Publications

vendredi 18 avril 2014

De Poutine à Lavrov: l'inconnue est le prix de la victoire

Voir: http://www.gazeta.ru/politics/2014/04/17_a_5996289.shtml
http://izvestia.ru/news/569452
http://russian.rt.com/article/28230

Лавров-Керри, 17 апреля, Женева.

J. Kerry et S. Lavrov hier à Genève

Hier, deux évènements qui n'en font qu'un: la conférence de presse de V. Poutine ou sa discussion avec la "population" et la conférence de presse du ministre russe des affaires étrangères S. Lavrov. L'un à Moscou, l'autre à Genève. Les deux sur l'Ukraine officiellement, les deux sur la sortie du rapport de force entre la Russie et les Etats Unis.
 
Prenons dans l'ordre. Du général au particulier. La conférence de presse de V. Poutine s'est produite dans un format très particulier, elle ressemblait plus à un débat avec l'élite, qu'avec la population. La tension était palpable, l'ambiance très lourde et la gestuelle présidentielle le confirmait - notamment le gratouillage perpétuel de la main gauche. Quels secrets contenait-elle cette main pour y porter autant d'attention?
 
Le centre de toutes les attentions était la Crimée et l'Ukraine, les questions sociales et économiques furent traitées également à travers ce prisme. La phrase marquante a été prononcée par l'opposante I. Khakamada , figure politique des années 90: "Vous êtes le vainqueur". Au fait, juste à ce moment-là, il y a eu une interruption de la diffusion de Russia Today aux Etats Unis. Peu importe. Toute la presse russe, même libérale, même d'opposition, le reconnaît, l'affirme, et reprend son souffle.
 
Car tout au long de la conférence presse le même refrain est chanté: Nous sommes gentils, nous sommes ouverts, nous sommes européens, il faut nous aimer. Donc, les libéraux respirent, ils ne retournent pas en Union Soviétique. Plus sérieusement, il est vrai que le conflit ukrainien a provoqué des réactions nationalistes en Russie, qui pouvait conduire à une rupture sociale. La volonté de pénaliser les journalistes, la volonté de renforcer la haute trahison, ce clown de Jirinovsky paradant en militaire à la Douma. Toutes les tentatives de certains députés de radicaliser et fermer la liberté d'expression heureusement furent très largement désavouées et ne purent passer. Mais l'ambiance, le ton était donné. Le patriotisme combattant, et d'ailleurs jusque là gagnant. Mais toute chose a une fin et le patriotisme pour être profond et sincère n'est pas obligatoirement combattant. La Crimée et Sébastopole sont redevenus russes. L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe joue à la provocation avec la Russie, la délégation russe envisage la possibilité d'en sortir définitivement. Hier, V. Poutine a mis en terme à ces poussées dangereuses de repli sur soi.
 
Premièrement, il faut savoir s'arrêter. La Crimée était russe, elle l'a voulue unanimement, elle est rentrée à la maison. Mais l'Ukraine de l'Est est ukrainienne et le scénario ne se renouvellera pas, les circonstances sont trop différentes. Donc les va t'en guerre doivent se calmer et reprendre contact avec la réalité: la Russie ne veut pas récupérer l'Est de l'Ukraine, elle a besoin d'une zone tampon avec l'OTAN, elle a besoin d'une Ukraine dont tous les territoires ne soient pas anti-russes.
 
Deuxièmement, la Russie ne doit pas sortir des organismes internationaux, elle doit continuer le dialogue puisqu'elle est un acteur important sur la scène internationale. Même si la mode est la stigmatisation de la Russie, que ce soit au Conseil de l'Europe ou à l'UE. Pour la première fois, V. Poutine souligne l'impuissance des chefs d'Etats européens soumis à Bruxelles et à ses fonctionnaires, qui eux sont soumis à la volonté et aux intérêts du Département d'Etat. Autrement dit, l'Europe n'est pas l'UE, il faut faire avec, car il existe au sein de ces Etats des courants différents qui ne sont pas pour une vision néolibérale du monde et de la politique. La Russie a sa place comme symbole des valeurs traditionnelles dans une gouvernance moderne.
 
