Biarritz libéré, c'est bien le seul acquis tangible de ce G7. Pour le reste, comme l'a martelé à juste titre le Président Macron sur tous les tons à des journalistes qui, régulièrement et légitimement, tentaient de savoir quand même à quoi tout cela menait : le G7 n'est qu'un Club informel, non pas un lieu de prise de décision. C'est une zone de soft power, dont l'influence est de plus en plus faible, les dirigeants de ces Etats membres étant eux-mêmes de plus en plus faibles. Quant à l'annonce d'un retour de la Russie ... ce n'est pas gagné, ce qui ne change pas grand-chose pour elle. Mais la fête idéologique a battu son plein, la grand-messe a été dite, les méchants ont bien été identifiés comme méchants encore pour un round, les slogans ont été ravivés et c'est bien là l'essentiel.
Ce G7, comme la tendance le marque ces dernières années, a permis de discuter - entre soi - sans prendre aucune décision, sans que la face du monde n'en soit légèrement atteinte. Les sujets furent conventionnels et attendus.
L'Amazonie a eu son heure de gloire, puisque les incendies sous ce président, qualifié d'extrême-droite (ne demandez pas la définition, il n'est simplement pas fréquentable) sont criminels, lorsqu'ils étaient une tragédie appelant la compassion sous ses prédécesseurs (fréquentables). Il est certain que les discussions du G7 permettront d'éteindre ces feux non-démocratiques.
il y eût également le thème des inégalités. Naïvement, au début, n'ayant pas très bien écouté, je pensais que les 7 puissances allaient chercher à lutter contre les inégalités économiques et sociales entre les peuples et à l'intérieur des pays, allaient chercher un moyen de relancer l'économie afin de combattre ces inégalités économiques, allaient réfléchir à un système socialement plus juste tenant compte des impératifs économiques. Mais non, ils s'empressaient tous autour des inégalités hommes / femmes. C'est certainement plus facile, cela permet de belles déclarations. Les populations ne vivront pas mieux pour autant, mais quelle importance, il y aura de magnifiques citations dans les médias. Ils auront répété leur allégeance au dieu Tolérance. C'est quand même l'essentiel.
Un moment de fausse surprise - pour les pays membres - fut l'arrivée du ministre des affaires étrangères iranien, invité par Macron ... avec l'accord des Etats-Unis. Eh oui, nous en sommes réduits à cela. D'un autre côté, un sommet est une opération de diplomatie bien réglée, même si ces faux évènements le font dangereusement ressembler à une commedia dell'arte. Surtout qu'après les déclarations de Macron à la presse, il est clair que rien ne changera, "chacun d'entre nous continuera à jouer son rôle". Puisque les pays du G7 ne veulent pas que l'Iran devienne une puissance nucléaire, mais qu'ils ne savent pas comment faire pour éviter l'escalade avec les Etats-Unis, ces discussions ont surtout permis de les rassurer eux-mêmes.
L'opposition avec les Etats-Unis, et la faiblesse institutionnelle de l'UE et des pays membres qu'elle a vidé de leur substance vitale sans être en mesure de compenser la perte, se voient aussi au sujet de la guerre des taxes. Une véritable guerre côté américain, qui utilise tout l'arsenal politico-juridique pour protéger et soutenir le business américain. En face, comment dire ...
Encore un grand moment, la question du retour de la Russie au G7 pouvant ainsi redevenir G8. L'opposition frontale entre Trump et l'UE a été illustrée par la déclaration de Tusk :
Une façon d’épingler Donald Trump qui a passé, selon un responsable européen, la soirée d’hier à défendre le retour de la Russie dans le groupe des puissants, tandis que Donald Tusk lui rétorquait qu’il préférerait y voir le président de l’Ukraine.
Envisager, même sur le ton de la plaisanterie, une entrée de l'Ukraine montre bien que le G7 est un club idéologique, ce qui permet de discuter des grands thèmes de cette idéologie (femme, climat ...), sans réellement s'intéresser aux questions de puissance réelle - politique ou économique, qui ne sont plus à la portée des Etats européens, malheureusement. L'Ukraine semble de plus en plus incarner l'avenir des pays européens.
Mais ce G7 est objectivement instrumentalisé comme carotte pour faire plier la Russie face à l'Ukraine : elle pourrait théoriquement être gracieusement autorisée à revenir si elle se comporte bien. Autrement dit, si elle cesse d'ignorer ce nouveau président ukrainien, car le monde actuel ne supporte pas qu'on l'ignore. Il faut s'opposer, discuter, voire se disputer, bref participer. Tout est mieux que l'ignorance, car toute autre position le légitime. La Russie doit impérativement revenir dans la danse, comme avec Porochenko. Un Format Normandie doit être organisé prochainement à Paris pour légitimer Zelensky et, qui sait, peut-être trouver un arrangement pour le Donbass. Si les Etats-Unis donnent leur feu vert. Ce qui relativise l'importance réelle de ce Format Normandie - en tout cas comme instrument de règlement de crise.
Assez étrangement, le monde aujourd'hui dépend plus des rapports de faiblesse, que des rapports de force. Les véritables puissances sont extrêmement rares, à savoir les Etats pouvant assumer une politique internationale et nationale suffisamment autonome. Dans la plupart des cas, ils comparent non pas leurs muscles, mais leurs handicaps. En l'occurrence, le prix du Donbass doit être fixé et le sera en fonction des faiblesses cumulées et comparées de part et d'autre. Il est bien possible que le Donbass vienne de perdre la guerre, sauf réveil de l'instinct de survie de forces politiques locales à ce jour totalement absentes. Ou de l'intérêt des Etats-Unis à garder une épine bien plantée au coeur de la Russie. Sans oublier que toute décision concernant le Donbass aura automatiquement des effets sur la situation intérieure russe.
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