer, d’un nouvel aéroport national, d’un port commercial, de centrales électriques, …

Le choix géographique de Sotchi situé au pied du Caucase jouxtant le berceau du terrorisme islamiste russe à de quoi  surprendre face à la menace d’attentat.

2014, c’est aussi le 150ème anniversaire de la victoire russe qui mit fin à la Circassie indépendante dont Sotchi fut la dernière capitale.

Donc du point de vue des enjeux de politique intérieure c’est une opportunité pour Vladimir Poutine de réaffirmer que la Russie est un Etat multiethnique, multiculturel et multiconfessionnel. En d’autres mots, c’est un signal ferme à l’adresse des nationalistes, séparatistes de tous bords : la puissance russe se veut partout maîtresse chez elle !

Certains dirigeants occidentaux (Barack Obama, Viviane Reding, Angela Merkel et Joachim Gauck, François Hollande, David, Cameron, …) au gré de leurs intérêts liés à leur image, ont choisi de ne pas se rendre à l’ouverture des JO de Sotchi, pour afficher notamment leur désaccord vis-à-vis de la loi « anti-gay ».

Il est à noter que traditionnellement, il y a moins de dirigeants présents aux olympiades d’hiver que celles d’été.

Ceci dit, il n’y a  eu aucun boycott d’Etat à part le Turkménistan mais ce dernier n’a plus jamais participé à aucuns jeux olympiques d’hiver depuis son indépendance.

Face à une telle attitude, il faut remarquer que les JO ne concerne pas les seuls Occidentaux mais bien les dirigeants du monde entier et de souligner l’importance de ce type d’événement en termes de « soft power ».

L’objectif de Vladimir Poutine est de montrer que la Russie est un partenaire commercial et politique fort sur l’échiquier international.

Dès lors l’absence de quelques dirigeants occidentaux est relativisée par les Russes.

Dans tous les cas, les jeux ont été accordés à la Russie, tout est prêt, y compris les athlètes. Il est tout simplement trop tard, parler de boycott n’a plus de sens.

Pour éviter à l’avenir, toutes sortes de polémiques préjudiciables à l’image d’un pays, la question fondamentale à se poser serait : quel pays peut-être jugé digne d’organiser les jeux ? On entre alors dans une question de normes : qui écrit les normes ? Comment faire pour que cela semble honnête et non une forme de néo-colonialisme idéologique ?

Bref, tout un programme …

 Et maintenant place à la fête du Sport et de ses athlètes qui eux aussi ont travaillé sans compter.

Articles de référence sur ce sujet :

Libération : http://www.liberation.fr/monde/2014/02/05/droits-des-homosexuels-qui-boycottera-les-jeux-de-sotchi_977979
L’Express : http://www.levif.be/info/actualite/international/sotchi-2014-argent-sale-sur-la-mer-noire/article-4000517669791.htm

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

mercredi 5 février 2014

La Chambre sociale russe et le mythe du CESE français

Voir: http://izvestia.ru/news/565156
http://www.lecese.fr/sites/default/files/Le-CESE-en-bref-18-09-2011.pdf

