Un nouvel échange de condamnés a eu lieu entre la Russie et l'Ukraine. La Russie, comme de normal, a extradé deux citoyens ukrainiens. Ce qui est plus surprenant, c'est que l'Ukraine aussi. A extradé deux citoyens ukrainiens. Vers la Russie. En violation de sa propre Constitution. Démontrant par là même que sa définition de la frontière n'est pas géographique mais idéologique et que le passeport ne permet plus d'être un citoyen ukrainien, la profession de foi au régime est plus sûre. Dans ce contexte, aucun réforme constitutionnelle n'est possible.
Mardi 14 juin un nouvel échange de prisonniers a eu lieu entre l'Ukraine et la Russie. Echange qui est passé presque inaperçu, tout le monde n'a pas la chance d'être Savchenko. Cette fois-ci, pas de grande fête nationale à Kiev. D'un autre côté, la situation est délicate pour le pouvoir de Kiev, car la Russie a bien renvoyé deux détenus ukrainiens, l'un Guennadi Afanassiev arrêté par le FSB à Simféropole dans le cadre de l'affaire des terroristes de Crimée et condamné à 7 ans de prison et l'autre Yuri Solochenko, dont l'affaire est marquée secret défense, aurait cherché à faire parvenir en Ukraine des armes spécifiques russes et fut condamné à 6 ans de prison.
Mais ce qui est surprenant, c'est que en échange, la Russie reçoit des citoyens ukrainiens. Certes d'Odessa, mais ukrainien, car Kiev s'est battu contre la volonté séparatiste d'Odessa, l'a noyée dans le sang à la Maison des syndicats. Mais Elena Glichinskaya et Vitaly Didenko, qui furent graciés par P. Poroshenko, sont des journalistes. Lui était rédacteur en chef du site Inforcentr, et ne suivait pas la ligne de Kiev post coup d'état a été condamné à 3 ans de prison. Elle dirigeait la compagnie de télévision Nouvelle vague et faisait partie d'un groupe de soutien aux minorités vivant dans la région d'Odessa et risquait une peine de prison de 12 à 15 ans. Ils furent, en raison de leurs positions "non alignées", considérés et jugés comme séparatistes.
Or, la Constitution ukrainienne, dans son article 25 interdit d'extrader ses propres ressortissants. Ce qui, par ailleurs, est une tradition en Europe continentale.
Donc, en violation de l'ordre constitutionnel, le Président ukrainien a décidé d'extrader des ressortissants ukrainiens. Manifestant par là même qu'un ukrainien est citoyen du pays et mérite donc la protection de la Constitution non pas en fonction de son passeport mais en fonction de son positionnement idéologique.
Comment, dans cette situation, parler des accords de Minsk et d'une réforme constitutionnelle, si le droit est si facilement bafoué. Tant mieux pour ces deux personnes qui ont pu sauver leur vie, mais l'unité du territoire ukrainien est un mythe que les marionettistes étrangers ne pourront pas réaliser.
Et même les conseils dans Foreign Affairs engageant la population ukrainienne à faire tomber le régime des oligarques qui corrompt tout le système, à faire tomber Poroshenko qui n'a plus très bonne réputation à l'étranger et enjoint le nouveau Procureur à forcer les oligarque à transiger devant la justice pour qu'ils se débarrassent de leurs actifs, le tout sur fond de recommandations du FMI visant à la privatisation de toutes les entreprises publiques, toute cette fantasmagorie ne changera rien.
Et même l'opération Savchenko qui est censée montrer la rupture avec le système établi et engager des pourparlers "indépendants" avec le Donbass ne pourra rien y changer. Même si elle est envoyée à la place de Poroshenko, ça ne changera rien.
Car la frontière n'est pas géographique, entre le Donbass et le reste de l'Ukraine, elle est idéologique et transverse tout le pays.
On comprend bien pourquoi cet échange s'est fait en catimini ! Il n'est pas du tout à l'honneur de ce qui fut un pays respecté !
RépondreSupprimer