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mercredi 28 août 2019

Politique américaine envers la Russie : y a-t-il un pilote dans l'avion US ?



Le G7 fut l'occasion d'une passe d'armes entre le Président américain Donald Trump et une bonne partie des autres pays membres, à l'exception notable de la France, quant à un potentiel retour de la Russie dans ce Club très privé. Qu'un désaccord sur des questions stratégiques ait lieu entre différents pays est chose courante, en revanche le conflit intérieur quant à la ligne politique des Etats-Unis est plus surprenant. L'on peut d'ailleurs se demander s'il y a un pilote dans l'avion US ...


Chacun se souviendra de l'opposition entre Trump et notamment Tusk au G7, au sujet du retour de la Russie, auquel Tusk préférait voir une entrée de l'Ukraine (voir notre texte ici). Si ces oppositions sont normales, les intérêts des uns ne correspondant que très rarement à celui des autres, il est beaucoup plus surprenant de voir la réaction quasi immédiate d'officiels américains, soutenant manifestement beaucoup la position radicale de Tusk que celle rationnelle de Trump, pragmatique, pour qui il est plus facile de résoudre un certain nombre de questions avec la Russie que sans elle.

Pour comprendre la suite, rappelons-nous que le retour de la Russie dans un nouveau G8 est conditionné, pour les Européens, à sa "bonne conduite" sur le dossier ukrainien, ce qui concerne  concrètement la guerre civile (donc ukraino-ukrainienne) du Donbass. Or, pour les Etats-Unis, la question est beaucoup plus large. Alors qu'en France, le porte-parole informel de l'Elysée sur BFM, l'incontournable Barbier déclarait que la Crimée était russe et le restera, le représentant des Etats-Unis en Ukraine, Kurt Volker, conditionne le retour à un G8 à l'abandon de la Crimée par la Russie, dans une interview qu'il donne à une chaîne ukrainienne et que le Département d'Etat américain  twitte en russe, pour être certain d'être compris :


Ainsi, la Russie a été exclue du G8 redevenu G7 en 2014 en raison du rattachement de la Crimée à la Russie après un référendum d'initiative populaire d'indépendance de la population locale suite à la révolution du Maidan (les Ukrainiens reconnaissent le caractère révolutionnaire du Maidan). Or, cette révolution a mis fin à l'Etat ukrainien, tel que découlant de la chute de l'URSS, ce qui a permis, dans ce vide, aux Criméens de remettre en cause le contrat social et de demander leur rattachement à la Russie. Sans la révolution atlantiste du Maidan, l'Etat ukrainien aurait continué à exister sans rupture et le contrat social n'aurait pas été remis en cause, ce qui n'aurait pas entraîné la perte de la Crimée et la guerre civile dans le Donbass.

Le Clan atlantiste ne peut effectivement accepter et ni reconnaître les conséquences désastreuses de cette politique expansionniste à coup de révolutions et a sanctionné la Russie, puisqu'il faut bien un responsable. Or, les Etats-Unis ne s'excusent jamais de leurs actions. S'ils ne se sont pas excusés pour les bombes atomiques au Japon, ils ne vont certainement pas se poser de questions, quant aux conséquences désastreuses pour les pays concernés par les guerres et révolutions menées de par le monde. Revenir au G8 est donc inacceptable - et impensable - pour eux dans ce contexte.

L'abandon par la Russie, non seulement de son soutien humanitaire et technique au Donbass, mais surtout de la Crimée est fondamental pour que ce Clan puisse à nouveau respirer et affirmer être le Clan du Bien contre le Mal. Tant que la Crimée reste russe, leur échec est flagrant et leur toute-puissance remise en cause. D'où la sortie de Volker, membre du Clan atlantiste. D'où les déclarations de Bolton à Kiev rappelant son soutien "au peuple" ukrainien, qui s'est battu contre "l'agresseur russe" :


Ce que l'on voit parfaitement apparaître ici est la frontière idéologique qui traverse les Etats-Unis. D'un côté, vous trouvez Trump, se battant pour un retour de la Russie dans le Concert des Nations, déclarant vouloir l'inviter en 2020, car la Russie étant redevenue un acteur qui compte, il est impossible de régler les questions internationales sans elle. Position pragmatique. De l'autre côté, le Clan atlantiste se débat dans les décombres de sa toute-puissance, qui sans plus être omnipotent est quand même encore très puissant et ne peut accepter un retour de la puissance russe sur la scène internationale. Position idéologique.

