Le concours de l'Eurovision ne présente, depuis longtemps, plus aucun intérêt musical. En revanche, il est un baromètre idéologique très précis. L'on se souviendra de la victoire de la saucisse de Strasbourg, la France envoie cette année un étrange mélange de post-humain et religieux. Quant à l'Ukraine, elle se trouve confrontée au retour de son discours sur la fameuse menace russe, dont elle se vante à la fois d'être victime et de protéger l'UE ... Or, en directe, les deux jeunes chanteuses devant représenter l'Ukraine à l'Eurovision, affirme que l'Ukraine post-Maidan ... a perdu la Crimée. Encore une illusion qui se brise, un discours qui s'effondre après utilisation.
Deux jeunes chanteuses ukrainiennes devant représenter l'Ukraine pro-européenne post-Maïdan, dont les parents ont décidé de rester en Crimée, se sont retrouvées face à un interrogatoire idéologique pointu. L'on ne plaisante pas avec la soi-disant "Révolution de la dignité" ... Voici l'émission qui a mis le feu au fanatisme ukrainien et a sérieusement compliqué la vie de ces jeunes femmes :
Un auditeur lance la question : à qui appartient la Crimée ? Les jeunes femmes tentent de botter en touche, la Crimée est à nous (KrymNach), à nous à ma soeur et à moi. Le journaliste intervient en bondissant sur la formulation utilisée, elles résistent, elles chantent et ne font pas de politique, c'est toujours le même ciel, les mêmes montagnes. Le journaliste se fâche : vous me prenez pour un idiot ? (un moment de révélation, mais non ...). L'une dit, deux frontières sont apparues, l'une russe, l'autre ukrainienne. Encore insistance : mais alors à qui est la Crimée ? L'autre soeur de répondre : il me semble que l'Ukraine a perdu la Crimée.
Les insultes déferlent en pleine antenne.
Après cet incident assez révélateur de la fatigue réelle de la population face à l'hystérie maintenue par ce pouvoir, qui ne peut se maintenir dans un autre contexte, les jeunes femmes se sont faites encore attaquées, par un journaliste sur un plateau. Mais leur réaction est excellente, d'une maturité que l'on aimerait rencontrer chez plus de politiciens. Voici ce que l'on peut lire sur leur page Instagram :
Nous sommes des chanteuses ukrainiennes, nous vivons en Ukraine, ce choix a été fait il y a longtemps. Nos parents, qui vivent en Crimée, ont fait leur choix et nous ne pouvons en rien l'influencer. Toute notre vie, nous faisons des choix chaque jour, mais il y a certaines choses que l'on ne choisit pas - ses parents et sa patrie. Nos parents nous ont donné la vie. L'on ne pouvait pas penser que dans un Etat portant les valeurs européennes, l'on nous demanderait, comme aux pires heures de l'Union soviétique, de renier nos parents.
Il est regrettable que tant de forces soient déployées par l'UE et les Etats-Unis pour soutenir un régime, qui n'est pas finalement tant anti-russe qu'anti-européen, qui viole les valeurs et traditions européennes, celles-là mêmes qui commencent à tant déranger dans les pays européens.
L'Ukraine est décidément l'avenir de cette Europe, la caricature de ce que nous pouvons devenir en suivant cette route. Une société vidée de ses forces vives, contrôlées de l'extérieur, justifiée par des pseudo-élites bobos et mercantiles, utilisée et manipulée pour un combat qui n'est pas le sien. Portant des slogans à la place de valeurs. Sans pourtant totalement réussir à tuer la voix populaire, qui ressort de manière inattendue. Heureusement.
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