La Chambre sociale, organe consultatif et représentatif de la société "civile" russe, qui doit exercer des fonctions de contrôle de la politique économique et sociale russe, va voir sa composition modifiée et ses compétences renforcées. Et cela, parait-il, sur le modèle du Conseil économique et social français (CESE). Pourtant, la ressemblance entre ces deux organes est plus déclarative que réelle.
La Chambre sociale sera formée de la manière suivante: 40 personnalités proposées par le Président de la Fédération de Russie, 83 déléguées par les Chambres régionales et 43 élues par internet. C'est magnifique, mais quelle garantie que ces personnes seront réellement représentatives de la société russe dans son ensemble, autrement dit de sa diversité, et non de la petite partie que constitue la société civile, si les quotats ne prennent pas en compte une représentation par secteur d'activité économique, par fonctions exercées, etc. Comment savoir que les artisans, les employés, les petits chefs d'entreprises seront représentés? Aucune garantie n'est prévue en ce sens par le projet de réforme. A moins d'avoir la naïveté de croire que quelques syndicats sont représentatifs de la masse salariale. Pas plus en Russie qu'en France. A moins de croire que les ONG représentent la population. Pas plus en Russie qu'en France.
C'est ici une première grande différence entre ces deux institutions, puisque le modèle français, tant appelé de ses voeux par les partisans de la réforme, met en place ces quotats. Vous trouverez le détail de la répartition des membres dans le Conseil économique et social français dans le lien indiqué en haut de l'article.
L'autre mythe concerne le rôle de ces organes. Le CESE a certes vu ses compétences élargies, il donne des avis et des rapports. Il agit sur demande du Gouvernement, du Parlement ou de sa propre initiative et sur pétition, selon une procédure bien déterminée. Mais il n'a évidemment aucune initiative législative sous quelque forme que ce soit, pour la simple et bonne raison qu'il ne peut en avoir la légitimité institutionnelle: c'est un organe consultatif. De ses avis et rapports peuvent émerger des idées qui se réaliseront sous forme de projet de loi, mais il n'en a pas la maîtrise.
Or, le projet de réforme de la Chambre sociale russe prévoit, selon ses membres, de lui octroyer l'initiative législative. Plus concrètement, il s'agit d'une participation non pas au sein du Parlement, mais au sein de la Chambre sociale, à la création de la conception du projet de loi qui sera déposé au Parlement par les titulaires de l'initiative législative.
Donc réellement, quelle que soit l'argumentation employée par les membres de la Chambre sociale, il ne s'agit pas à proprement parler d'en faire un titulaire de l'initiative législative, mais son rôle est renforcé dans la préparation des projets de loi avant leur discussion au Parlement.
Toutefois l'ambigüité est maintenue, surtout lorsque certains de ses membres, pour justifier le renforcement des compétences, affirment que cette initiative législative est entre les mains de nombreux organes consultatifs représentatifs de la société civile en Occident, notamment tel serait le cas du Conseil économique et social. Ce qui est faux.
De la fonction de contrôle et de conseil dévolue à ces organes représentatifs, il y a une volonté manifeste de s'approprier une fonction décisionnelle. Et c'est justement ce pas qu'il est dangereux institutionnellement de franchir. Le mythe du tout-contrôle de la société civile n'est pas mis en oeuvre pour protéger les intérêts de la société, trop diversifiée, et n'a jamais permis de renforcer en quoi que ce soit la légitimité de l'Etat. La légitimité de l'Etat et la défense des intérêts de la société dans son ensemble dépendent du fonctionnement normal des institutions publiques et non de la création frénétique d'organes para-étatiques.

mardi 4 février 2014

La fermeture de TV Rain: le fait et le droit

Voir: http://lenta.ru/news/2014/01/28/refuse/
http://www.bbc.co.uk/russian/business/2014/02/140203_tv_rain_possible_closure.shtml
http://rapsinews.ru/incident_news/20140204/270632923.html

La question de la fermeture de TV Rain (Dojd) nous oblige à sérieusement nous interroger sur la manière dont nous envisageons le rôle des médias dans notre société moderne, le rôle du bisness et les rapports entre l'intérêt général et les intérêts commerciaux et, bien sûr, le rôle de l'Etat.
 
Dans ce cas de figure, il est possible de hurler très vite et très fort "Cachez-moi cette chaîne que je ne saurais voir" pour défendre l'histoire et la morale publique. Il est tout aussi possible de hurler tout aussi vite et tout aussi fort "ne touchez pas à ma liberté!". Alors, que dire finalement?
 
Suite à la question sur la possibilité de rendre la ville de Leningrad aux allemands lors du blocus, les réactions ne furent pas seulement émotives. Les fournisseurs d'accès auxquels à recours la chaîne TV Rain ont commencé les uns après les autres à retirer cette chaîne du bouquet de chaînes payantes qu'ils proposent, certains ont affirmé le faire suite à des plaintes d'abonnés qui ne voient pas pour quelles raisons ils paient pour recevoir ce type de programme. D'autres fournisseurs annonçaient des raisons morales ou éthiques.
 
Actuellement, toutes les grandes compagnies ont pris la décision de retirer la chaîne du bouquet proposé, ce qui revient à une fermeture de facto, car il ne lui reste que la diffusion sur internet. Il faudra encore régler la question de droit privé qui consiste à savoir si ces compagnies sont en droit de le faire, si elles ne sont pas en position de monopole et faussent ainsi la concurrence, etc. Mais il est intéressant de voir que les règles du marché et les intérêts commerciaux ont rejoint l'intérêt public.
 