Bref, un discours de vainqueur? Peut être. Un discours de mise au point en tout cas. Surtout avec les élites nationales, un discours de réconciliation nationale. Maintenant il faut consolider, construire, affermir et aller de l'avant. Tous ensemble. C'est pourquoi les opposants à la réunification furent invités à s'exprimer, tout comme les médias critiques. Même quelques mots gentils à l'égard de la chaîne Dojd. Bref, on est une grande famille. L'euphorie de la première victoire est passée.
 
La main est tendue, c'est incontestable, mais sera-t-elle vraiment saisie? Qu'est-ce qui va changer pour que d'un coup d'un seul, quelque chose change à l'intérieur? Pour que l'élite d'opposition devienne constructivement critique?
 
Voici la première main tendue sur la scène intérieure. Une autre main a été tendue sur la scène internationale, à Genève. La Russie accepte les négociations avec des représentants des Etats Unis, de l'UE et de l'Ukaine, qui pourtant est venue sans aucun membre de l'Est dans ses rangs. Un accord étrange est conclu:
  • Renforcer le discours pacifique intérieure en Ukraine entre les différentes parties au conflit. Magnifique, mais pourquoi alors n'étaient-elles pas représentées et pourquoi la Russie qui insistait à ce point sur cet aspect ne l'a pas souligné?
  • Déposer les armes. Superbe! Mais cela risque de ne concerner que l'Est qui se défend contre l'armée, les forces spéciales et les unités du Secteur droit. Car si le Secteur droit n'est pas désarmé, si l'armée ne rentre pas dans ses baraques, autant demander aux gens de se suicider. Bref, qui va commencer?
  • Rendre les bâtiments occupés à leurs "propriétaires" légitimes. Evidemment! Cela ne concernera à nouveau plus que l'Est (à moins de réellement remettre en cause la légitimité du régime autoproclamé de Kiev avec la légitimité du peuple de Maïdan), qui doit donc reconnaître légitime l'arrestation de ses leaders, quitter la place sans aucune garantie.
  • En contre partie il doit y avoir une amnestie générale, sauf pour les personnes ayant commis des crimes graves. Aurait-on oublier que les militaires qui ont refusé de tirer sont qualifiés de traitre? Que les gens qui ont pris les bâtiments sont qualifiés de terroristes? Est-ce une reddition que la Russie vient de signer? Car comment interpréter ces dispositions, quand on sait que les anciens Berkut hospitalisés à Kiev ne sont ni nourris ni soignés?
  • Il faut nettoyer les rues et les places. On attend de voir à Maïdan :)
  • Et le tout doit être majestueusement garanti par l'OSCE dont on connaît l'efficacité, surtout en période de conflit. Ses membres sont plus doués pour financer des programmes visant à influencer les politiques intérieures, à user de soft power pour soutenir l'opposition et écrire de magnifiques projets de loi ou de Constitution, qu'à régler des conflits ouverts.
Bref, à quoi ressemble cet accord? Dans le meilleur des cas, à rien, car il est inapplicable. Dans le pire des cas, la Russie a négocié l'Est contre la Crimée. Dans tous les cas, c'est de la real politik. J. Kerry se souvient certes des droits des populations russophones, mais il ajoute également que si rien n'est fait rapidement, de nouvelles sanctions contre la Russie seront prononcées. A ce sujet, il se souvient de la population - russe de Russie - qui ne doit pas souffrir de ces sanctions, mais, bon, rien de personnel, c'est le jeu.
 
Et n'oublions pas la mise en scène. La tribune américaine devant les drapeaux, les autres délagations autour de la table, en gentils petits écoliers. C'est la guerre de la communication, certes, mais comme d'habitude, celle-ci la Russie l'a perdue.
 
