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vendredi 16 avril 2021

Sanctions : Biden fait à Poutine un chantage à la soumission


Alors que dans le discours, Biden propose soi-disant de désamorcer les relations avec la Russie, c'est en tout cas ce qu'il affirmait à Poutine par téléphone, il vient d'adopter de nouvelles sanctions, visant les capacités financières de la Russie et sa dette souveraine - puisque Poutine n'a toujours pas répondu à sa "proposition", manifestement impérative, d'une rencontre cet été. Appelons les choses par leur nom, c'est du chantage. La Russie est sommée de se soumettre ... ou elle devra sortir de sa posture défensive.

Lors de son entretien téléphonique du 13 avril avec le Président russe, Biden affirmait vouloir trouver une sortie de crise, qui ne remettrait pas en cause les intérêts américains. Et une rencontre avec Poutine avait été proposée, dans les mêmes conditions que Reagan proposait une conciliation à Gorbatchev (voir notre texte ici). 

D'ailleurs Gorbatchev, confirmant ainsi son rôle actif dans la destruction de l'Union soviétique, trouve la proposition excellente. Des pays nordiques se proposent pour recevoir les deux Chefs d'Etats. Des scénarios politico-médiatiques se mettent en place. Bref, la pression est à son maximum. Et pour cause, la tentation est grande de remporter une victoire sans se battre ...

Mais le Kremlin garde ses distances. Peskov déclare que rien n'est prévu pour les prochaines semaines, que la question de la date n'est pas encore à l'ordre du jour, que l'on en est toujours à analyser, en soi, l'intérêt de cette proposition.

Bref, Poutine n'a pas voulu endosser les oripeaux de Gorbi, la Russie n'est plus celle de la fin des années 80, l'Occident avec ses cultes minoritaires, ses populations enfermées, son libéralisme écrasé n'a plus de modèle attrayant à proposer - le miroir aux alouettes s'est brisé. Reste la force.

La force militaire est trop dangereuse - pour l'instant. Des conflits localisés, qui utilisent des forces tierces, comme en Ukraine ou en Syrie, soit, mais un affrontement direct risquerait d'entraîner un changement trop radical et trop imprévisible des rapports de force. Et ... pour quelle cause envoyer des armées étrangères se battre pour l'Atlantisme ... D'ailleurs, les deux bâtiments de guerre américains, le Roosevelt et le Donald Cook, ont fait machine arrière et ne se dirigent plus vers la mer Noire.

Les sanctions sont de bonne augures dans cette configuration. Mais elles durent depuis longtemps et la Russie a eu le temps de les intégrer comme une donnée. Les Etats-Unis sont donc obligés d'aller de plus en plus loin, avec un effet direct limité contre la Russie, tout en provoquant, des effets politiques secondaires, dont ils se passeraient bien, mais qui sont inévitables.

Ainsi, Biden a adopté un ordre exécutif (publié ici en anglais) voulant toucher la Russie sur le plan financier. Ce n'est pas une surprise pour les autorités russes, qui attendent même (et s'y préparent) qu'à terme les Etats-Unis les bloquent des plateformes de paiement internationales. Ici, il s'agit principalement de bloquer le refinancement de la dette souveraine sur les marchés d'obligation :

"Treasury issued a directive that prohibits U.S. financial institutions from participation in the primary market for ruble or non-ruble denominated bonds issued after June 14, 2021 by the Central Bank of the Russian Federation, the National Wealth Fund of the Russian Federation, or the Ministry of Finance of the Russian Federation; and lending ruble or non-ruble denominated funds to the Central Bank of the Russian Federation, the National Wealth Fund of the Russian Federation, or the Ministry of Finance of the Russian Federation. This directive provides authority for the U.S. government to expand sovereign debt sanctions on Russia as appropriate."

En plus de cela, des sanctions individuelles ont été adoptées contre 6 compagnies de hautes technologies russes, sur le fondement des fameuses cyberattaques, contre 32 entités morales et physiques pour ingérence dans les élections de 2020. Et d'autres sanctions sont annoncées pour l'affaire "SolarWinds". Les Etats-Unis incitent également les Européens à adopter des sanctions individuelles sur le fondement de l'Ukraine et de la Crimée. Et n'oublions pas l'Afghanistan, etc. L'avantage des sanctions, c'est qu'il n'est pas nécessaire de prouver en justice la culpabilité pour entrainer la responsabilité et que l'on peut punir plusieurs fois pour la même accusation.

