C'est avec ces mots que le député et vice-président de la Douma Piotr Tolstoï annonce la décision des députés russes de faire sortir la Russie du système de Bologne, qui a fortement dégradé le niveau de l'enseignement depuis la chute de l'Union soviétique : "la décolonisation de notre système d'enseignement a commencé". Un pas de plus est fait dans le sens de la déglobalisation, avec la reformation normale des esprits. Seule, une Nation éduquée peut être souveraine.
Cela fait plusieurs semaines que la Douma se lance dans le processus de reprise en main du cours national, ce qui passe par un nettoyage sérieux du système législatif russe. Comme nous l'avions annoncé (voir notre texte ici), les élus entament un processus de vérification de tous les accords internationaux signés et ratifiés par la Russie ces dernières années, et de leurs conséquences juridiques, au regard de leur conformité avec l'intérêt national.
Le processus de Bologne, qui a englouti l'enseignement et la recherche en Russie depuis la chute de l'URSS, a eu des conséquences funestes sur le niveau des élèves et des étudiants, qui en sortent. Depuis des années, des enseignants tirent la sonnette d'alarme, depuis des années les structures bureaucratiques et les élites russes globalistes leur répondent qu'il "ne faut pas être en retard sur l'Occident", puisqu'il est bien connu que la lumière vient de la gauche ...
La dégradation de la crise ukrainienne, et la guerre globale qui se développe, ont permis de diminuer la légitimité de ces élites globalistes à l'intérieur du pays et de briser le postulat incontestable de l'intérêt a priori de l'intégration de la Russie dans les processus globaux. Ce qui ne veut pas dire, que ces voix ne se lèvent pas, bien au contraire, elles se battent avec, espérons-le, l'énergie du désespoir. Ainsi, l'incontournable Koudrine, figure centrale de ces élites, de déclarer que la Russie ne doit pas se dépêcher de sortir des accords internationaux. Comme si la Russie allait "s'isoler", comme s'il n'était pas possible de construire d'autres rapports internationaux, que ceux induits par la globalisation atlantiste, qui sont des rapports de domination avec les autres pays.
Piotr Tolsloï a lancé depuis quelque temps le mouvement de sortie du processus de Bologne. Cette idée a été soutenue par le ministère de la recherche et de l'enseignement supérieur et par celui de l'éducation nationale. Il citait Patruchev, le Secrétaire du Conseil de sécurité, qui lui-même soutient la sortie de la Russie du processus de Bologne :
""Les étudiants et enseignants russes sont "de fait évincés de la sphère scientifique et éducative occidentale", ce en raison de quoi il est devenu l'un des rares à avoir annoncé publiquement la nécessité d'abandonner cette innovation imposée."
Sur son canal Telegram, le président de la Douma Volodine a demandé aux gens, s'ils étaient pour ou contre la mise en oeuvre du processus de sortie de la Russie du système de Bologne. La réponse fut sans appel : sur près de 331 000 votes, 90% sont pour la sortie du système de Bologne.
"La décolonisation de notre éducation a commencé. Vient ensuite la modification ou la suppression de l'examen d'État unifié et la débureaucratisation du système éducatif dans son ensemble. Ca suffit."
Cette saine envolée n'a manifestement pas été du goût de tout le monde et l'Agence fédérale pour l'éducation de s'accrocher à son examen d'Etat, importé dans le cadre du processus de Bologne, pour des raisons idéologiques : elle ne voit pas l'intérêt d'annuler cet examen après la sortie de Bologne. Et pour cause, sinon il faudrait évaluer le niveau réel des élèves, cesser de bloquer un tiers de l'année scolaire pour la préparation mécanique au remplissage des formulaires et des types de questions, bref il faudrait cesser l'imitation et la bureaucratie et s'occuper réellement de l'enseignement. Ce serait manifestement terrible ...
Pour traduire cette position, disons que ces forces globalistes n'étant pas en mesure d'empêcher la sortie de la Russie du processus de Bologne, processus fondamental pour dégrader l'enseignement et donc prendre en main des esprits plus faibles, elles vont essayer de toutes leurs forces de nullifier les effets de cette sortie. Le combat ne fait que commencer, mais l'espoir est de retour.
Je me demande si ils vont se pencher sur le mémorandum de Budapest.
RépondreSupprimerOui, la souveraineté commence avec deux choses, l'indépendance du système juridique et l'indépendance de l'éducation. l'uniformisation de l'enseignement dans l'UE a été un désastre complet, sans même parler d'Erasmus. Parmi les raisons qui annoncent la complète déconfiture de l'Empire US, il y a le fait que son système d'enseignement s'effondre et ne produit plus que des avocats et des traders ! Ils importent des ingénieurs formés en Chine ou en Inde, provoquant leur propre colonisation !
