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lundi 5 octobre 2015

Syrie: les Etats Unis cherchent à sauver la face


Alors que les frappes russes semblent permettre, après moins d'une semaine, de faire significativement reculer les différents groupes terroristes en Syrie, les européens et les américains sont plus inquiets que jamais. Leur peur panique est non seulement de renforcer l'étaticité en Syrie, mais de ne pas obtenir à n'importe quel prix le départ de Bachar El- Assad.


La position russe est très simple, elle frappe les terroristes. Ne faisant, malheureusement pour les Etats Unis, pas de différence entre les "modérés", financés et formés par les américains, et les "radicaux", qui sont plus ou moins sortis de leur zone contrôle. 

Et l'aviation russe frappe, comme cela est très bien détaillé en français ici. Voir, par exemple ce reportage en anglais présentant la base militaire russe de Lattaquié:

Et voici ce qui reste du camp d'entrainement des forces armées terroristes après les bombardements russes:


Et même la presse allemande réagit positivement, insistant sur le fait que les frappes russes ont des chances, en quelques jours, d'être plus efficaces que les frappes de la "coalition américaine" depuis un an.

La presse américaine, pour sa part, commence à faire les comptes. Foreign Policy a parfaitement compris les paroles de V. Poutine qui ne cesse d'insister sur le fait que la Russie n'intervient pas pour soutenir Assad, son soutien n'est pas personnalisé. La Russie intervient pour soutenir l'état syrien, ensuite ce sera au peuple à décider. Ce avec quoi Assad est totalement d'accord. Pour la Russie, les enjeux dépassent largement la Syrie en elle-même, puisque si elle sort de cette manière sur la scène internationale, c'est pour y assurer sa place. Ce que Foreign Policy résume parfaitement:
"They don’t care whether Assad stays or not. They want to secure their interests, and they want to keep access to the Mediterranean for sure"
Mais la presse américaine, la presse quotidienne commence à soulever la question de la politique américaine de formation, armement et soutient de l'opposition dite "modérée" dans le moyen Orient. Car peut-on réellement considérer comme "modéré" un homme armé qui tire? Pour Lavrov, non. Pour lui un terroriste est un homme qui ressemble à un terroriste et se comporte comme un terroriste et se bat comme un terroriste. Dans ce cas, il tombe dans la catégorie des "terroristes" contre lesquels l'aviation russe se bat en soutien à la Syrie. Et cela porte ses fruits, l'armée syrienne gouvernementale avance et fait ainsi reculer au sol les terroristes des différents groupuscules.

Et le Wall Street Journal de rappeler que ce sont ces "modérés", justement, que les Etats Unis ont armés et formés pour lutter contre le régime de Bashar Al-Assad. Et la Russie accuse les Etats Unis de ne pas lutter contre Daesh, mais en réalité contre Assad. Cette politique est par ailleurs un échec, ce qu'affirmait déjà le sénateur américain MacCain, mais pour autant il accuse le Russie de bombarder les "modérés" armés et financés par la CIA. Autrement dit, même aujourd'hui, le but réel de la campagne de la coalition américaine est bien de faire tomber Assad pour mettre en place cette opposition "modérée", armée et combattante.

Pour autant, lorsqu'un groupe d'individus prend les armes et se bat contre son pays, son Gouvernement et sa population, il n'est plus dans l'opposition politique, mais dans le combat armé. Il est donc terroriste.

Position russe, qui n'est pas partagée par le Président français. Dans un maginifique article digne de la propagande de bas-étage, le JDD rapporte la parole présidentielle en parlant du Président russe:
"Non, pour l'instant, ce n'est pas notre allié, il est l'allié de Bachar El-Assad"
Au moins, la France a choisi son camp. Même si des bruits de victimes civiles commencent à courir suite aux bombardements français de camps d'entraînement en Syrie. Peu importe que le combat contre les terroristes avance grâce à la Russie. Puisque c'est la Russie, il ne peut être question de la soutenir. Il valait mieux soutenir l'initiative américaine de mettre en place un zone interdite de survole en Syrie, ce qui, comme l'écrit le Financial Times, aurait permis de gêner l'armée de Assad. Ce plan a échoué suite à l'intervention russe. Donc effectivement, la France ne peut considérer V. Poutine comme un allié.

