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vendredi 12 juillet 2024

OCS et le retour du développement durable : la déglobalisation est repoussée en Russie


L'on croyait la liturgie du développement durable enterrée avec le départ aussi précipité, que discret, de son lobbyiste Anatoly Tchoubaïs, qui à des postes-clés en Russie dès 1991, était en charge de la dislocation globaliste du pays et a réalisé un travail remarquable et remarqué en ce sens. Mais alors que la guerre s'installe, les fondamentaux globalistes reviennent à l'ordre du jour grâce aux pseudos organes alternatifs à la globalisation, en l'occurrence l'Organisation de coopération de Shangaï (OCS). Il semblerait que ces élites gouvernantes aient véritablement perdu même leur instinct de survie. Au minimum, car si la Russie disparaît, elles disparaitront aussi dans la foulée.

Boris Titov, entrepreneur nommé Ombudsman pour le business sans qu'un conflit d'intérêts ait pu être envisagé, s'est vu également nommé à la place d'Anatoly Tchoubaïs, l'un des nombreux hommes de main employés pour la globalisation de la Russie, au poste de représentant spécial de la Russie auprès des organisations internationales pour le développement durable.

Avec le début de l'Opération militaire, Tchoubaïs avait quitté le pays, son travail étant gêné par le risque d'un virage idéologique. Et pendant deux ans, nous avions réussi à ne plus entendre parler de "développement durable", mais au contraire de relance de l'industrie et de l'agriculture. Qu'à cela ne tienne, s'il n'est plus possible de passer par les courroies habituelles de gouvernance externalisée, d'autres sont déjà prêtes en cas d'avarie.

L'on voit alors arriver sur la scène ces pseudos organes alternatifs à la globalisation, BRCIS ou OCS, qui soi-disant font tellement peur au monde global. La peur doit être assez relative, puisqu'ils ont exactement le même programme. Notamment le fameux et funeste développement durable.

Ainsi Titov d'annoncer que l'OCS a décidé de placer l'année 2025 sous le signe du développement durable. Il n'y a effectivement rien de plus urgent ... pour ces élites globalistes, que de reprendre le terrain perdu. Et l'on retrouve dans la bouche de Titov le même laïus, selon lequel le but du carbone zéro est le meilleur moyen de soutenir la production nationale ...

"Nous considérons que notre tâche consiste à créer des instruments unifiés au sein de l'OCS qui nous permettraient d'atteindre un nouveau niveau en termes de neutralité carbone, de responsabilité sociale des entreprises et de normes de gestion visant à développer non seulement les entreprises, mais aussi la société dans les pays où elles fonctionnent. Entre autres choses, nous unifierons les normes et travaillerons sur un système unifié de quotas d'émission de gaz à effet de serre. Je suis convaincu qu'en termes de développement durable, les pays de l'OCS sont capables de donner l'exemple au monde entier."

Et pour ceux, qui n'auraient pas bien compris que la Russie est toujours prise dans les griffes de la globalisation, Titov de préciser assez brutalement :

"Il a semblé à beaucoup qu'avec tous les problèmes actuels - sanctions, perturbations des chaînes d'approvisionnement, etc. - l'on oubliait un peu vite l'importance du développement durable pour l'économie du monde entier. L'OCS, comme nous le voyons, ne le pense pas. Les États participants sont déterminés à atteindre 17 objectifs pour mettre en œuvre le développement durable des Nations Unies dans votre vie."

Moralité de l'histoire : le monde multipolaire, c'est de la globalisation régionalisée. Rappelons que l'OCS a été institutionnalisée en 2001, en pleine globalisation triomphante, comme un organe régional s'inscrivant parfaitement dans les règles globales, par la Chine, la Russie et quatre pays d'Asie centrale appartenant à l'espace post-soviétique. Elle s'est ensuite étendue à d'autres pays. L'OCS fait suite au Groupe de Shangaï fondé en 1996, quand ni la Russie, ni les pays de l'espace post-soviétique ne possédaient de pouvoir réel suffisant pour imposer une initiative sur la scène internationale. Je ne parlerai pas de la grande résistance idéologique de la Chine, usine de production du monde globale soupoudrée de fanatisme technologique.