Maintenant, d'autres questions se posent. Cette position risque de tenir lieu de précédent et quand une autre chaîne diffusera quelque chose qui peut choquer l'opinion publique, pourquoi alors ne pas l'interdire d'antenne? Il existe un risque réel de manipulation de la diffusion. S'il est effectivement important de contrôler le contenu de l'information diffusée, pour que celle-ci ne viole pas la législation en vigueur, la décision de retirer de la diffusion ou non une chaîne de TV devrait intervenir après décision de justice, ce qui permettrait au moins de garantir une défense et de donner le temps à la réflexion pour que les décisions ne se prennent pas à chaud. Mais il faut ici concilier la procédure avec les règles contractuelles posées par les contrats qui lient les diffuseurs et les chaînes, pour garantir les intérêts de chacun en cas de rupture du contrat et établir ce qui constitue la rupture de contrat. Simplement dire que ce qui est diffusé ne me plait pas ne peut être une cause juridique.
 
Par ailleurs, il ne faut pas non plus oublier le libre arbitre de chaque télespectateur. La télévision n'est pas un moyen d'éducation de masse, ou en tout cas ne devrait pas l'être, mais un divertissement, une source d'informations diverses et variées (enfin, devrait l'être aussi), un moyen d'initier à la culture. Chaque individu n'est pas enchaîné devant son poste, il peut changer de chaîne si un programme ne lui plait pas.
 
Si éducation il doit y avoir, c'est celle du libre arbitre. Sinon, nous retournons vers une forme de censure aléatoire, qui va affaiblir le consensus social. La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres, voici la substantifique moelle de ce consensus. Et si chacun est libre, totalement libre, en fin de compte, de faire ce qu'il entend, sa position est respectable lorsqu'il est également prêt à en assumer toutes les conséquences, dirait-on devant la Loi et les Hommes.

lundi 3 février 2014

Vers une alliance de l'opposition libérale en vue des élections locales?

Voir: http://izvestia.ru/news/565014

En semptembre se tiennent les élections législatives à la Douma de Moscou. A la différence des élections précédentes, il ne s'agira pas d'une élection de liste, mais nominale et le nombre de représentants a été augmenté de 35 à 45. Vues les nouvelles règles du jeu, l'opposition libérale tente un accord.
 
Cinq partis politiques, 3 partis enregistrés - Parnas, Iabloko et Grajdanskaya Platforma - avec 2 partis non enregistrés - Norodnyi allianc et le parti du 5 décembre - tentent de passer un accord pour les élections de septembre. L'idée n'est pas de se regrouper pour présenter un programme commun avec des candidats communs, ce qui aurait pu être efficace pour ne pas disperser l'électorat visé qui est déjà assez faible. Mais il s'agit d'une sorte de "pacte de non agression". En pratique, dans les arrondissements concernés, ils prévoient de ne pas présenter de candidats forts face à un autre candidat fort d'un parti "ami" pour ne pas le gêner.
 
Cette initiative soulève encore le scepticisme parmi les libéraux, notamment ceux qui préfèrent se présenter sans parti. Car effectivement, la perte d'électorat en cours de route est réelle. La personnalité d'un candidat est un élément important au moment du vote, mais de la à dire qu'il efface totalement le parti derrière lui, c'est un pas difficile à franchir.
 
Difficile, sauf à soutenir qu'il n'existe que des différences d'hommes et non d'idéologie entre ces partis. Dans ce cas, il serait plus simple et plus efficace de s'unir. Ou encore à soutenir que le parti politique n'est qu'une boîte vide au service du candidat. Ce qui soulignerait plutôt le caractère artificiel de ces partis.
 
Dans tous les cas, il s'agit clairement de "sacrifier" des candidats pour que d'autres puissent avoir une chance de gagner. Il va donc falloir trouver de futurs politiciens qui partent en campagne ... pour perdre. C'est une démarche quelle que peu étrange. On notera que, pour l'instant, Navalny (Narodnyi allianc) n'envisage pas sa candidature à la députation locale.