Car voici aussi ce que l'on peut retenir de cette étrange journée d'hier:
  1. Poutine reconnait la présence des hommes en verts/soldats russes en Crimée et l'opposition de s'engouffrer dans la brèche en disant que du coup on ne peut plus rien croire de ce que V. Poutine raconte.
  2. En refusant de sortir des organismes internationaux, V. Poutine veut insister sur l'ancrage fondamentalement européen de la Russie, dont l'Occident pense-t-il ne peut faire l'impasse.
  3. En discutant à Genève avec les représentants de l'Ukraine, sans les représentants de l'Est, c'est une reconnaissance de facto du gouvernement en place.
  4. Quand J. Kerry dit refuser de traiter de la question de la Crimée, c'est une reconnaissance de facto du rattachement de la république à la Russie.
Victoire, oui la Crimée est russe. Mais tout cela ressemble à un jeu de dupes, chacun veut garder la face et fixer un avantage. Toute victoire a un prix et le sentiment est que c'est justement ce prix qui est entrain de se négocier.
     
 
 
 
 

jeudi 17 avril 2014

Le renseignement militaire UE contre l'OTAN? Les troupes russes ne sont pas responsables de la situation en Ukraine de l'Est

Voir: http://www.vedomosti.ru/politics/news/25422451/rasmussen-nato-prinyal-voennye-mery-v-otvet-na-krizis-na
http://iov75.livejournal.com/3031356.html




Juste un parallèle pour vous montrer à quel point le discours propagé par la coalition américano-européenne à l'encontre de la Russie en ce qui concerne le danger militaire qu'elle présente, son furieux désir intérieur d'expansion, est totalement décalé de la réalité, mais tente en revanche de recréer une réalité qui arrange et peut être ensuite négociable.
 
D'un côté, nous avons le chef du renseignement militaire de l'UE qui déclare que les troupes russes ne sont pas responsables de l'escalade de la situation en Ukraine de l'Est. Allant ainsi à l'encontre de la position largement diffusée par C. Ashton s'appuyant elle sur ses convictions.
 
D'un autre côté, nous avons le chef de l'OTAN, un Rasmussen sur le départ, donc qui ne risque pas d'avoir à assumer les conséquences de ses décisions, qui déclare urgent de renforcer les vols de contrôle dans les pays baltes - imaginez que la Russie veuille y aller refaire un tour -, qu'il faudrait même envoyer plus de bateaux dans la mer méditerranée et la mer baltique. Bref, tous aux armes, l'ours russe va débarquer chez vous violer vos femmes et vos enfants.
 
On pourrait peut-être aussi réactiver la Ligne Maginot, elle pourrait enfin servir à quelque chose?
 
En tout cas, toute cette hystérie médiatique et de communication a un sens et un seul. Gagner la guerre de communication pour capitaliser l'avantage ensuite sur le terrain. Pas très beau. Très dangereux. Mais comme d'habitude, ce ne sont pas ceux qui lancent les guerres qui portent les armes et défendent leurs terres.

mercredi 16 avril 2014

Repenser notre système de gouvernance: la démocratie ne se mondialise pas

Au-delà des mécanismes de mise en oeuvre, l'Idée de notre modèle de gouvernance repose sur le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple, seul moyen de légitimer l'existence de structures déléguées qui vont gouverner un espace donné.
 
Ce modèle, comme d'autres avant lui, repose sur l'acceptation du mythe de la participation décisionnelle du peuple, une abstraction pourtant bien réelle, lorsqu'elle prend corps dans la rue. Tant que son accord est en gros et en général obtenu, tant qu'il ne se manifeste qu'à intervalles réguliers et prévus dans les urnes, son existence reste très abstraite pour la classe dirigeante, qui, par là même, tend à en oublier toute la substance.
 
Car le "peuple", c'est-à-dire les gens, vos voisins et leurs voisins, ceux que vous connaissez, ceux que vous imaginez et ceux qui ne vous intéressent pas, restent à s'occuper de leurs affaires, qui n'ont rien à voir avec la politique, lorsque globalement la politique menée satisfait ou ne dérange pas la majorité. Dans ce cas, la démocratie fonctionne, car la population ne fait pas de politique. C'est un des paradoxes de notre système.
 