RépondreSupprimerIN GIRUM IMUS NOCTE : Raisonnablement l'on ne peut souscrire à tout ce que vous écrivez plus haut. 1) La SOUVERAINETÉ est un concept large... Pour nuancer vos affirmations, elle commence plutôt par l'État formé (territoire/peuple/gouvernement) autodéterminé+indépendant. S'en suit le reste.
Supprimer2)Vous dites que "l'uniformisation de l'enseignement dans l'UE a été un désastre complet". Ne pas confondre "Uniformisation" et HARMONISATION. Et il n'y a pas de "désastre complet" de l'enseignement. Les universités - souvent pas dotées d'assez des moyens - font encore au moins le minimum. Le problème est plus politique. Enfin vous écrivez que "USA son système d'enseignement s'effondre, importent des ingénieurs formés ... ". Aux USA originellement presque tout le monde a des origines étrangères, donc pensez qu'embaucher un indien provoque la colonisation c'est voir les réalités de ce pays au prisme de l'Europe. Toujours est-il vrai que le système aux USA est ultralibéral et mondialiste(c.à.d, lors de l'embauche d'un salarié la question cardinal est "je gagne quoi" en recrutant cet ingénieur, mais pas ou très peu "je l'embauche car il s'appelle "Dupont"". Donc, là-bas, la mentalité n'est pas la même qu'ici, et méfiez de la presse française parfois déformatrice des réalités d'outre-manche.
Ce qui prouve à nouveau, s’il en était encore besoin, que l’opération militaire spéciale en Ukraine n’est qu’une des nombreuses phases du processus qui vise à la construction totalement irréversible, absolument juste et parfaitement nécessaire de la souveraineté de la Russie.
RépondreSupprimerCeux qui ne comprennent pas encore cela auront prochainement un réveil plus que difficile, …je ne cite personne !
Fabrice
------Un mot sur le SYSTÈME DE BOLOGNE ------
RépondreSupprimerPerso, mon cursus se situe entre l'ANCIEN système (DEUG / prépa/PCEM...Licence-Maitrise/Ingéniorat/médecine...DESS/DEA...doctorat et peut-être "HDR"-spécificité française" ) et le NOUVEAU système(Licence-Master-Doctorat/HDR). L'ancienne appellation "MODULE"(ex: Module de 35h de cours) s'est muée en Unité d'Enseignements(ex:UE35h).
En comparant les 2 systèmes, on réalise que c'est plus la forme qui diffère et moins le fond. Autrement dit, c'est plus la structure et moins les matières constitutives. Politiquement la Russie sera dès lors le 2ème pays à rejeter Bologne. Le 1er l'ayant fait subtilement est le Royaume-Uni alors que ce pays était encore dans l'UE(Anecdote : les échanges Inter-Universités étaient plus développés entre Royaume-Uni et des pays comme l'Afrique du sud, le Kenya, la Syrie, l'Arabie Saoudite, l'Inde, ...) que les établissements français!(Difficile de nouer des liens en matière d'Erasmus, cotutelle de thèse, stage, ..., y compris des séjours linguistiques scolaires qui ont plutôt un aspect d'activité BUSINESS là-bas).
2 points positifs du syst. Bologne : fini l'exigence des équivalences de diplômes sur le marché continental de l'emploi ET entre universités européennes. De plus, Erasmus est boosté. En France, la qualité de la formation dont on déplore la baisse de niveau ces dernières années n'est pas tant liée, à mon avis, au Système Bologne qu'à la politique et ses acteurs. Par exemple : la reforme du Collège par Mme la ministre Najat-BELKACEM qui a suscité des remous et celle bâclée des IUFM-formation des maîtres et profs- n'ont rien à voir avec le syst.Bologne; tout comme l'insuffisance et absentéisme des enseignants dans certaines écoles, le manque ou insuffisance de financement de la recherche, sans oublier des amphis bondés et la précarisation des étudiants indignés de faire la queue au Restau du coeur, ... .
Point négatif de Bologne : d'abord, les initiateurs ont eu tendance à s'inspirer des systèmes anglosaxons(USA et Royaume-Uni) comme s'il était totalement irréprochable/parfait . Ensuite, "Homogénéiser" les programmes des matières paraissait une une idée constructive, seulement cela a abouti à une sorte de culture scientifique"hybride", "internationale", métissée" acceptée par les uns, contestée par les autres. ------S'agissant de la Russie, je ne sais rien du tout de son ancien système à part le fait que son enseignement et recherche scientifique/technologique(Math, Physique, Chimie et Biologie...) jouissaient autrefois d'une forte réputation, ainsi que l'Art et la Culture (peinture, musique et danse classiques). Concernant les sciences humaines et sociales (droit, économie, sociologie, science politique, ...) en Russie, je n'en sais rien du tout. La littérature non plus(si, je ne connais qu'UN SEUL auteur:-) et pas n'importe qui : Fiodor Dostoïevski. En conclusion, le Japon, la Chine, Les USA, ..., ont des systèmes propres parfois sources d'inspiration pour certains pays; dès lors si la Russie trouve que son ancien est mieux, il est convenable de le rédéployer même si, PARTOUT, plus rien ne sera tout à fait comme avant car l'ancien système intégrera la NTIC: numérisation/digitalisation/, j'imagine.
