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mardi 1 octobre 2019

La furie de la transparence s'attaque aux conversations entre chefs d'Etat : que va-t-il rester de la diplomatie ?



Une nouvelle vague de transparence "ciblée" est lancée par les Démocrates aux Etats-Unis. Après avoir obtenu la publication de la conversation entre Trump et Zelensky, ils veulent obtenir celles de Poutine et Trump. En violation de toutes les traditions diplomatiques ayant permis le développement des relations internationales. En revanche, assez étrangement, cette furie de la transparence ne concerne aucunement les organes internationaux comme le FMI, la Banque mondiale, ni les institutions européennes, ou les grandes ONG comme Amnesty. Les conversations avec les dirigeants, les pressions exercées, tout cela peut rester dans l'ombre. C'est l'Etat qui est à nouveau sous le feu, sa capacité de gouvernance qui doit être atteinte.


Les Démocrates, continuant à ne pouvoir digérer leur défaite et incapables de préparer des élections, cherchent par tous les moyens à faire tomber Trump, incarnant par trop cette frontière dressée face au globalisme sans limite. Le prétexte en fut l'affaire Biden, démocrate, dont la famille a largement profité du Maïdan (voir notre texte ici) lancé sous Obama en Ukraine. Trump utilise cette faille connue de tous pour attaquer des Démocrates, qui veulent alors lancer la procédure d'impeachment, s'appuyant sur les pressions que Trump aurait exercées par téléphone sur le président ukrainien. En réponse, Trump a donc publié le sténogramme de sa conversation téléphonique avec Zelensky, provoquant par là même un scandale en Europe - la veulerie de Zelensky envers Trump, son "mentor", dépassait toutes les bornes.

Mais évidemment, l'affaire ne s'arrête pas là. Maintenant, les Démocrates, O surprise, veulent à tout prix obtenir le sténogramme des conversations entre Trump et Poutine ... Zelensky n'était qu'une mise en bouche, le plat principal est plus à l'Est et le Congrès va tout faire pour obtenir ce qu'il veut, comme le titre Radio Liberty. Selon Adam Schiff, qui continue son combat contre Trump, la publication des conversations avec Poutine est une question de sécurité nationale.

Le Kremlin n'est évidemment pas particulièrement favorable à cette demande, pour l'instant officiellement non formulée et quelque peu inhabituelle. Afin de ne pas répéter l'affaire Zelensky, le porte-parole du Kremlin a rappelé quelques règles du jeu, notamment l'impossibilité de publier la transcription de conversations entre présidents sans l'accord de toutes les parties:
“It’s possible only by mutual agreement of the parties,” Putin’s spokesman, Dmitry Peskov, told reporters on a conference call Monday. “In general, diplomatic practice doesn’t provide for such publications. If there are any signals from the Americans, then we’ll discuss it.”
Et le Kremlin d'insister, en précisant espérer que la situation dans laquelle a été mise le président ukrainien ne se répètera pas avec eux :
“We would like to hope that we would not see such situations in our bilateral relations, which already have plenty of quite serious problems,”
Et pour cause, comme le souligne le New York Times, l'intérêt pour ces conversations au regard de l'hystérie des Démocrates concernant la soi-disant ingérence russe dans les élections américaines (comment auraient-ils pu perdre sinon, voyons!) n'a toujours pas diminué malgré le temps, qui semble s'être arrêté, la machine politique a buggé.

Ces exigences sont en effet non seulement curieuses, mais extrêmement destructrices. Afin d'avoir des discussions efficaces et non protocolaires, les chefs d'Etat doivent avoir la certitude que ces conversations ne seront pas divulguées, sinon l'on en revient aux paroles vides devant les caméras. L'apparition de la possibilité même de divulguer ces conversations va poser de sérieux problèmes non seulement aux Etats-Unis, puisque désormais leurs interlocuteurs ne pourront plus avoir un discours libre, mais en général les difficultés vont arriver dans les relations entre Etats, car qui va avoir la certitude que ses paroles resteront pudiquement cachées sous le sceau du silence ?