Mais ce système ne peut fonctionner que dans le cadre d'espaces restreints. Un Etat. Les gens doivent avoir ce sentiment d'appartenance à un groupe, ce qui participe à leur processus d'identification et renforce en retour le groupe lui-même, construisant des liens spécifiques avec le temps, ce que l'on appelle l'histoire d'un peuple, sa culture, bref ce qui constitue la Nation, ce concept ô combien décrié. Pourtant, seul concept qui permette de légitimer avec certitude dans le temps un Etat dans ses frontières. Seul concept qui permette de légitimer la force, l'indépendance donc la souveraineté d'un Etat.
 
A partir de là, il est important de soulever certaines questions.
 
1. Pourquoi la démocratie ne peut-elle fonctionner que dans le cadre d'une structure limitée?
Comme nous l'avons rappelé, pour qu'il y ait démocratie, il faut réunir plusieurs aspects, sans prétendre à l'exhaustivité: que le pouvoir détenu par les dirigeants soit le pendant d'une responsabilité politique de ces mêmes dirigeants, que cette responsabilité politique soit exprimée par la population lors de processus électoraux directs, que les dirigeants garantissent le pacte social qui retrace les aspirations et les valeurs de la majorité et non de la minorité. Plus la structure est grande et plus les liens entre pouvoir et responsabilité seront distendus, plus la détermination du pacte social sera obtenue par un nombre grandissant de compromis qui lui feront perdre toute clarté, plus les échelons de pouvoir seront nombreux et donc le lien entre la population et les dirigeants abstrait. C'est tout l'enjeu de l'Etat-Nation, cet anachronisme dans un monde en perpétuelle recherche de post-modernisme.
 
2. Pourquoi la démocratie ne s'exporte pas?
Si ce modèle démocratique de gouvernance n'est pas qu'un ensemble formel de mécanismes, une sorte de recette de cuisine, mais comporte également des valeurs, il ne peut être que le résultat d'une évolution spécifique à chaque société, à chaque Etat. Il est possible d'exporter des mécanismes, mais il est impossible de garantir leur réception réelle dans le système de destination. Sans même parler de leur effectivité et des risques d'affaiblir en fait le système de réception dans son ensemble. Ainsi, l'exception américaine, son expansionnisme juridique et politique est en soi un non sens. Il est un non sens si le but est réellement d'exporter la démocratie, en revanche il ne l'est pas du tout s'il n'agit d'élargir la zone de domination, le droit et la politique générale déterminant l'appartenance. Sans oublier qu'un Etat est destabilisé par les importations politiques massives, il ne les digère pas. Il peut alors être très gentillement qualifié d'Etat en transition, état qui peut durer longtemps, très longtemps, et tout ce temps il se trouve mis sous "tutelle". Mais ces processus d'élargissement de puissance sous label "démocratie" ne peuvent fonctionner qu'avec l'assentiment généralisé de la communauté internationale et la discréditation des "non-alignés", car non seulement la concurrence ne peut être acceptée, et elle doit alors être présentée comme une volonté de remise en cause du modèle démocratique, mais le voile ne peut être levé sans porter atteinte aux intérêts réels en jeu. C'est le paradoxe des Etats Unis.
 
3. Pourquoi le développement de structures décisionnelles supra-nationales entraîne-t-elle obligatoirement un déficit démocratique?
Si chacun est maître en sa maison, il faut avoir une très forte légitimité pour gouverner dans la maison d'un autre, d'un voisin ou même d'un cousin très éloigné, ou bien jouer au pompier-pyromane. Or, le système des organismes surpa-nationaux tire sa légitimité de celle de ses membres, donc des Etats qui le composent, ils l'aspirent et s'en nourrissent. Pour autant, le renforcement de leur position, de leurs compétences et  autorité passe par l'affaiblissement des Etats qui les composent: la souveraineté nationale reste un frein insupportable à la gouvernance internationale. A terme, il faut trouver cet équilibre précaire entre l'affaiblissement des composantes qui permettra le renforcement de la structure, sans conduire à son affaiblissement corrélatif. Car à ce moment, la structure doit alors développer des mécanismes propres de légitimation, entrant donc en conflit avec ses composantes. Ce qui ne lui sera favorable que si celles-ci sont suffisamment affaiblies, mais encore assez "vivantes" pour signer leur reddition. C'est le paradoxe de l'UE.
 
