Trump a annoncé le retrait des Etats-Unis de l'accord international sur le Ciel ouvert, entré en vigueur en 2002, permettant aux 34 pays signataires, essentiellement membres de l'OTAN, de survoler l'espace aérien de ces pays, afin de vérifier qu'ils ne sortent pas de leurs obligations internationales en matière militaire. Officiellement, il s'agit d'un "outil de confiance", réellement d'un "outil de renseignement". Or, justement, les Etats-Unis reprochent finalement à la Russie de ne pas leur permettre de pleinement rentabiliser cet instrument, qui perd alors de son intérêt et auquel ils annoncent renoncer, surtout si elle-même ose l'utiliser. Mais la dénonciation n'est pas immédiate, afin de garder du temps pour tenter de conduire la Russie à fire des concessions stratégiques. Bref, les Etats-Unis font monter les enchères, car ils estiment que la situation géopolitique n'est plus celle issue de la Guerre froide, à chaque Etat prétendant être un acteur de défendre son titre.
Je vous souhaite la bienvenue sur ce blog où nous allons tenter de décrypter l'actualité politique russe, donner la dimension de toute sa richesse et sa complexité. Sans clichés et sans partis pris. Sans vouloir plaire à tout le monde.
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vendredi 22 mai 2020
jeudi 21 mai 2020
Du masque à la burqa : la nouvelle norme sociale du Covid ?
La presse anglo-saxonne et HRW lancent une véritable offensive contre la France pour que le pays revienne sur l'interdiction du voilement intégral de la femme. La démarche est aussi provocatrice qu'idéologique : puisqu'avec le coronavirus cacher le visage est devenu la nouvelle norme sociale, il n'y a plus aucun sens à maintenir l'interdiction du voilement des femmes. La norme sociale ayant soi-disant changé, la norme juridique doit fixer dans le marbre cette évolution. Avec cette attaque, l'on voit à quel point l'imposition de porter un masque est un élément important du nouveau monde, bien au-delà des considérations sanitaires, obligation qui doit survivre à la disparition de sa cause officielle.
mercredi 20 mai 2020
Russie : une distanciation dangereuse des élites et de la population s'instaure sur fond de coronavirus
L'intelligence d'un pouvoir se mesure à la faisabilité des règles qu'il impose. Sinon, l'absurde l'emporte et la population organise une vie parallèle. Que le discours officiel ait quelques distances avec la réalité est une norme, car il porte l'image d'une réalité, mais lorsque l'écart ente les deux est trop importante, c'est l'existence même de ce pouvoir qui est en jeu. La radicalité des mesures prises en Russie, la rigidité des dirigeants locaux allant jusqu'à la provocation et l'amoralité (interdiction faite aux proches d'assister aux enterrements, amendes imposées à une personne invalide du 1er groupe alitée pour violation de l'assignation à domicile, etc), conduit au rejet par la population d'une situation devenue absurde et sans porte de sortie rationnelle. Seulement 23% de la population soutiennent les mesures d'assignation à domicile imposées. Il serait bon de se souvenir de l'importance, comme le Roi du Petit Prince, de donner des ordres raisonnables, ce qui permet, faute de contrôler la situation, tout au moins d'en donner l'impression. Les poussées caractérielles face à la montée d'une désobéissance massive - et assumée, ne sont pas les réactions politiquement les plus intelligentes pour préserver la paix sociale. Le pouvoir n'existe pas dans son propre intérêt et ne tire sa légitimité que de sa capacité à intégrer la volonté populaire. Ce simple bon sens semble être absent des manuels du parfait petit manageur, qui traînent un peu trop sur les coins de bureau.
mardi 19 mai 2020
Le FSB et la Procuratura vont jeter un oeil sur le régime des QR Code à Moscou: bonne nouvelle pour l'état de droit!
L'exercice du pouvoir, surtout en période de crise (et je ne parle pas de la crise sanitaire du coronavirus, qui n'est finalement qu'une excuse) exige un surplus de culture et de sagesse de la part de ceux qui en ont la charge - et la responsabilité. Afin de trouver eux-mêmes les limites à leurs ambitions, un équilibre entre le désir de renforcer leur pouvoir sans perdre le soutien de la population et des élites. Manifestement, Sobianine est allé trop loin dans sa folle course en avant dite "sécuritaire", qui avec la mise en place à Moscou d'un contrôle numérique total sur les déplacements de la population et des véhicules, civiles et militaires, a non seulement, selon le député Russie Unie Lyssakov, violé les droits constitutionnels des citoyens et mis en danger la sécurité nationale, mais se lance dans une course au pouvoir qui porte atteinte potentiellement à l'intégrité territoriale, en violant le principe de supériorité de la législation fédérale. Après plusieurs recours, notamment avec l'appui de l'Association des juristes de Russie, le FSB va enfin pouvoir contrôler ce système. Par ailleurs, les fuites massives de données personnelles sur le net des personnes ayant violé le régime "sanitaire" d'assignation à domicile conduisent la Procuratura à jeter un oeil plus attentif sur ces systèmes, dont la Mairie n'a pu expliquer s'ils étaient aux normes de sécurité ... Le retour de l'Etat donne un espoir pour le rétablissement des libertés constitutionnelles, qui ne peuvent, expérience faite, être garanties par des potentats locaux.
lundi 18 mai 2020
L'occupation mentale après le déconfinement : Covid for ever
Comme nous l'avions déjà écrit, le Covid n'est pas prêt de quitter les allées du pouvoir. Il est vrai que s'il n'existait pas, il aurait fallu l'inventer. En tout cas, il est toujours possible de le faire durer comme nous le voyons dans nos pays, chacun à sa manière. L'on retrouve un peu partout des règles absurdes, qui sont appliquées de manière aléatoire, et difficilement justifiables rationnellement. L'exemple parfait est celui de l'ouverture des espaces naturels en France. Sans parler des mesures dites "sanitaires", simplement remises en cause par une partie des professionnels, moins médiatisés que leurs confrères dociles, ou qualifiées de dangereuses par l'OMS, comme le port obligatoire des gants ou les grandes oeuvres de désinfections publiques à Moscou. Toute remise en cause du dogme est inconcevable, la contestation est discréditée pour faire de la soumission la norme. Car n'oublions pas que ce virus est aussi un business rentable et des campagnes publicitaires, payées sur fonds publics, sont organisées pour nous faire comprendre qu'il s'est installé pour longtemps et que nous devons remercier nos gouvernants. Le Covid prendra fin, réellement, le jour où nous aurons mis fin à l'occupation mentale, que la propagande met en oeuvre. Et ça, ça ne dépend que de nous.