L'explication de Biden publiée dans le New York Times mérite de s'y arrêter : il a choisi de ne pas aller trop loin, d'être proportionnel, car il veut améliorer les relations avec la Russie (en adoptant des sanctions) ... et propose encore une rencontre à Poutine pour cet été. Qui a eu l'outrecuidance de ne pas accourir à plat ventre lors de la première invitation ...

“I chose to be proportionate,” Mr. Biden said in comments at the White House, describing how he had warned President Vladimir V. Putin of Russia of what was coming in a phone conversation on Tuesday. “The United States is not looking to kick off a cycle of escalation and conflict with Russia. We want a stable, predictable relationship,” he said, offering again to meet Mr. Putin in person this summer in Europe. So far, the Russians have not responded to that offer.

C'est bien la technique primitive du baton et de la carotte, qui est mise en jeu par l'Administration américaine, cherchant ainsi à tester la résistance de la Russie, à la fois dans sa politique extérieure et en ce qui concerne la stabilité intérieure du pays.

Mais ce jeu durant depuis longtemps, la Russie, que ce soit le Gouvernement ou la population, sont habitués. L'effet psychologique des premières sanctions est depuis longtemps passé, peu pensent sérieusement qu'elles pourraient être levées par l'obéissance et le renoncement à soi. Si des effets négatifs sur l'économie sont inévitables, cette stratégie des sanctions américaines produit beaucoup d'effets politiques positifs collatéraux. Tout d'abord, les sanctions décrédibilisent les groupes néolibéraux pro-atlantistes, qui ont infiltré le pouvoir, et diminuent leur influence objective - comment peut-on suivre l'avis de ceux qui soutiennent une puissance ouvertement hostile ? Ensuite, elles obligent la Russie à se concentrer sur ses propres forces de production, ce qui va à l'encontre de la politique de désindustrialisation lancée sur le mode du "nouveau monde post-industriel", où l'on n'a plus besoin de produire - car nous sommes tous devenus virtuels et l'on achète tout ce qui est produit en Chine.


15 commentaires:

  1. Pas de chance, Peskov annonce que Poutine(gorby 2?) est d'accord pour un sommet c'est une bonne idée(voir tass).

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    1. Vous auriez un lien ? Moi, je n'ai pas vraiment lu ça ... Sur TASS : https://tass.ru/politika/11171779 - "Песков ранее заявлял, что Москва будет действовать в отношениях с вводящим санкции Вашингтоном, руководствуясь принципом взаимности, а также отмечал, что новые рестрикции США не поспособствуют встрече Владимира Путина и Байдена, которую предложил Вашингтон." Les sanctions adoptées par US ne permettraient pas la rencontre proposée par Biden.
      Karine Bechet-Golovko

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    2. votre message en dit long sur votre souhait personnel et sur qui vous êtes !

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    3. Bof ! Anonyme - Votre dernier commentaire est sans intérêt. Alors que le premier a éveillé ma curiosité. En effet, j'ai trouvé sur le net une intervention de Kossatchev (Vice-président du Conseil de la Fédération) évoquant une feuille de route préparant le sommet. Apparemment et à ce stade des relations, cette feuille est rangée provisoirement dans un tiroir... Peut-être était-ce cela que vous souhaitiez commenter ?

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  2. Au Kremlin, la soumission de la Russie vis-à-vis des Etats-unis n'est manifestement pas au programme. Ces dernières années, les nombreuses déclarations de Poutine et Lavrov placées bout à bout révèlent pourtant de manière suffisamment évidente la position de la Russie sur l'échiquier mondial. Aux sanctions, aux mensonges et menaces de guerre, la Russie ne plie pas. La proposition de Biden pour un sommet avec la Russie ne suscite, pour l'instant, pas vraiment de réactions concrètes au Kremlin. Donc, le piège à ours du Donbass attendra et Washington aussi... Mais simultanément, au milieu de tout ce vacarme belliciste des faiseurs d'opinion, ne devine-t-on pas qu'une discrète et modeste riposte typiquement russe est actuellement en préparation ? Dans ce monde aujourd'hui en pagaille, peut-on espérer pour le continent Européen un projet de "Maison commune" version Gorbatchev 2.0 arrivant à maturation ? Somme toute, un programme destructeur du monde unipolaire...

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  3. Pourquoi rencontrer Biden physiquement lors d'une prétendue pandémie ? Ce dernier fait des visio conférences avec la commission européenne... Alors pourquoi veut-il une rencontre physique ? La Russie est en position de force et doit le rester...Et ne doit pas risquer la vie de son dirigeant...
    Nous ici c'est chaud pour la population, nous nageons en plein nazisme...Il faut appeler un chat un chat...