Nous sommes bien loin de l'instauration de mécanismes de restauration de la souveraineté nationale, d'une véritable relance de l'économie nationale et de la production, d'une déglobalisation des esprits et d'une libération de l'enseignement et la recherche des dogmes globalistes. Mais chacun applaudit au son du "monde multipolaire" suffisamment fort, pour assourdir les questions fondamentales qui montent et révèleraient à quel point le roi est nu. 

13 commentaires:

  1. Vous dites que le monde multi-polaire est de la globalisation régionalisée et il y a peut-être un contre-sens dans la formule.
    Le problème de la mondialisation (terme que vous semblez déjà avoir oublié) était qu'il s'agissait précisément d'une globalisation uni-polaire, fondée sur la prééminence hégémonique des États-Unis et dont l'instrument et l'arme de destruction massive était le dollar.
    En fait, à partir du moment où le billet vert était admis, de bonne grâce ou non, comme l'instrument d'échange universel, la mondialisation coulait de source comme une suite logique puisque cela permettait aux USA d'exporter et leur inflation et ce qui pouvait la provoquer à commencer par une bonne partie de leur production industrielle.
    C'est ce système qui a permis à l'Amérique (avec le concours des européens dont les banques étaient friandes de prêts en dollar) de vivre grassement à crédit tout en appauvrissant des pans entiers de sa population (la répression des revenus découle aussi de la même logique).
    Le problème principal est donc bien l'unipolarité puisque c'est l'hégémonie monétaire qu'elle implique qui permet de laisser libre cours à toutes les dérives économiques à commencer par celles enfantées par la lubie climatique, faux-nez de son véritable objet qu'est la préservation à tout prix du système uni-polaire !
    De ce que je vois des travaux des BRICS sur les fondations d'un nouveau système monétaire international et qui exclurait de principe l'idée d'une monnaie nationale hégémonique (les chinois en particulier sont pour l'instant trop avertis pour faire cette connerie) je crois profondément que les traductions économiques et politiques de la lubie citée plus haut n'est déjà plus qu'un ciel de traîne.
    Quant à la globalisation, elle ne sera sans doute qu'une pause dans la tentation inhérente aux puissances humaines à vouloir accéder à l'hégémonie en se mondialisant. Le mieux sera encore de profiter du répit.
    Driss.

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    1. Je n'ai pas oublié ce que signifie la globalisation et elle ne se réduit pas au billet vert, c'est une vision très réduite. D'autant plus que l'apparition de l'euro n'a rien changé ici, au contraire, cela a encore plus détruit la souveraineté. En revanche il faut être très naïf pour penser que ces organes comme BRICS ou OCS, qui mettent en oeuvre l'agenda globaliste, permettent l'émergence d'autres pôles de pouvoir. Ce n'est qu'une illusion. En ce sens, cette conception de la "multipolarité" est une forme de globalisation. Mais il est certes tellement plus confortable d'y croire...

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    2. Ce ne sont pas les dollars qui tuent les peuples mais les bombes américaines.

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  2. Et si l'on désignait ceux qui tirent les ficelles du globalisme ?
    Les Sionistes.

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  3. Merci Karine de nous révéler cette formidable conspiration - car il s'agit bien de cela.
    La globalisation est réchauffement climatique et méchant CO2, et les mesures tueuses qui vont avec : la "décarbonation" pour mettre fin aux moteurs thermiques qui ont supprimé l'esclavage. C'est aussi le tout électrique et le tout "IA", la médecine et l'enseignement à distance, les smart cities, le contrôle social etc, sans oublier le covid suivi du masque et des vaccinations...
    Bref en route la Russie, aussi, vers le transhumanisme ?

