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mardi 22 mars 2022

Nouvelle défense européenne : l'UE perd-elle la boussole ?



Les 27 pays de l'UE, nous apprend-on, ont enfin adopté le super plan de défense stratégique de l'Europe, appelé "Boussole stratégique". Cela sonne peut-être très bien en anglais, mais en français ... passons. Comme annoncé, l'Europe doit être prête pour affronter les nouveaux conflits et mettra en place une brigade. Oui, une brigade. Entre manque de moyens et absence de volonté, l'UE in fine permet surtout de renforcer la domination de l'OTAN en Europe, dont le "partenariat" est béni. 

L'UE a adopté ce document, pompeusement appelé stratégie de défense, devant soi-disant conduire la défense européenne à un nouveau niveau. L'on rappellera que l'UE n'est pas un Etat, sa seule force armée légitime est celle des pays, qui la composent. 

Ainsi, une "force de réaction rapide" de 5 000 hommes (pour 27 pays ... ) va être mise en place. En fait, elle existe déjà - théoriquement :

Cette nouvelle force s'inspirera d'un système déjà lancé il y a une décennie - les "groupements tactiques" (EUBG en jargon) - mais jamais utilisé, faute de volonté politique. 

Donc cette "innovation" reprend une idée ancienne, qui faute de volonté politique n'a pas été réalisée, en espérant que la situation géopolitique obligera les pays à passer le pas.

Et reprenant pour cela la rhétorique du "grand bond en avant", Joseph Borrell toujours très en forme :

L'environnement de sécurité plus hostile nous oblige à faire un bond en avant

Donc, il faudra trouver 5 000 hommes, non pas pour défendre le territoire européen, cela reste du ressort de l'OTAN, mais pour aller sauver des ressortissants européens pris dans des conflits. Et c'est ce qui est appelé un "élément majeur" de cette stratégie. 

Pour le reste, rien ne change, l'UE rappelle simplement son inféodation au monde global, avec l'OTAN comme force militaire et l'ONU comme organe central, l'UE se voulant être une force régionale de ce système global :

"Une UE plus forte et plus capable en matière de sécurité et de défense contribuera positivement à la sécurité mondiale et transatlantique et est complémentaire de l'Otan, qui reste le fondement de la défense collective pour ses membres. Cela intensifiera également l'appui à l'ordre mondial fondé sur des règles, avec l'ONU en son centre"

Quelle place reste-t-il aux Etats dans ce schéma ? Un espace flou ressortant du larbin et de l'homme de main. Car c'est bien toute l'impasse de la situation : les Etats doivent être assez forts pour défendre le monde global, mais pas trop pour ne pas penser à la souveraineté.


 

 


11 commentaires:

  1. Je me trompe peut-être mais j'ai l'impression que l'UE essaie de recréer la FAR (la Force d'Action Rapide), créée en France en 1984 et dissoute en 1998 :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Force_d'action_rapide
    La FAR comptait un peu moins de 50.000 soldats professionnels d'élite bien équipés. Ce que l'UE prévoit de faire, c'est une micro FAR avec 5000 soldats, ce qui parait en effet très sous-dimensionné pour 27 pays. La question qu'il faudrait alors se poser, c'est : "5000 soldats pour combattre qui, quoi, où et comment ?". Si c'est pour aller casser du terroriste djihadiste au Mali , on sait que c'est trop peu. Si c'est pour aller chatouiller l'armée russe, alors là, je crois qu'il vaut mieux rentrer à la maison et faire un gros dodo, on fera des économies de temps et d'argent...

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    1. « [...] Il vaut mieux rentrer à la maison [...] »

      Pas si la brigade est équipée de gourdins. Ils prévoient même une compagnie d'élite équipée de deltaplanes (si le budget le permet) et de lance-pierres supersoniques (à l'étude).

      Jules.

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  2. A noter que l'OTAN coûte "un pognon de dingue" et ne produit aucun résultat tangible...surtout que les Russes sont en train d'annexer l'Ukraine sous le regard terrifié de ses plus proches voisins, dont la Pologne, qui constate avec amertume que cette OTAN obsolète a une trouille bleue d'affronter l'armée poutinienne et laisse tout ce beau monde régler ses affaires en famille. Les USA n'ont plus d'argent pour financer des guerres extérieures, d'où les colères de Trump qui insistait pour que les Européens mettent vraiment la main au portefeuille pour financer cette structure archaïque.
    En passant, voici le témoignage intéressant d'un Américain (d'origine chilienne)qui vit en Ukraine et qui constate que les Américains de la rue vivent une nouvelle "Grande Dépression" économique dont ils vont avoir du mal à se remettre : https://www.youtube.com/watch?v=AOuuppWA5II

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    1. Merci pour le lien Camembert.
      Nous sommes vraiment à un moment historique dans l'histoire de l'humanité et malgré ses défauts, JFK est hélas mort.

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    2. You're welcome Sir.
      Cette guerre de la Fédération de Russie contre l'Ukraine est en fait une remise en question de l'ordre de Bretton Woods. Le dollar US est en train de mourir, et donc les USA sont en train de couler gentiment sans s'en rendre compte. Leur vision des choses date de l'époque de leur grandeur qu'ils croient éternelle. Dommage, cette grandeur américaine est morte le 24 février dernier.
      RIP USA. Welcome Russia + China.

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    3. Bonjour!
      Mr Camembert où voyez-vous que la Russie soit "en train d'annexer l'Ukraine"?
      Les objectifs russes, me semble-t-il, ont été clairement annoncés : désarmement, dénazification, neutralité.
      La Russie n'a besoin "d'annexer" l"Ukraine mais de calmer un voisin trop dangereux et soumis à l'OTAN ennemi.