Mais contrairement à la France, qui s'est privée de politique étrangère, les Etats Unis s'adaptent en fonction de la situation pour ne pas perdre la face. Et devant l'avancée particulièrement rapide de l'aviation russe et de l'armée syrienne contre Daesh et les différents groupes terroristes, le téléphone rouge fonctionne à plein régime, comme l'écrit Politico. Une issue doit être trouvée et peut être même une coordination des opérations. Mais la position américaine est complexe, toujours à deux étages. Car parallèlement à la recherche d'un compromis qui ne soit pas humiliant, le Président Obama accuse la Russie d'aider l'Etat islamique en bombardant également les terroristes "modérés", car ils ne pourront pas lutter contre Daesh. Comme si ils le faisaient jusque-là ... En revanche, les Etats Unis perdent leurs "alliés contre Assad" sur le terrain, car déjà plus de 3000 membres de différents groupes terroristes comme l'Etat islamique, le Front al-Nosra et Deich al-Yarmouk  se sont sauvés en Jordanie devant l'arrivée de l'armée régulière et l'annonce des frappes russes.

Si la France ne réoriente pas sa politique étrangère, comme l'Allemagne est en train de la faire, elle finira par se discréditer totalement.


5 commentaires:

  1. Pauvre France ! Déjà totalement discréditée. Et ces terroristes extrémistes qui fuient vers les pays avoisinants, vers l'Europe...ont de quoi inquiéter. Beaucoup de wahhabites déjà sur le territoire de la France ( ceux dont les femmes sont très très voilées que l'on voit un peu partout), conséquence de l'alliance de la France avec l'Arabie Saoudite. Et oui, pour la France, s'allier avec l'Arabie Saoudite c'est bien alors qu'avec la Russie c'est mal. Allez comprendre ! Et maintenant les frères musulmans qui fuient les combats et qui arrivent en Europe et en France. Dixit Fabius : "Al-Nostra fait du bon boulot en Syrie".

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    1. Avez-vous entendu ceci : on va licencier des salariés d'Air France et comme ce ne sera pas suffisant, alors nous demanderons au Qatar d'être actionnaire !
      Peu importe d'où vient l'argent, pourvu qu'il y ait l'ivresse !

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  2. L'empereur Oumpapa est au tapis...
    L'arbitre compte 1... 2... 3...
    Le Tsar Vlad est toujours en garde prêt à renvoyer son adversaire au tapis.
    Le Porc Henko est toujours dans les vestiaires du parc des princes et n'a toujours pas repris connaissance.
    L'entraineur Sale man bien saoul est effondré.
    Le sponsor Ta mine patibulaire ben hamal au portefeuille change ses paris.
    Tout va bien !!! Vive la Grande Russie !!!

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  3. Comment voit-on la position de la Turquie depuis Moscou ?
    Car on a l'impression qu'elle joue un rôle dans les forces américano-européennes assez trouble. L'éradication des Kurdes étant le vrai but semble-t-il de son implication et ses bombardements ne visant pas spécialement l'EI.
    Avez-vous des échos? En parle-t-on en Russie ? D'autant que les républiques d'Asie centrale ex-soviétiques sont pour la plupart turcophones.
    Si vous aviez des idées là dessus se serait bien de nous en faire part.

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  4. Fabius disait «  al nostra fait du bon boulot sur le terrain »
    Cette phrase restera le marqueur révélateur des pratiques de barbouzerie , d'ingérences et de sous traitance de la guerre de "l'occident civilisé" au Moyen Orient
    Les gens pensent que Poutine a fait et fait encore du bon boulot en Syrie, qu'il a aussi impulsé une politique neutralisant les velléités expansionnistes de l'OTAN en Europe.
    Le président de la fédération de Russie mérite le prix Nobel de la paix !!
    Alors pourquoi parle t on d'attribuer le Nobel de la paix à A. Merkel ??
    Pourquoi dit on qu'elle sera la secrétaire générale de L'ONU ??
    Décidément plus la politique de l'OTAN échoue plus ses dirigeants revendiquent le premier rôle dans les institutions internationales.

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