RépondreSupprimerS'isoler n'est pas difficile : il suffit de rompre tous les accords internationaux. La liberté – corollaire de la souveraineté – doit rester primordiale. Le sage Kadyrov montre la voie : "La question ukrainienne est réglée, maintenant c'est la Pologne qui m'intéresse". Il faut continuer l'oeuvre émancipatrice et libératoire des peuples européens esclaves de la domination atlantiste. Non à l'éducation formatée des globalistes. Oui à à l'ouverture d'esprit, à la lucidité, à l'objectivité, en un mot à l'intelligence favorisée par le milieu éducatif en Russie.
Les lumières de la gauche sont pour les humains ce que sont les lumières d'une voiture pour un lapin !
RépondreSupprimerVous préférez les moutons qui jouent au loto ?
Supprimerchb
Pour tous les vendus, un souvenir : https://www.youtube.com/watch?v=qBNCFGjCdEY
RépondreSupprimerJe crois qu’il vaut mieux éviter de confondre deux choses : la reconnaissance internationale des études et des diplômes qui est une excellente chose pour les étudiants et les enseignants-chercheurs, et le niveau réel des étudiants. Ainsi, en France, il y a eu une chute affolante du niveau du fait de trois facteurs principaux : la méthode globale d’apprentissage de la lecture pour les plus petits, l’abandon d’un enseignement décent de la langue et de littérature françaises, et ensuite une idiotie (merci à Lionel Jospin) qui a consisté à vouloir décerner le Bac à 90 % d’une classe d’âge, peu importe le niveau. Pendant ce temps, les programmes ont été étoffés et certaines matières comme la physique, la chimie et la biologie ont été revues à la hausse et intègrent maintenant ce qu’on étudiait en premier cycle universitaire avant. Résultat : on accepte en fac des élèves dont le niveau réel se situe aux alentours du Brevet des Collèges alors le contenu des programmes est devenu plus difficile. Ces derniers passeront difficilement le cap des partiels de janvier la plupart du temps sauf si la promotion est nulle et qu’il faut réajuster la moyenne des copies à la hausse. On peut rajouter à cela une gestion nullissime des ressources humaines par des rectorats qui ne servent à rien : on peut sous-traiter les paies, l’entretien et la maintenance des locaux très facilement. En effet, l’Education Nationale est une organisation auto-gérée, ce sont les profs qui font tout le boulot. Et curieusement, ce sont eux à qui on dénie l’autorité naturelle qui sied à un instructeur. Cherchez l’erreur. Ainsi, nous étions dans un système ultra-élitiste qui se contentait de former les meilleurs sur la base des maths et de la physique, ces élites sont devenues ingénieurs ou chercheurs de haut niveau dans les années 60/70, au détriment d’une masse de gens plus ou moins instruits mais n’ayant pas de compétence professionnelle reconnue. Aujourd’hui, nous avons formés des gens médiocres, et même les ingénieurs ont un niveau très faible par rapport à leurs aînés. On a donc tiré volontairement le niveau vers le bas. Inutile d’accuser les enseignants dont le niveau a baissé également, la cause en est comme d’habitude l’idéologie politique qui prend le pas sur la rationalité et l’analyse des besoins de la société. De mon temps, le niveau des anglo-saxons était d’un an inférieur au nôtre car ils faisaient plus de sport, et moins de mathématiques. Quand on voit le classement Picasa des élèves français notamment en maths, il n’y a pas de quoi être fier. Les asiatiques sont en pointe. Cela dit, les maths sont juste l’expression d’une forme d’intelligence, il y en a plein d’autres en effet (Cf la théorie des intelligences d’Howard Gardner – 1983) et les maths ne devraient pas nécessairement être la matière de sélection principale, mais ceci est un autre sujet. :)
RépondreSupprimerEn attendant, il semblerait qu’en Russie, nous ayons les mêmes problèmes. Bienvenue au club !
Des infos additionnelles sur la baisse de niveau des élèves français à l’entrée des écoles d’ingénieurs ici : https://reseauinternational.net/le-niveau-catastrophique-des-eleves-reflete-la-faillite-de-la-societe-francaise/