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    4. Apparemment, vous êtes mal informé(e) Monsieur ou Madame Anonyme.
      Poutine a prévenu Zelenski que s'il continuait à jouer la montre, à souffler le chaud et le froid sur les pourparlers et à faire dire tout la veille et son contraire le lendemain à ses sbires supposés négocier un accord de paix en Biélorussie avec la partie russe (Zelenski prend ses ordres de la Maison Blanche et n'oublions pas également le négociateur ukrainien prétendument « trop conciliant » qui a été tué par balles comme un vulgaire terroriste en revenant à Kiev en début de mois), alors en substance, je cite Poutine de mémoire, « l'Etat ukrainien tel qu'il existe jusqu'à aujourd'hui a de moins en moins de chances de continuer à exister ». Traduction : « Pour le moment, tu te couches et tu appliques mes 3 exigences de base : démilitarisation, dénazification et indépendance des républiques du Donbass, auquel cas tu restes président de l’Ukraine. Sinon, tu seras président d’un Etat virtuel qui n’existera que dans ta tête car je vais transformer la carte de ton territoire à coups de ciseaux et en passant mettre de nouveaux organes qui vont l’administrer ».
      La question est cependant toute rhétorique car aujourd’hui l’Ukraine est déjà annexée de fait aux USA avec la CIA qui a opéré « la révolution orange » et le coup d’état du Maïdan de 2014, mettant au pouvoir in fine Kholomoïski et sa marionnette Zelenski et finançant les dettes abyssales de cet ex-pays satellite de l’URSS avec l’appui du Congrès américain et le FMI. L’Ukraine sera obligatoirement annexée (provisoirement) par la Russie, qui va la restructurer et la re-financer d’une façon qu’on ignore encore pour éviter que ce pays à la porte de Moscou ne sombre à nouveau dans l’anarchie. Personne ne sait quelle forme prendra cette annexion/restructuration pour le moment. Par contre, il est absolument hors de question que les Russes mettent encore la main au porte-monnaie, on sait ce que l’Ukraine a coûté à la Russie quand elle était dans le giron russe. La Russie compte je suppose récupérer les avoirs ukrainiens détournés dans les paradis fiscaux traditionnels et financer via des structures privées ou semi-publiques la reconstruction de cet état au bord du précipice. Il faut dire que Poutine a payé toutes les dettes de l’Ukraine rubis sur l’ongle (250 milliards d’euros) et que l’état ukrainien n’a jamais remboursé aux Russes le moindre kopeck de cette avance de trésorerie. Pour comprendre la situation dans le détail, je vous conseille de jeter un coup d’oeil à cette analyse de Dmitry Orlov qui a été interviewé par le Saker Francophone en 2019 (long mais éclairant) : https://www.dedefensa.org/article/lesaker-usinterviewe-orlov
      Bonne journée ! :)

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  3. "l'ordre mondial fondé sur des règles"
    Que ne faut t'il pas lire. NOS règles serait approprié!

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    1. Bien sûr votre lecture (NOS règles)est correcte, mais pourrait-on, une fois n'est pas coutume, se consoler un peu avec "la bouteille à moitié pleine"?
      "... avec l'ONU en son centre". C'est ce que souhaitent aussi la Russie et la Chine. On lit beaucoup de choses quant à des velléités de se passer de l'ONU et "on" s'en est déjà passé à certaines reprises. Donc, c'est tout de même un bon point, qui n'a sans doute pas déclenché l'enthousiasme outre-Atlantique, où on préfère les "coalitions des volontaires"... Et au bord du Potomac, certains sourcils ont dut froncer en lisant "une UE plus forte et plus capable en matière de sécurité et de défense"(surtout que dans l'UE, il n'y a lus la Grande Bretagne).
      Quant à créer une brigade. C'est peut-être un début. Quitter l'Otan et créer un "machin" parallèle est absolument impossible aujourd'hui. Mais plus tard, la brigade existante pourrait se transformer lentement et devenir une force d'intervention militaire européenne, reprenant à son compte toutes les "manœuvres" ainsi que les mesures de sécurité en Europe.
      Évidemment, elle pourrait aussi devenir la Septième Compagnie... Il y a loin de la coupe aux lèvres...
      En Europe comme ailleurs, la "place qui reste aux États" dépendra toujours de ceux qui dirigent ceux-ci, et en l'occurrence surtout l'Allemagne et la France. Sauf surprise improbable d'ici un mois, on est fixé depuis longtemps pour la France. Pour l'Allemagne, on se plaignait de Madame Merkel, mais maintenant, la voilà remplacée par un chancelier dont la crédibilité est plus ou moins à la hauteur de celle d'un représentant de commerce. Il n'y a plus d'hommes (ni de femmes) politiques en Europe, sauf peut-être Monsieur Orban. Donc, il ne peut plus y avoir de place pour les États. (Mais dans cette histoire, quelle est la poule et quel est l’œuf?).
      N.B. Karine, si vous nous refaites un papier sur l'acteur qui joue le rôle de président ukrainien, s'il-vous-plaît, ayez pitié de nous, n'y ajoutez plus sa photo...

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    2. Pas de photo, mais une vidéo :
      https://www.youtube.com/watch?v=DcmyUXxFSIM

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  4. Il y a déjà eu l'EUROFOR et après les Groupements tactiques de l’Union européenne (GTUE) ou Groupement tactiques interarmées de réaction rapide (GTIRR), en anglais Battlegroups ou en acronyme EUBG, sont des forces multinationales interarmes de réaction rapide, capable de mener des interventions militaires dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune de l’Union européenne. Les Groupements tactiques doivent permettre à l’UE de réagir avec des moyens militaires adaptés face à une situation de crise au-delà de ses frontières.

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