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vendredi 11 janvier 2013

Renforcement de la responsabilité locale et confusion des mécanismes

Voir: http://www.rg.ru/2013/01/11/regioni-dok.html

Le Président russe V. Poutine a adopté le 29 décembre 2012 un oukase qui vient d'être publié aujourd'hui, renforçant les mécanismes de responsabilité des autorités locales.
 
L'oukase n°1718 prévoit deux mécanismes. Le premier permet aux dirigeants des Sujets de la Fédération de présenter à l'exécutif fédéral une proposition visant à prendre des mesures disciplinaires contre les dirigeants des organes territoriaux du pouvoir exécutif d'Etat, quand ils n'exécutent pas correctement leurs fonctions. Ce mécanisme permet une meilleure circulation de l'information, de la faire remonter plus rapidement.
 
Il se comprend également en lecture conjuguée  avec le second mécanisme, qui prévoit la possibilité pour les chefs des organes exécutifs fédéraux d'initier une procédure de démission de ses fonctions d'un dirigeant local, lorsque celui-ci n'exécute pas correctement ses fonctions. Autrement dit, comme le dirigeant d'un Sujet est responsable du travail des différents organes locaux, ces deux mécanismes se complètent.
 
Toutefois un problème juridique survient. Que le pouvoir fédéral puisse remettre en cause les fonctions d'un fonctionnaire local nommé, cela reste dans la tradition administrative. Mais, les dirigeants des Sujets sont à nouveau élus. Et la question du fondement juridique d'un tel droit se pose. En principe, le parallélisme des formes est de rigueur. Une personne nommée encourre une responsabilité administrative / discilinaire. Une personne élue encourre une responsabilité politique / électorale. La responsabilité pénale, ou civile, est ici hors sujet, elle reste juridictionnelle alors qu'il est question dans cet oukase des responsabilités non juridictionnelles. Autrement dit, si le travail d'un dirigeant de Sujet n'est pas satisfaisant, c'est à l'Assemblée locale uniquement que devrait revenir le droit de provoquer sa responsabilité politique et posant la question aux électeurs. Le pouvoir central ne peut exercer de tutelle sur des organes locaux élus, c'est la logique de la démocratie locale.

jeudi 10 janvier 2013

Médias et idéologie: qui croire? Suite de l'affaire Depardieu

Dans mon dernier post, j'ai repris une citation d'un journal belge, Le Soir, qui citait des chiffres de Eurostat sur les européens qui prenaient la nationalité russe. Certains lecteurs m'ont signalé que les informations de ce journal était fausse, en effet, ils ont inversé les données, puisqu'il s'agit des russes ayant pris la nationalité de pays européens. Si certains l'ont fait avec bonne foi et délicatesse, d'autres lecteurs sont partis en combat contre un parti pris idéologique qui fausse l'analyse. Et c'est vrai, tout parti pris idéologique fausse l'analyse. Pourtant, des questions se posent ...
 
Cette information, sur les quelques 4000 français en possession d'un passeport russe, pour la plupart vivant avec femme et enfants en Russie où ils ont leur travail, vient au départ de ... TF1 (voir ici http://videos.tf1.fr/jt-we/le-20-heures-du-6-decembre-2012-7752846.html de la 6e minute à 7.55 minutes). On peut dire beaucoup de choses sur TF1, mais difficilement accuser la chaîne d'être un mallion de la propagande russe pro-poutine en France ...

Alors qu'en est-il des médias? On peut relancer la question avec la publication "démentie" du raiting "démenti" sur les personnes les plus puissantes dans The Foreign Policy. Donc, Poutine arrive en première place. Mais en fait en deuxième puisque la première est laissée vacante. Les Echos de Moscou lancent l'info. Reprise par les médias russes, quelle surprise, surtout de la part d'un journal aussi peu pro-russe. La machine médiatique s'emballe. Et là, coup de théatre, il ne s'agit plus du raiting fait par le célèbre journal, mais par le célèbre directeur du groupe de consultants Eurasia Group (voir les détails de l'évolition médiatique ici http://www.politonline.ru/rssArticle/16789215.html). Mais en fait, ce n'est pas un raiting, mais une plaisanterie. Il faut souligner que tant The Foreign Policy que Eurasia Group sont mondialement connus pour leur sens de l'humour ...