Notre modèle de gouvernance aujourd'hui repose donc sur la cumulation de tous ces paradoxes et difficultés, nage en eaux troubles au milieu de montagnes d'hypocrisie et s'éloigne de plus en plus dangereusement des aspirations des populations. Les réponses apportées consistent le plus souvent en une politique d'austérité qui réduit l'Etat au minimum ne lui permettant plus de jouer son rôle à l'intérieur de ses frontières, les populations sont acculées à des baisses de revenus et à une insécurité réelle quant à l'avenir, les voix qui s'élèvent sont discréditées. Et les Etats ne peuvent plus faire autrement que discréditer ces voix qui s'élèvent à l'intérieur, car sinon tout le chateau de cartes s'écroule. Ils devraient montrer qu'ils ne décident plus de leur politique intérieure, mais que la détermination des politiques nationales se fait à l'intérieure de structures qui ne sont pas confrontées à la responsabilité politique devant les population qu'elles gouvernent réellement, que ces mêmes structures dépendent également d'acteurs internationaux qui les dépasse et vont influencer leur choix (voir par exemple la montée bien à propos des agences de notation ces dernières années, qui retranscrivent sur le plan financier le bon ton politique). Il faudrait également reconnaître que tout Etat n'a plus le droit à son indépendance et à sa souverainté, seulement certains ayant le privilège de la défense de ses intérêts nationaux, essentiellement les Etats Unis en fait. Donc, il ne peut y avoir de place pour la Russie.
 
Et si l'on analyse la situation ukrainienne à travers ce paradigme, on comprend mieux ce qui se passe. L'Ukraine a fait le choix de la non existence politique propre. Fut un temps où elle s'en remettait à la Russie, elle s'en est ensuite remise à l'UE - sans grande efficacité - donc elle est sous gouvernance américaine. Elle doit donc faire taire les voix qui s'y opposent, elle n'a pas le choix: les politiciens ukrainiens ne vont pas affirmer, comme leurs homologues européens par ailleurs, qu'ils ne vont pas défendre les intérêts de leur pays, qu'ils vont même aller à leur encontre. L'UE ne peut que soutenir les nouveaux gouvernants européens, car elle s'est tournée vers les Etats Unis, sa capacité décisionnelle est au plus bas et ses Etats membres sont au bord de la perte de souveraineté sans qu'un mécanisme de remplacement n'ait été mis en place. Elle est donc pied et poing liée. Or les Etats Unis ne peuvent laisser la Russie terminer ce conflit sur une victoire. On ne peut s'arrêter sur la Crimée, ils ont besoin d'une victoire à n'importe quel prix. D'autant plus que l'Ukraine est loin et que même en cas d'explosion ce sera à l'UE d'assumer à ses frontières et qu'au passage cela permet de faire jouer des sanctions économiques qui affaibliront le marché européen en retour, ce qui tomber bien au moment du grans traité transatlantique, pour complètement se défaire d'un autre risque de concurrence.
 
Bref, l'Ukraine est au contre de toutes les attentions car les masques ne peuvent tomber sans emporter avec eux l'échec et l'illusion de notre modèle actuel de gouvernance.
 
 
 
 
 

mardi 15 avril 2014

L'impasse ukrainienne: comment sortir de la crise?

