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lundi 18 janvier 2016

Forum économique de Gaïdar et le vide intellectuel de la caste néolibérale russe

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Ministres des finances et de l'économie russes

Le forum économique portant le nom de Egor Gaïdar, figure russe emblèmatique de l'économie des années 90 et dont la fille est en Ukraine la vice-gouverneur d'Odessa appelée par le non moins réformateur ex-président géorgien Saakachvilli, a livré sa nouvelle portion de formules magiques. Ainsi, chaque année, l'élité économique russe se réunit avec les ministres du bloc économico-financier du Gouvernement, le tout soupoudré d'experts étrangers pour discuter de l'avenir du pays.

Sans en attendre de grandes idées, qui seraient pourtant les bien-venues en ces temps difficiles, les grandes figures du libéralisme russe ont surtout montré leur vide sidéral et un conformisme encore tout emprunt de révérance envers le marxisme-léninisme post-moderne. Seul le dieu a changé, les réflexes sont restés les mêmes, l'incapacité de recul et de remise en cause aussi.


Pour commencer, la vidéo de l'intervention du ministre des finances:


L'idée principale est assez simple: on n'a plus les moyens de notre politique, il va falloir faire des choix et ils vont être douloureux. Point de vue renforcé par le discours du ministre de l'économie:




L'individu, et bien évidemment son discours, sont absolument affligeants. Il commence par se demander si ça sert à quelque chose les stratégies à moyen et long terme, car les journalistes ne s'y intéressent pas du tout et que c'est quelque chose d'ingrat et de difficile à faire. Que cet individu ait des dificultés avec les stratégies en général (sauf pour sa carrière), cela semble à tous évident, le problème est qu'il est en charge de l'économie et qu'il est incapable d'avoir une vision d'avenir de l'économie russe. mais totalement incapable. C'est la crise, oui, c'est la crise, ça va être difficile, il va falloir faire quelque chose, on va réfléchir, mais ça pourrait être finalement positif, enfin plus tard. En substance, sans dévoyer ce mot ici.

Pour continuer dans la série des libéraux perturbés, le Premier ministre Medvedev, qui s'inquiète pour la classe moyenne, qui paie le plus lourd tribut à la crise. Et surtout il est désespéré, ulcéré, de voir comme la politique perturbe les règles parfaites de l'économie modialisée. Le FMI, l'OMC, toutes ces grandes institutions internationales qui truquent leurs règles, les règles du marché, sous l'influence de considérations politiques. Inacceptable.

C'est comme si tous ces gens ouvraient de force les yeux sur le fait que le marché n'est pas tout puissant, que le marché n'est qu'un instrument de plus de la politique, qu'elle soit intérieure ou internationale. Eux qui y croyaient tellement, qui le révérençaient, ce Marché tout puissant et totalement objectif. Ce mythe vendu à bon prix à la fin des années 80.

Et ce sentiment "qu'il faut bien faire quelque chose, mais on ne sait pas quoi" a été le plus violemment exprimé par German Gref, à la tête de la plus grosse banque publique du pays, la Sberbank, qui refuse d'ouvrir des succursales en Crimée pour ne pas tomber personnellement sous le coup de sanctions:



Pour lui, ancien ministre de l'économie avant d'être parachuté pour bons et loyaux services à la tête de la Sberbank, la Russie est un pays de perdants, de downshifters, qui mène une politique de perdants, qui défend des valeurs idéalistes de perdants au lieu d'avoir rattrapé le train des pays gagnants et le matérialisme triomphant, j'ajoute - comme cela lui avait été proposé dans ces merveilleuses années 90. Donc, il faut radicalement changer les institutions politiques du pays et cela passe aussi par la réforme de l'enseignement, même de la maternelle. Il semble évident à chacun que l'avenir du pays se prépare à la maternelle et que les maternelles russes sont dans un état déplorable (ma fille y est allée et ô malheur je ne me suis pas aperçue des problèmes fondamentaux - passons) et que, donc, la réforme de la maternelle sera déterminente pour la réindustrialisation du pays. Si j'ai bien compris le fond de sa pensée ... 

Bref, lorsqu'il s'agit de proposer des solutions, rien. Le vide total. On revient à la réforme de la justice, de l'état, de la police, tout sauf l'économie. Mais persiste ce sentiment qu'il faut bien faire quelque chose pour être moderne, plus moderne, pour être comme les autres, les gagnants du bac à sable dès la maternelle, ceux qui ont vraiment eu une chance dans la vie, bref pour ne plus être dans ce pays. Finalement, c'est ça le problème pour cette "élite", elle est russe. Et elle le vit très mal. Pourtant, elle est aux commandes, alors pourquoi ne l'a-t-elle pas modernisé son pays, si elle le trouve arriéré? Car elle en est intellectuellement incapable et heureusement d'autres s'en occupe du pays, sans ces thérapies de choc, au quotidien. Une des propositions concrètes faites par le ministre de l'économie est de privatiser les grandes banques du pays - en période de crise - pour faire rentrer de l'argent. Bref, il veut resolder ce qui reste, comme ses prédécesseurs des années 90 l'avaient fait. Rien de nouveau dans cette caste.

La sortie de Gref  a tellement choqué, même si dans le contexte de son intervention en général, elle ne sonne pas comme agressive, plutôt comme un appel au secours lancé par un individu perdu à la croisée des chemins, que certains politiciens demandent sa démission. On ne peut rester à la tête d'une grande banque étatique avec ce discours.

En tout cas, ce Forum fut une belle démonstration du vide et de la prétention de cette caste néolibérale.



7 commentaires:

  1. "On juge un arbre à ses fruits" le capitalisme version néo libéral conduit à l impasse , les pseudos dirigeants éclairés n ont qu 'une idée en tête faire du fric , le système va s arrêter les Russes seraient bien inspirés de ne pas se fourvoyer dans des principes économiques totalement dépassés

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  2. Réponses
    1. on ne lui donne pas trop la parole en ce moment ...

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    2. Bonjour Karine,
      Voici la réaction de Sergueï Iourievitch à l'intervention de G. Gref : "Gref partage largement la responsabilité (culpabilité !) de la situation actuelle de downshifter de la Russie"
      Глазьев назвал Грефа виновным в том, что Россия стала страной-дауншифтером

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  3. La Russie fait tout de même des efforts comme le nettoyage de son système bancaire.
    Le plus dommage est ca très forte dépendance des énergies qui aurait put être éviter en investissant les bénéfices de ces dernières dans la relance de son industrie.
    L'orgueil politique à l'international à tous prix à fini de les enterrer en les empêchant de se refinancer...

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  4. C'est un réel gâchis lorsque l'on pense au courage et à la richesse culturelle de ce peuple...qui continue d'écouter ces leaders politiques lui raconter que les problèmes viennent tous des autres méchants pays.

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  5. lien a voir absolument ceci reconforté cette analyse.
    http://reseauinternational.net/le-plus-grand-echec-de-poutine/

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