La pression ne va que s'intensifier. Déjà une pétition a été publiée sur le site de la présidence ukrainienne demandant, suite à la publication de la conversation entre Trump et Zelensky, la publication des retranscriptions des conversations entre Zelensky et Poutine :



Or, la diplomatie a besoin d'ombre, un Etat ne peut gouverner avec des caméras constamment braquées sur lui, c'est un fantasme qui n'apparaît que lors des crises de confiance - ou lorsqu'il faut affaiblir une institution. Car, étrangement, personne ne demande la publication des conversations entre le FMI, par exemple, et les Etats auxquels il impose des conditions inacceptables pour ses prêts. Ce "besoin de transparence" semble très sélectif ... et ne concerne jamais les tenants du globalisme qui sont au pouvoir.

  





4 commentaires:

  1. Hallucinant! je n'ai plus le mots ma chère car jour après jour tout est de plus en plus abjecte..dans ce monde de tordus... Beuk!

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  2. N'y a t-il personne aux EU pour arrêter les fous furieux que sont devenus les démocrates? Ils ne se rendent même pas compte qu'ils se tirent une balle dans le pied. En effet, quel Chef d'Etat au Monde voudra désormais parler, en privé, à Trump, en sachant que tout ce qu'il dira pourra être étalé sur la place publique? Comme si ce n'était pas suffisant, les Ukrainiens s'y mettent aussi, c'est à qui sera le plus lamentable.

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  3. Article intéressant.

    De mon point de vue, je serais plus favorable à de la transparence, même si cela semble utopique.
    Mais il faudrait au moins 2 conditions pour que cela se fasse:
    1. que cela concerne tout le monde, institutions, ONG, ect...
    2. que l'on commence avec l'historique, toutes les réunions passées, donc déclassifier toutes les archives

    Imaginons les réunions de la CIA, des discussions entre politiciens du genre "si tu me bombarde demain, je met mes info sur 9/11 sur le net", ou bien "si ça continue je met tes liens avec Al machin au grand jour", cela pourra être savoureux d'avoir accès à toutes les magouilles d'Obama et des mêmes qui demandent ces conversations.
    On peux toujours rêver mais ceci dit, Wikileaks nous en a déjà servi un avant goût qui laisse bien amer.

    Bonne journée

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  4. Diplomatie, mais quelle diplomatie ?

    Howard Zinn déplorait il y a quelques années qu'il y ait davantage de soldats dans une seule parade militaire qu'il n'y a de diplomates au service de tout le pays (USA). C'est que la diplomatie est devenue une affaire de militaires et d'agences de renseignement. N'est-ce pas John Brennan, l'ex-directeur néocon de la CIA qui, le premier, a lancé l'accusation de trahison à l'endroit de Donald Trump pour avoir osé rencontrer Vladimir Poutine en privé à Helsinki ? Sa seule présomption a suffi pour faire enfler les spéculations sans qu'aucun grand journal ni personne n'exige de justification pour fonder son accusation. Et le bon peuple a suivi comme un troupeau qu'on mène à l'enclos.

    Cette nouvelle exigence de "transparence" nous montre à quel point les campagnes médiatiques, pilotées par les politiques et les médias à la solde des grands intérêts, ont une influence démesurée sur la conduite des USA. Et le bon peuple, bien formaté dans le style hollywoodien, s'émeut dans la plus grande crédulité décérébrante et se laisse entraîner sans poser la moindre question en attendant la conclusion de l'histoire. Edward Snowden a pourtant contribué à allumer quelques lumières et, comme il le dit lui-même dans sa biographie récente, « La politique [US] de lutte contre la terreur est devenue plus puissante que la terreur proprement dite et a abouti au "contre-terrorisme", autrement dit aux gesticulations paniquées d'un pays doté d'une puissance inégalée, non contraint dans la pratique et se souciant comme d'une guigne de faire respecter la loi. »

    C'est que la démocratie a aussi ses exigences. Les citoyens sont responsables des pouvoirs qu'ils concèdent à leurs élus et leur vigilance ne peut se relâcher sans conduire à des aberrations comme celle-ci. La confiance n'est pas qu'une affaire de sentiment.

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