Voir: http://itar-tass.com/mezhdunarodnaya-panorama/1121167
http://itar-tass.com/mezhdunarodnaya-panorama/1121205
http://www.gazeta.ru/politics/2014/04/15_a_5993289.shtml
http://www.kp.ru/daily/26219.5/3102827/
http://itar-tass.com/politika/1111982
http://www.vesti.ru/doc.html?id=1478898
http://ria.ru/world/20140414/1003907371.html

Президент США Барак Обама


La situation en Ukraine est dans une impasse. Pour les pays européens, qui ne peuvent se permettre d'appliquer les sanctions qu'ils adoptent. Pour les Etats Unis, qui poussent l'Ukraine dans une guerre contre son peuple, donc une guerre qu'elle ne peut que perdre. Pour la Russie, qui se voit entra$iner dans une guerre économique dont elle se passerait bien. Mais surtout, si l'on s'en souvient encore, pour l'Ukraine elle-même, dont les dirigeants commencent à être mis à mal par un retour de manifestation à Maïdan, de gens qui ne veulent pas d'un suicide collectif, de gens qui veulent simplement vivre mieux, en tout cas le voulait.
 
Les méthodes post-modernes de gestion des conflits montrent leur limites. Quand la situation dérape pour un groupe au pouvoir, il veut recourir aux forces armées, donc à la force pour rétablir la situation. Et c'est ce que fait le nouveau pouvoir à Kiev contre la révolte des populations dans l'Est et le Sud. Il envoie des chars contre des gens qui veulent être respectés dans leur pays, l'Ukraine, quelle que soit leur appartenance ethnique, leur langue. Pour cela ils demandent un referendum permettant la modification de la Constitution pour y instituer une fédération ukrainienne, donnant la possibilité à ses composantes de garantir ses droits et de gérer son développement économique, donc son budget. Pour cela ils prennent les bâtiments officiels, ayant ainsi un moyen de pression sur un pouvoir qu'ils ne considèrent pas comme légitime ni légal. Pour cela, ils sont qualifiés de dangereux terroristes qu'il faut liquider. Bref, contre une population à bout de nerfs, dans un pays au bord du crash économique, du défaut de paiement, le nouveau pouvoir n'est occupé que de lui-même et de ses nouveaux oligarques qui ont pris la place des anciens. Ce contre quoi combattait Maïdan dans les premiers jours, ceux du soulèvement populaire non professionnalisé, non récupéré, non radicalisé.
 
Mais les radicaux ont pris le pouvoir, les mesures sociales consistent en une politique d'austérité extrême pour satisfaire les conditions du FMI et de l'UE afin qu'ils puissent envisager une forme d'aide à l'économie ukrainienne. Le plus important étant évidemment la lustration de la justice, la réduction de l'Etat, dans ce contexte de falled state. La révolution s'enlise, les réformes n'arrivent pas, les élections seront quasiement impossibles à organiser en mai, le pouvoir devient contesté ouvertement par la population, quelle que soit la région, car les gens n'ont plus d'argent, la hausse des prix est effarante et les revenus fondent. Donc le pouvoir révolutionnaire ne peut acquérir cette légitimité qui fait oublier le coup d'Etat. Si les tanfs sont envoyés dans l'Est, ils ne pourront patrouiller dans Kiev, quand les ukrainiens feront leur révolution sociale, quand ils n'auront plus rien à perdre. En attendant, les candidats d'opposition, de l'Est, sont battus par les radicaux à Kiev même. Est-ce pour cela qu'il fallait détruire le pays?
 
D'autant plus que l'attitude de l'Europe est on ne peut plus ridicule. Elle adopte des sanctions contre les dirigeants russes, mais sur invitation de l'UNESCO toute la délégation russe, composée essentiellement de personnalités soumises à sanction, le président de la Douma en tête, ont pu sans problèmes traverser la frontière et séjourner à Paris. Explication: ce n'était pas une visite officielle, mais une visite de travail dans le cadre d'une accord culturel. Pour autant, toujours à la suite des Etats Unis, de nouvelles personnalités pourraient être soumises à sanction à partir de jeudi. On parle notamment de Setchine, qui dirige Rosneft, mais tout va bien: après consultation de la compagnie américaine ExxonMobile ces sanctions n'empêcheront pas la compagnie russe de fonctionner, ce qui est quand même fondamental pour le business et leur coopération.
 
