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jeudi 1 octobre 2015

Syrie: l'attaque des positions de l'Etat islamique par la Russie dérange l'Occident


Aux premières réactions, parfois caricaturales, il est évident que les frappes aériennes russes en Syrie, sur demande du Gouvernement syrien, ont fait mouche. Dans tous les sens du terme. Politiquement et militairement.



L'arrivée d'un nouvel acteur sur le terrain de la lutte contre le terrorisme dérange. La coalition américaine avait l'exclusivité et il était inconcevable qu'il puisse en être autrement. Hors d'une action concertée avec les Etats Unis. Hors de leur bénédiction.

Lorsque hier, le ministre russe des affaires étrangères annonce au Conseil de sécurité de l'ONU, que la Russie préside maintenant, que le Conseil de la Fédération a donné son accord pour une intervention militaire en Syrie contre l'Etat islamique, étrangement, les américains et les européens ne sautent pas de joie.

Car ils ne veulent pas prendre le risque de soutenir le régime syrien. Ils veulent le faire tomber. Et le but de la lutte annoncée contre l'état islamique est dirigée contre Assad. Donc l'intervention russe perturbe les plans. Et ne permet pas un autre sénario libyen. Malgré les efforts médiatico-politiques pour mettre sur le même pied Assad et l'Etat islamique.

Cela semble plutôt leur compliquer la tâche. Et pour cause, ils refusent d'adopter une résolution prévoyant l'adoption de sanctions contre l'Etat islamique, ce qui permettrait de bloquer le financement et le soutien obtenu par cette organisation. Etrangement aussi, les membres du Conseil de sécurité ne se dépêchent pas pour mettre cette organisation sur la liste des organisations terroristes. 

Alors forcément, lorsque la Russie bombarde les positions de l'Etat islamique, en appuie des opérations au sol du Gouvernement légitime syrien, la machine médiatique se met en marche. Et l'on apprend très vite qu'il y a des victimes civiles. Il s'agit bien ici de victimes civiles et non des "dégâts collatéraux" causés par la coalition démocratique occidentale. Apprécions la différence.

Mais l'on apprécie également la célérité avec laquelle l'information est lancée et répercutée. Et pour cause, elle intervient 1 minute après que l'opération ait été lancée. Incroyable. Et elle est immédiatement reprise par l'ONU. L'ONU qui avoue, tout de même, ne pas pouvoir confirmer ces dires, car il ne se fonde que sur les médias et les ONG.

Et la source, identifiée, est d'une fiabilité indéfectible. Il s'agit de la fameuse ONG composée d'une seule personne, vivant à Londres, ce Centre syrien de surveillance des droits de l'homme tenu, dirigé, fondé et composé de ... Ossama Suleiman. Qui est parti vivre en Angleterre en 2000 suite à ses activités d'opposition. Qui a ouvert un magasin de vente de vêtements. Et a obtenu la nationalité britanique.

Et immédiatment, il transmet l'information de la mort d'une trentaine de civils suite aux frappes russes. Information reprise par l'agence américaine d'information Reuters, par le site d'information russe RBK etc. Des vidéos circulent sur Youtube. Tout est très vite organisé.


Or, ces informations sont démenties par la Russie. Le ministère de la défense publie les vidéos tournées par les drones qui survolent la zone de combat. Vidéo ici.

Tout d'abord, les frappes aériennes russes n'ont pas touché la région de Homs, contrairement aux frappes de la coalition occidentale. 


L'aviation russe a effectué une vingtaine de vols et touché les huit cibles de l'Etat islamique qui contiennent des réserves d'armes, du matériel militaire, de l'essence etc. Mais les frappes ont eu lieu en zone motagneuse, loin des zones d'habitation.

En intervenant sur le terrain, même "sur invitation", la Russie a mis, dans les faits, fin à la possibilité même d'un monde unipolaire, américano-centré, comme il s'est imposé après la chute de l'Union soviétique. Et ce renversement de situation va provoquer une réaction à la mesure.

Tout d'abord, la guerre de l'information va fonctionner à plein régime. Car les Etats Unis ne peuvent pas se permettre de laisser passer le message d'une réussite militaire qu'ils ne contrôlent pas. Et déjà Kerry d'affirmer hier qu'une coalition militaire avec Assad ne peut fonctionner, que la solution ne peut être que politique et contre Assad avec l'opposition. C'est ce que nous avons vu lorsque les Etats Unis ont armé "l'opposition démocratique". Avec les résultats que l'on voit, l'Etat islamique. 

Ensuite, les positions européennes vont continuer à se raidir. Evidemment, car cela leur est "demandé". Mais également presque naturellement: lorsque vous renoncez à vous même, il est insupportable de voir réussir quelqu'un d'indépendant.

Autrement dit, le conflit est passé à un autre stade. La Russie a démontré qu'elle s'est libérée des démons du passé, notamment de l'Afganistan. Elle assume pleinement son statut de puissance internationale, et non régionale.

PS: L'on voit ici la différence entre la situation lorsqu'il est affirmé que l'armée russe intervient, en Ukraine par exemple, et lorsque l'armée russe intervient réellement, comme en Syrie.

PPS: D'autres réunions en Kerry et Lavrov ont lieu à New York. Donc le combat continue également sur le plan diplomatique. 

4 commentaires:

  1. Les médias, ONG, et autres organisations de propagande peuvent toujours mettre en route la mécanique de la désinformation. Qui en a cure désormais? Elles se sont totalement décrédibilisées au point qu'il suffit de traduire toute information qui en émane pas son contraire pour toucher du doigt la véritable info...

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  2. Stupéfiante l'aviation russe ! Elle fait déjà des victimes avant même de décoller.

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    1. Lire à ce sujet ce blog :

      http://stratediplo.blogspot.fr/2015/10/intoxication-de-lonu-au-nom-de_1.html

      Qui explique l'origine de cette propagande relayée par l'ONU.

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  3. Les opérations menées par la Russie seront certainement beaucoup plus efficaces que celles opérées par les Américains et les Européens, ne serait-ce parce que les rouages militaires Russes sont probablement moins infiltrés. Certains n'aiment pas l'efficacité.

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