Russie : projet de loi sur les QR Codes et guerre de l'opinion publique

La guerre de l'opinion publique est ouverte en Russie autour de la question de la légalisation de la pratique, déjà en vigueur localement, de l'introduction des QR Codes vaccinaux pour accéder à l'espace social. Passons sur le fait que nous vivons dans un monde à ce point déshumanisé et amoral, qu'il soit envisageable de formellement et sérieusement traiter de la question de la légalisation de l'apartheid sanitaire, pour nous intéresser au processus en cours. A la différence de la France, où les manifestations n'arrêtent pas la prolongation ad vitam du pass sanitaire, les institutions fédérales russes hésitent à aller contre un mécontentement populaire largement exprimé - et montant. Et l'on voit une fracture entre des "médecins" politiques, appelant à la QR Codisation de la société "pour son bien" et pour leur plus grand profit (et pas uniquement financier, mais aussi politique), soutenus par le porte-parole du Kremlin, quand Volodine à la Douma, s'appuyant sur des paroles de Poutine, appelle à protéger la vie des gens sans porter atteinte à leurs droits fondamentaux, soutenu en cela par une grande partie de la population et certains médias. Si la Russie démontre la résurgence du lien entre la prise de décision politique et la volonté populaire, elle peut reprendre la main. Mais à condition que, cette fois, elle impose la légalité fédérale aux régions.

Le projet de loi sur les QR Codes (voir notre texte ici) est le point pivot du basculement du pouvoir en Russie et c'est bien la raison pour laquelle on voit un tel acharnement.

D'un côté, vous avez ce "tout petit monde", mais qui monopolise finalement le discours politique et médiatique et appelle à la vaccination obligatoire sans discussion sans réflexion, une vaccination liée à la qr codisation de la société. Ce groupe fanatique covidiste est principalement composé de personnes non élues, notamment Guinstburg (le directeur de Gamaley, institut qui fabrique le vaccin et est sorti de l'anonymat en ayant vu son budget exploser), Popova (le médecin en chef de Rospotrebnadzor, qui doit se souvenir vaguement à quoi ressemble un patient), Protsenko (le médecin en chef de l'hôpital phare Kommunarka, entré en politique, dont le pouvoir et la manne financière dépend de la durée de la crise), Peskov (porte-parole du Kremlin), Golikova (vice Premier ministre). Ces gens, qui mènent le pays vers le point de rupture, ne sont jamais passés devant le peuple, n'ont aucune responsabilité politique et ont un intérêt direct, personnel, au minimum de pouvoir et pour certains financiers, dans le culte vaccinal et la pérennisation de la crise. Or, ce sont eux, qui donnent le la covidien.

Pour les soutenir, des médecins de plateaux, et ceux qui espèrent le devenir, sont mis à l'oeuvre, dont certains ont enfin eu un bel avenir politique. Ils ont sorti une lettre ouverte, adressée aux médias alignés et aux personnalités considérées comme "antivaxx", ce qui aujourd'hui ressort quasiment de la catégorie du terrorisme sanitaire, dans laquelle ils se disent très occupés, mais les invitent à aller faire un tour dans les fameuses "zones rouges". Le vocable est important pour marquer les esprits : comment pouvait-on soigner avant, sans ces "zones rouges" ... C'est vrai, avant, au moins, on soignait, mais c'était avant. Maintenant, ... beaucoup de questions se posent.

Les "antivaxx" visés sont notamment des parlementaires (communistes, de Russie juste, Popov de Russie Unie) ou des personnalités du show biz qui n'ont pas voulu entrer dans ce show. Et ces "médecins" sont d'autant plus énervés, que eux, sont entrés sans le show. L'on retrouve ainsi sur tous les médias Denis Protsenko, expliquer que le vaccin est la seule solution. Lui, médecin en chef de la fameuse clinique Kommunarka à Moscou (à la pointe du covid et du budget), a-t-il seulement encore le temps de s'occuper de basses questions médicales avec une telle activité médiatique ? Mais pas uniquement médiatique, son activité est également politique et il a pris une part active (en pleine pandémie ? mon Dieu !) à l'élection législative auprès de Russie Unie cet été. Qu'il est loin le temps de la médecine pour lui ... et tellement fade comparé à ces heures de gloires, qu'il ne faut laisser filer à aucun prix. Et les autres signataires sont à peu près de la même trempe médicale: de belles fonctions et une distanciation comparativement inverse entre la médiatisation et l'exercice physique de la médecine.