Conclusion évidente: la Russie est devenue l'enjeu majeur des plaisanteries, comme en des temps plus reculés, les belges faisaient la une des plaisanteries françaises.

Autre conclusion: Traiter de l'information sur la Russie devient un enjeu de communication politique de premier ordre.

Alors questions: Pourquoi provoquer une rupture idéologique dans les médias sur la question russe? Pourquoi des médias et des groupes reconnus doivent-ils se discréditer, en minimisant ou en reniant leurs écrits? Quand l'Eurasia Group fournit ses analyses dans la région et sur la région, quelle est la place de "plaisanterie" et quelle est la place d'analyse objective? A quel moment la surinformation aura-t-elle réussie à discréditer l'information?

lundi 7 janvier 2013

Depardieu: l'arbre qui découvre la forêt

On peut dire merci à Gérard Depardieu pour plusieurs raisons. Tout d'abord en ces temps de fêtes, il a enfin permis aux journalistes d'avoir quelque chose à dire et à redire. Les chaînes françaises en saturent et les auditeurs aussi. Il a également permis aux hommes politiques de parler d'autres choses que des moyens qu'ils comptent mettre en oeuvre pour relever le pays et ils peuvent se lancer dans de grandes tirades - un peu fade - sur l'amour de la Patrie.
 
Mais que signifie cette "affaire" Depardieu qui s'introduit en la bûche et la poire sur nos tables de fête?
 
Un acteur français de renom décide de s'exiler pour raison fiscale, même le Conseil constitutionnel reconnait qu'à 75% la taxe requalifiée en un impôt par les Sages devient confiscatoire, donc inconstitutionnelle. Mais il tourne à droite, à l'Est, et non à gauche, à l'Ouest. Il devra y résider pour bénéficier du régime fiscal favorable, ce à quoi il semble se préparer. Et de hurler à l'unisson à la haute trahison. D'appeler Pussy Riot pour remplacer Depardieu dans le coeur des français - remarquez, elles seraient plutôt bien dans les Valseuses.
 
Deux aspects au problème: l'un technique, l'autre idéologique.
 
D'un point de vue technique, reprenons les chiffres. Il y a en France, environ 5 millions personnes qui ont la double nationalité, pourtant personne ne parle de 5 millions de traitres. Aux Etats Unis, pour des raisons fiscales, selon le Federal Register, 1781 américains ont abandonné leur nationalité américaine en 2011, soit 16% de plus qu'en 2010 et 7 fois plus qu'en 2008. Mais, en ce qui concerne les expatriés, qui bénéficient d'avantages fiscaux, les chiffres sont édifiants. 5 à 7 millions d'américains expatriés. Sont-ils des traitres?
 
En ce qui concerne les relations franco-russes, G. Depardieu est loin d'être le seul à aller chercher en Russie ce qu'il ne trouve pas en France. Selon les données de Eurostat publiées par le journal belge Le Soir, "Les Français forment le plus gros contingent d’Européens à avoir acquis la nationalité russe, avec 4.503 Français devant 4.191 Allemands, 1.925 Finlandais et 1.881 Italiens. Eurostat n’a pas compilé les chiffres inverses ".
 
Et maintenant pour l'idéologie. Soit nous considérons que nous vivons dans un monde libéral, ouvert, dans lequel chaque individu est libre de choisir la société qui lui correspond. Et dans le cynisme ambiant, l'argent est un critère de poids. Soit nous en appelons à la Patrie, au danger national, à la Mère patrie qui a besoin des efforts de ses enfants pour sortir d'une période difficile, à un "mariage" pour le meilleur et pour le pire qui exclue le divorce. Mais cette conception n'est plus en phase avec la nouvelle conception de la société développée en France. Bref, il faut choisir.