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mardi 3 septembre 2019

Un rapprochement franco-russe en trompe-l'oeil : le refus d'accréditation des journalistes de RT et Sputnik



Malgré la volonté apparente du Président français Emmanuel Macron d'un certain "rapprochement" - tactique - avec la Russie, les journalistes de RT France et Sputnik n'ont toujours pas eu leur accréditation à l'Elysée. Cette "volonté" ne serait-elle que posture finalement ? Une fois de plus.


Lors de la visite du Président russe Vladimir Poutine à Paris juste après l'entrée en fonction d'Emmanuel Macron, lors de la conférence de presse, toujours plein de délicatesse et de diplomatie, le Président français, à côté de son homologue russe, avait considéré que RT France et Sputnik faisaient de la propagande. Par la suite, cette argutie avait été réitérée pour justifier, au moins formellement, l'atteinte portée par la France à la liberté de la presse dans le pays, en refusant à ces journalistes leur accréditation à l'Elysée.

A l'occasion de la rentrée universitaire, le ministre russe des Affaires étrangères, Lavrov, est revenu sur cette question devant les étudiants de l'Institut des relations internationales MGIMO :
Regrettant que les journalistes de ces deux médias soient «toujours privés d’accréditation à l’Elysée», Sergueï Lavrov a expliqué : «J'ai soulevé cette question lors de la visite du président Poutine en France. Nous avons eu un entretien séparé avec le ministre des Affaires étrangères de la République française, avec le conseiller du président Macron pour la politique étrangère. J’ai confirmé que ce genre d’attitudes envers les journalistes contredisait toutes les normes d’un comportement civilisé et tous les accords qui ont été conclus à de nombreuses reprises, y compris dans le cadre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [OSCE].»
Au-delà du discours convenu sur la volonté de Macron d'un rapprochement salutaire avec la Russie, la question se pose de ses véritables intentions. Si l'on oublie les (belles) paroles, les faits laissent entendre que si "rapprochement" il y a, il est tactique. En aucun cas, Macron ne remet en cause la ligne anti-russe du Clan atlantiste, dont il est un membre à part entière. Aucun rapprochement stratégique n'est à attendre. La France de Macron, et le Clan atlantiste au nom duquel elle parle, ont besoin de la Russie sur certains dossiers, ont besoin que la Russie fasse des concessions en matière internationale (qu'elle s'aligne et s'efface - but ultime de la manoeuvre) et pour cela le hochet du "rapprochement" est faiblement agité.

Très faiblement.

4 commentaires:

  1. Malheureusement les beaux discours ne sont pas suivi d'actes réels. Selon l'interlocuteur en face cela parle soit de la main droite et le lendemain de la main gauche, histoire de plaire à tout le monde. Bravo pour cette analyse de Sergueï Lavrov

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  2. j'ose espérer que la Russie a riposté en supprimant les accréditations au Kremlin aux journalistes de grands médias français. Si la Russie se fait piétiner sans riposter, qu'elle ne vienne pas pleurnicher ensuite.

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  3. Bonjour, en ce qui concerne les journalistes, une bonne nouvelle pour cette rentrée : Pierre Avril du Figaro a quitté la Russie et sévit désormais en Allemagne, en attendant Washington où il retrouvera ses potes atlantistes.

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  4. On sait commentt finissent les châteaux de cartes.

    RT France et Sputnik sont accusés par Emmanuel Macron de faire de la propagande et de la désinformation en plus de générer des fake news, mais en aucun cas il n'y a eu de démonstration factuelle et probante pour étayer ces accusations. En fait, tout comme pour l'affaire Skripal, il n'y a pas besoin de preuves pour articuler une politique fondée sur des apparences de vérité, seules les déclarations suffisent et au diable la réalité.

    Mais la réalité ramènera tôt ou tard les écueils auxquels on tente d'échapper en faisant croire à des fabulations. Qu'on prenne pour exemple le dossier ukrainien qui devra plus tôt que tard se conclure par l'effondrement du pays ou par l'application des accords de Minsk II et sa fédération. Que fera-t-on de la montagne de mensonges qui aura servi de provocation pour couvrir les exactions et les crimes de guerre commis à l'endroit des populations du Donbass qui, faut-il le rappeler, sont aussi ukrainiennes que celles de Galicie.

    Ma grand-mère disait avec justesse « La vérité fait toujours moins mal » et Emmanuel Macron, tout président qu'il soit, finira bien par l'apprendre à ses dépends.

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