Mais le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lui, est très content, il est très satisfait de cette lettre. Continuant dans son monde parallèle, toujours au nom du Kremlin, Peskov précise que, en Russie comme ailleurs, les personnes réticentes sont peu nombreuses et, avec toute la morgue dont les irresponsables sont capables, de signaler que c'est une couche de la population qui existe dans tous les pays, il n'y qu'à voir ce qui en passe en France, en Allemagne, en Italie, etc. Cela montre bien la position de ces "élites russes" face aux mouvements de résistance qui, heureusement, se développent.

A côté de ce "tout petit monde", vivant replié sur lui-même et alimenté à haute dose par la globalisation, il existe une autre élite en Russie, vivante, nationale et réactive. Une élite non médiatisée, qui est en lien avec la grande majorité de la population. Si le discours médiatique est monolithe, l'on notera quelques fissures. Prokhanov, qui avait pris un virage covidiste, semble se ressaisir et dans le dernier numéro de Zavtra (n°46 de novembre), en première page, loue cette résistance profonde du peuple russe contre le covidisme. L'on notera aussi une excellente lettre ouverte publiée dans Regnum au nom de la rédaction et de ses lecteurs, en réponse à celle des 11 apôtres. Plusieurs points intéressants y sont soulevés, notamment que si ces "médecins" étaient plus occupés par les patients que par les honneurs, la mortalité en Russie se porterait peut-être mieux; pourquoi n'importe qui peut s'inscrire désormais pour une visite des "zones rouges", quand les patients, qui ne sont pas des animaux d'exposition, ne peuvent même pas avoir de visites de leurs proches; que le respect qui est porté par la population aux 99,9% de médecins qui font leur travail, n'a pas à être porté à ces bureaucrates et commerçants de laboratoires; etc. Ce sont des points, qui méritent attention. Autant que la question, qui n'a pas été soulevée, du choix du tout-vaccin, quand au moins 4 traitements russes ont été patentés et dont absolument personne ne parle ...

De son côté, Volodine, le président de la Chambre basse du Parlement russe, insiste et fait tout son possible pour diffuser au maximum le texte du projet de loi, pour appeler aux réactions et des élus locaux, et des gens eux-mêmes. Ce lien politique qu'il maintient est fondamental pour la stabilité du pays, face à une telle montée fanatique. Il rappelle sur son canal telegramm que le Président a appelé à un équilibre entre la protection de la santé et la limitation des droits fondamentaux, il ne faut donc pas tomber d'un extrême dans un autre. Je cite Volodine :

"Il est important pour nous de préparer la décision, qui permettra de protéger la vie et la santé des gens, sans pour autant porter atteinte aux droits fondamentaux"

Le président de la Douma affirme que les députés ont déjà reçu plus de 120 000 lettres officielles de leurs électeurs en réaction au projet de loi sur les QR Code, qu'il y a encore plus de réactions dans les réseaux sociaux et que tout cela doit être pris en compte. Il a également ouvert la discussion sous son texte et l'on trouve à cette heure déjà plus de 260 000 commentaires, quasiment tous opposés à la vaccination obligatoire et aux QR Codes.

Je précise, pour les personnes de mauvaise foi - les gens sont pas opposés à la vaccination en soi, et sans cette hystérie les chiffres auraient d'ailleurs certainement été meilleurs, ils sont contre la violence psychologique et sociale, qui est portée par l'obligation vaccinale de facto imposée dans toutes les régions de Russie à la population, pour l'instant, de plus de 18 ans. Et, alors qu'ils ont en grande majorité des smartphones, qu'ils y perdent, malheureusement, une grande partie de leur vie réelle, ils ne veulent pas du contrôle systématique des QR Codes sociaux, ils ne veulent pas non plus devenir les moutons numériques, qui vont produire de la richesse en produisant des données. 

En France, malgré les manifestations, le pouvoir ne cède pas, car les dirigeants savent pertinemment d'où vient leur pouvoir réel et ce n'est plus du peuple. En Russie, les élites dirigeantes ne peuvent compter que sur le peuple et si certains groupes globalistes l'oublient, plus ou moins volontairement, l'instinct de survie politique, ajouté à certaines valeurs morales pour d'autres, peuvent éviter au pays l'implosion. Mais il est impératif pour cela que, cette fois-ci, non seulement le pouvoir fédéral refuse ouvertement la qr codisation de la société, mais l'impose aux régions, qui se sont déjà lancées, sans base légale, dans cette voie. Si la qr codisation deviendra de facto rampante, comme avec la vaccination obligatoire, la fracture et sociale et politique risquera de consumer le pays.