Dans cette cacophonie montante, la Russie reste calme. Tant face à une restauration du G8, le Président Poutine rappelant à juste titre que, sur le plan économique et stratégique, le G20 est plus efficace, car les véritables puissances montantes aujourd'hui y sont représentées. Tant face à l'urgence de Macron et de Merkel d'entraîner la Russie dans un Format Normandie, le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov rappelant très justement que ces réunions ne sont pas un but en soi - pourquoi pas, mais il y a des choses - concrètes - à faire avant, choses qui dépendent principalement de l'Ukraine ...

Bref, ce petit combat est celui du Clan atlantiste qui a besoin de faire plier la Russie pour conforter son hégémonie. De son côté, la Russie semble à juste titre assez indifférente : elle n'est pas a piori contre, mais elle n'est pas non plus pressée d'accepter ce qui n'a pas encore été officiellement formulé, car finalement l'important est ailleurs.




3 commentaires:

  1. Les russes ne rendront jamais la Crimée. Donc, les occidentaux devront faire le G8 avec la Chine ou l'Inde ou n'importe qui d'autre.
    Une excellente nouvelle, l'Ukraine vient de relâcher Kirill Vychinski. Peut-être que Zelenski, en relâchant le journaliste, a voulu amadouer les russes et les inciter à venir au Format Normandie, qui aura lieu à Paris et pour lequel les russes n'étaient pas très chauds.

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  2. ce que l'on peut voir en fait c'est que le clan atlantiste s'est emparer de l'idéologie des nazis et essaie de jouer sans arrêt un ""mein kampf imaginaire.ce qui est devenu hors de saison à notre époque.Quant à la pratique d'accuser la victime c'est une constante occidentale de puis le 19ème siècle. Il faudra bien qu'un jour les dirigeants US se rendent compte qu'il y a des "hommes libres" en face d'eux et non des esclaves.

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  3. Mais qu'est-ce vraiment que ce G7 ?

    Mis à part le Japon, qui d'ailleurs n'influence que peu les positions du groupe, le G7 n'est que la version mondaine de l'OTAN. Qu'offre donc le format G7 que l'OTAN n'offre pas déjà puisqu'on y retrouve les mêmes dirigeants, les mêmes intérêts et les mêmes politiques ?

    Faire la cour à la Russie pour la réintégrer dans un nouveau G8 n'est-il pas un moyen détourné pour ne pas avouer l'influence déclinante de ce format de discussion en perte de crédibilité ? Après les fabulations rationnellement indéfendables devenues politiques officielles sur le Maidan, sur l'invasion russe, l'annexion de la Crimée, l'affaire Skripal et les autres aventures de Vlad le Méchant, comment sortir du bourbier de tant de mensonges sans perdre la face et, surtout, sans entraîner le monde encore plus profondément dans la bêtise et l'ineptie ?

    La dépense inutile et scandaleuse de 600 millions de dollars canadiens pour l'organisation du fiasco du G7 de 2018 aurait dû nous faire comprendre que ce format de discussion ne sert plus à rien ou à si peu.

    Une suggestion pour le prochain gala du G7 : enfermer ces clowns dans un camp militaire sous haute protection, à peu de frais, en leur servant le menu du mess des officiers et en ne faisant venir la presse que s'ils ont quelque chose d'intelligent à nous dire. Cela leur ferait peut-être retrouver le sens des réalités. On en vient à se demander s'ils se souviennent seulement pourquoi ils ont été élus.

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