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  4. "globalisation" = "mondialisation"
    des échanges économiques, en tout premier lieu

    fait notable : pas de page "globalisation" sur Wikipédia
    mais une redirection sur celle de "mondialisation"
    précisant par ailleurs : "Ne doit pas être confondu avec mondialisme"...

    quant aux BRICS+ : quels sont ses objectifs ?
    il me semble que la définition la plus succincte qui puisse en être donnée figure sur la page https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/bric :
    Depuis le sommet de Iekaterinbourg en 2009 (Capdepuy, 2024), le groupe des BRICS a pris la forme d'une conférence diplomatique à part entière, donnant lieu à un sommet par an, se déroulant à tour de rôle dans chacun des cinq États. LE BUT de ces sommets EST D'AFFIRMER LA PLACE MAJEURE DE CES PAYS SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE, et de mettre en scène leur poids économique et politique, en particulier AU REGARD D'AUTRES ÉTATS OU GROUPES D'ÉTATS COMME LES ÉTATS-UNIS OU L'UNION EUROPÉENNE.

    en bref & clair
    les BRICS+ n'ont d'autre but que de faire front à l'hégémonisme [économico-politique] "occidental", dans la conquête d'une économie mondialisée/globalisée - qu'il n'est nullement question de remettre en cause
    seule différence : "win-win" : chacun sa part du gâteau (jusqu'à ce qu'il n'en reste plus...)

    la vision de la "souveraineté nationale" des BRICS+ se limite à la forme politique des états & variété culturelle des nations (multi-ethniques, pour ne parler que de la Chine & de la Russie...)
    les "dogmes globalistes" tels que "développement durable", "réchauffement climatique [anthropique]", "vaccination" à tout va & tutti quanti demeurent
    il n'y a guère que le "wokisme" qui soit véritablement rejeté

    "le monde multipolaire, c'est de la globalisation régionalisée"
    bien sûr ! mon cher Watson
    le fric, c'est chic
    what else ?...

    le "communisme" est mort - depuis longtemps, vive le capitalisme
    & le consumérisme - bien sûr, quoi que plus pour bien longtemps
    trop de monde, d' "inutiles" : bientôt le Great Reset
    dont il faut savoir qu'il s'inspire fortement de la Chine !
    https://lecourrierdesstrateges.fr/2020/12/02/le-great-reset-est-un-regional-socialisme/

    souriez braves gens
    bientôt vous serez tous filmés
    "vous ne posséderez rien mais vous serez heureux"...

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  5. De qui ces deux invidus sont ils les pantins ?
    ( Aux USA, Al Gore qui lança l'arnaque CO2/réchauffement climatique était un pantin des Rockefellers.)

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  6. Titov est membre du World Economic Forum de Davos créé il y a 40 ans par la dynastie Rockefellers : encore un porte-voix du "développement durable".
    Et je croyais qu'avec Poutine les oligarques n'avaient plus le droit de faire de la politique ?

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  7. Je n'ai pas dit que la mondialisation se réduisait au dollar mais qu'il en avait été l'instrument principal. Quant à l'euro vous avez bien sûr raison mais a-t-il été jamais autre chose qu'une béquille allemande de la monnaie américaine ? Sinon la dernière phrase de mon commentaire vous indique que je suis plutôt sceptique de nature. Tenir compte des forces en présence n'est ni naïf ni confortable (Marx vous l'aurait dit) et je pense simplement que les Forces qui, selon toute apparence, s'opposent au sein de la globalisation en cours ne conduisent pas forcément à un choix unique entre la peste et le choléra.

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  8. Poutine serait donc revenu subrepticement sur son fameux discours de Munich en 2007, aux thèses maintes fois reprises depuis en particulier par Lavrov tout récemment, dans lequel il promouvait un ordre mondial néo-westphalien, en rupture avec la conception d'un monde unipolaire, un nouvel ordre mondial multipolaire fondé sur le concert entre États-Nations souverains plutôt que sur des normes supra- ou transnationales, visions partagées par de grandes puissances non-occidentales, dont l'Inde et la Chine. On a du mal à le croire, sans pour autant prendre le flacon pour son contenu.

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  9. Très juste, ce constat...
    On ne peut s'empêcher de remarquer que la pierre d'angle de l'édifice libéral, i.e le "développement" axé sur la croissance de la "société de consommation", n'est nulle part contesté...

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  10. Bonjour,
    Votre vision est inconfortable mais je la partage. Cependant il me semble difficile de faire coexister dans la durée le développement durable affichant un objectif d'émission zéro avec des conflits armés et le développement de l'IA, tous deux très énergivores. Il y a là une contradiction technique qui devra bien trouver une issue.

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    1. Karine, vous avez du boulot ici ... puisque des lecteurs croient que le carbone est un crimimel 😃

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