Pourtant, rappelons-le, il existe aussi l'Ukraine, son économie, son impossibilité à payer son gaz et pourtant ses besoins énergétiques qui sont là, qui peuvent avoir, comme déjà par le passé, un impact plus que désagréable pour certains pays européens, notamment la France. En ce sens, V. Poutine a envoyé une lettre personnalisée aux 18 chefs d'Etats concernés par le transit du gaz en Ukraine, leur proposant de se réunir pour trouver une solution à la crise économique en Ukraine, rappelant également que la Russie, ces dernières années, a déjà subventionner l'économie ukrainienne pour plus de 35 milliards de dollars. Et, surprise, une réponse arrive. Des Etats Unis. A qui la lettre n'a pas été adressée, puisque la Russie ne lui livre pas de gaz par l'intermédiaire de l'Ukraine, donc qui ne rique rien en matière d'approvisionnement énergétique. C'est pourquoi d'ailleurs ils répondent virulemment à la Russie d'arrêter son chantage énergétique. Et pour continuer dans le théatre de l'absurde, en Conseil des ministres, le lendemain, V. Poutine plaisante en soulignant que même s'ils en ont l'habitude, il n'est pas bien de lire de courrier des autres. ce qui provoque également une réponse officielle du Département d'Etat, dont manifestement le niveau de compétence est en chute libre. Bref, les Etats européens, pour confirmer la valeur de leur courage politique ont peur d'entrer en discussion directe avec la Russie et, comme l'affirme C. Ashton, qui n'était pas non plus concernée, c'est la Commission européenne qui reprend les rènes et va réfléchier à formuler une réponse commune à la Russie. Pour l'instant, la Commission continue à réfléchir ...
 
Donc, quand la Russie suit les contrats qu'elle a signé en 2009, qui sont valables jusqu'en 2020, avec l'Ukraine, contrats pour lesquels Timoshenko avait été accusée d'avoir outrepassé ses fonctions et porté atteinte aux intérêts du pays, accusations qui viennent justement d'être levée par la jsutice ukrainienne car politiques - donc tout va bien- la Russie exerce donc une pression intolérable. Quand les Etats Unis envoient en voyage secret, sous un faux passeport, le directeur de la CIA à Kiev, que tout à coup Turchinov décide de faire la guerre à son propre peuple, ça se qualifie comment?
 
La crise en Ukraine prendra fin quand les politiques ukrainiens s'occuperont enfin des intérêts de leur pays, et le temps est compté avant que la population ne se lasse vraiment.

lundi 14 avril 2014

Renforcement de la protection des PME russes contre les abus de pouvoir

Voir: http://www.ng.ru/politics/2014-04-14/3_minust.html

Минюст вступился за малый бизнес
 
Il est communément admis que la pratique détournée des contrôles inopinés sur les PME constitue un macanisme de pression sur le business, un moyen de renforcer la corruption au niveau local et dégrade l'image du pays, donc les possibilités d'investissement.
 
Si dans la théorie, les organes compétents ne peuvent qu'au maximum une fois par an contrôler inopinément une entreprise, après avoir eu connaissance d'une infraction possible, et avec autorisation de la Procuratura, en pratique les formalités ne sont pas toujours respectées. Dans certaines régions, en fonction du degrè de corruption des pouvoirs locaux et des conflits d'intérêts, certaines entreprises peuvent voir tout à coup débarquer dans leurs locaux différents organes contrôler les normes anti-incendie, la protection de l'environnement, le fisc etc.
 
Si un contrôle du business est important, tout autant pour ce même business, qui n'a pas besoin d'escrocs dans ses rangs, que pour l'Etat, son effectivité dépend de son indépendance. Autrement dit, le contrôle ne doit pas être un instrument au service des intérêts contradictoires locaux, de groupes de pression, de structures corrompues. Dans ce cas, et l'Etat et le business en paient le prix.
 
En ce sens, le ministère de la justice veut introduire un projet de loi qui va renforcer la responsabilité non seulement des personnes morales qui conduisent ces contrôles en cas de violation de procédure ou d'absence de fondement, mais également envisage la possibilité d'une responsabilité individuelle des personnes qui y sont liées, pouvant conduire non seulement à une amende, mais également à une suspension des fonctions.