La folie législative s'empare de la Douma où certains députés semblent confondre patriotisme et populisme. Bref: les étrangers ne devront pas être trop critiques envers la Russie s'ils veulent pouvoir y travailler. Compris? Tous à vos gommes.
Entre mauvais goût et incompétence, mon cœur balance. Un député de Rodina (Patrie) propose d'élargir les fondements de refus d'entrée sur le territoire de la Fédération de Russie. Jusqu'à présent, ils étaient formels, comme partout: violation de la législation sur l'entrée, la sortie et la résidence des étrangers essentiellement.
S'arrêter à cela ne semble pas suffisant pour ce député un peu trop zélé. Et pour preuve, les milieux médiatiques sont sous le choc: la chaîne privée NTV vient d'embaucher un journaliste ukrainien qui se prononçait, il y a encore très peu, assez vertement contre la Russie et soutenait le nouveau régime ukrainien.
Donc, pour protéger l'espace médiatique et la tranquillité d'esprit du bon peuple, il faut pouvoir bloquer à la frontière les gens qui critiquent faussement, sans fondement, mentent etc à l'égard de la Russie. Je me demande comment la vérification sera faite. Qui aura-t-on ou non le droit de critiquer? et comment? dans quelle langue? Car il s'agit bien de mettre pour cela en place un monitoring de l'expression de certaines personnes (toutes me semble impossible) pour voir ce qu'elles racontent notamment sur les réseaux sociaux.
Bref. NTV est une compagnie privée. Elle a le droit si elle le veut d'embaucher quelqu'un qui déteste la Russie. Commercialement, ça se discute, surtout quand une large majorité de la population verse plutôt dans le patriotisme. Mais c'est son choix. Elle a le droit de salir sa réputation, c'est son choix. Elle a le droit de vouloir avoir des pertes. C'est stupide, mais c'est son choix. Et c'est une compagnie privée, qui n'enfreint aucune loi en embauchant une personne qui n'a elle-même enfreint aucune loi.
Et tant que ce journaliste n'enfreint pas la législation russe, chacun a le choix de regarder une autre chaîne. Mais que viennent faire ici les députés avec un patriotisme bon marché, qui a du mal à couvrir incompétence et mauvais goût. Comme si la loi pouvait parer à toute dérive. La répression ne règle pas tous les règles et parfois il est même plus utile de s'occuper des causes.
En parlant de patriotisme, pourquoi ne pas s'occuper d'un petit monitoring des députés eux-mêmes et de leur famille. Ecole des enfants, page Facebook par exemple. A ce sujet, serait-il possible d'adopter une loi interdisant aux députés de tomber dans le kitsch, car certains abusent quand même... Bref, si l'on parle de patriotisme, il vaut mieux commencer par soi même et ne pas se cacher derrière un texte gonflé de populisme qui risque de coûter politiquement beaucoup plus cher que ce qu'il ne rapporte.
Aller, silence! Ca suffit pour aujourd'hui.
En France nul besoin d'un député pour faire pire. Tout opposant est simplement hors course d'emblée, un mot de travers et ils sont virés, ce qui explique très bien l'absence totale de "contradiction" envers les idées du pouvoir sur nos merdias TV et radios. Quant aux journaux ils sont tellement subventionnés qu'ils ne peuvent se permettre la moindre allusion, donc nous n'avons surtout pas de leçons à donner à qui que ce soit.
RépondreSupprimerEvidemment; mais les erreurs des uns n'excusent pas celles des autres.
SupprimerLes politiques Russes ont encore à apprendre de l'Occident en matière de "soft power" ...
RépondreSupprimerLes politiques Européen ont beaucoup à apprendre sur le patriotisme avec des anciens exilés Russes en Occident revenu à la mère Patrie comme Alexandre Zinoviev et Alexandre Soljenitsyne pour ne citer qu'eux.
Je pense que le concept de "liberté de la presse" que vous développez relativement à NTV doit être revisitée sérieusement.
RépondreSupprimerLe principe "d'acteur agissant pour optimiser" ne tient pas avec la presse.
En France, il y a de cela plus de dix ans, des journaux ont été rachetés par de grandes fortunes qui garantissaient qu'ils n'interviendraient jamais dans la ligne éditoriale (j'ai en mémoire le rachat de Libération, par un baron).
Je me rappelle que je m'étais posé la question à l'époque de leur motivation pour investir dans quelque chose à perte.
Et en fait, on s'aperçoit qu'ils avaient une idée sur du long terme et bien évidemment qu'ils sont intervenus dans des choix stratégiques pour réorienter petit à petit et insensiblement la façon d'informer.
Alors pour NTV, il faudrait faire attention qu'ils n'aient pas "une subvention extérieure ou de la cinquième colonne" d'une manière ou d'une autre pour faire un travail de sape.
La vigilance est de mise, et la "liberté d'expression", à laquelle nous sommes très attachés, est manipulée.
Le n'importe quoi est maintenant la règle comme cela est apparu de façon évidente en France avec le problème en Ukraine.
Bonjour,
RépondreSupprimerUn article intéressant de Renaud Meltz, "Lorsque le Quai d'Orsay dictait des artciles : la fabrication de l'opinion publique dans l'entre-deux-guerres" explique comment la diplomatie intervient dans des pays étrangers pour souffler des articles en vue de favoriser une opinion positive auprés du peuple (mais elle n'envoi pas d'agents ; dans la pratique elle achète des journalistes qui publieront en leur nom des articles "soufflés"). Le "soft power" est de plus en plus de mise et nous sommes aujourd'hui dans une véritable "guerre de l'information " dont aucun pays ne réchappe.
Cette proposition de lois est ridicule, espérons qu'elle ne passeras pas. Celle de Porochenko concernant les films russe l'est tout autant.
Imaginons 5 minutes s'il avait été question, dans un pays zone géographique europe, de l'interdiction de films américains qui fait de leurs soldats des héros défenseurs de la justice (non non les américains ne sont pas friands de ce genre de court métrage voyons...), bonjour comme nos journalistes se sauraient tous mis à papillonner et à s'indigner en nous parlant des grandes valeurs "démocratiques" à défendre !
Elena