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  4. Bonjour à tous,
    J'ai eu un cauchemar un peu fou. L'idée occidentale (c'est-à-dire américaine) était de tenter de vaincre la Russie en éliminant son chef et créer ainsi une sorte de choc et d'effroi (sic) en Russie et, partant, une désorganisation soudaine permettant, que sais-je, à Navalny de prendre le pouvoir en sauveur.
    Pour ce faire, l'occident devrait se montrer faussement conciliante et inviter V. Poutine à sommet dans un endroit neutre. Pour éviter une réaction militaire immédiate en cas d'attentat à la vie de VP, il faudrait un attentat qui élimine aussi le président américain (après tout il est gâteux et proche d'un impeachment). Et hop le tour serait joué! Les USA n'y seraient pour rien (et cette manoeuvre expliquerait pourquoi Joe aurait été mis en avant pour l'élection du POTUS: afin d'être sacrifié le mompent venu).
    Mais ce n'est qu'un rêve. Il faudrait être pourvu d'une arrogance démesurée et pour tout dire croire au Père Noël pour que ça puisse se passer ainsi. Ouf!
    Sauf qu'on me dit à l'oreillette que les dirigeants américains sont ainsi, oui, complètement loufs. A ce point? Ca m'étonne un tantinet quand même.
    Non non non, ce n'est pas possible. Allez, je vais brancher BFMTV pour me changer les idées.

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    1. oui je crois bien que c'est leur plan et en plus ils l'ont annoncé : bidon n'a-t-il pas dit que Poutine est un tueur et qu'il le paierai très bientôt ?

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    2. Bof.

      On assassine un dirigeant avec une bonne cote dans l'opinion et le peuple en question va se jeter dans les bras de l'assassin ?

      La réaction évidente est c'est une déclaration de guerre : n'importe quel homme politique russe ne pourra pas faire autrement que de s'engager patriotiquement dans cette guerre - même la cinquième colonne.

      Ceci dit, pas mal de personnes très gâtées sont dans le fantasme total et n'ont pas les pieds sur terre - ce qui est le cas de nombreux dirigeants états-uniens. Ca pourrait être leur tombeau (et le nôtre).

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    3. Développements: si Poutine était assassiné en même temps que Biden, pourquoi voulez-vous qu'il y ait une déclaration de guerre dès lors qu'il apparaîtrait a priori impossible que les USA sacrifie leur propre président juste pour éliminer le président russe. Surtout si l'attentat se produisait dans un état neutre (à mon avis le mieux serait la Serbie, certes pas vraiment neutre mais raison de plus car plutôt russophile).

      Aujourd'hui, et probablement pour un long moment, les USA ne peuvent détruire militairement la Russie (même au plan d'une guerre nucléaire, VP a fait dire à des membres de la Douma qu'une ou deux bombes bien placées pourraient détruire l'essentiel des USA sans parler de Yellowstone, bref il a envoyé un message qui, croyez-moi, a été compris: la Russie pourra toujours, quelles que soient les circonstances, envoyer au moins deux bombes suffisamment puissantes là où il faut. On ne va développer plus, tout le monde sait l'avance considérable que la Russie a sur les USA en matière d'armement (elle l'a montré en Syrie par exemple). Bref, cette avance ne pourra être remise en cause par les USA dans l'état actuel de leur décrépitude (ne serait-ce qu'à cause de l'évolution de l'enseignement là-bas, où la psychologie, la sociologie et le droit l'emportent sur tout le reste spécialement les STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) où Russes et désormais Chinois excellent, avec un enseignement de très haut niveau quoiqu'il y ait des interrogations sur le maintien de celui-ci en Russie.

      Il y a ensuite les sanctions et la finance: problème, les occidentaux ont trop attendu pour y aller franco (peur de l'effet boomerang? Croyance que quelques sanctions suffiraient à faire plier l'ours, hubris démesuré?), ce qui a laissé tout le temps à la Russie de se préparer tout en se rapprochant de son puissant voisin asiatique pour parfaire sa résilience.

      Que reste-t-il? Ben pourquoi pas un assassinat ciblé de Vladimir POUTINE pour créer un certain chaos qui pourrait conduire à un effondrement comme à la fin de l'URSS et à une main mise occidentale même indirecte sur les richesses russes (n'oublions pas que la question de l'énergie devient existentielle aujourd'hui, et les Allemands l'ont compris). Je serais Poutine j'éviterais de quitter la Russie en ce moment (tiens mais n'a-t-il pas refusé cette fameuse rencontre avec Biden?). Plus encore, j'éviterais en toutes circonstances de quitter la Russie en même temps que Shoigu. Mais les occidentaux se doutent-ils que ce dernier est beaucoup plus dangereux pour eux que Poutine longtemps attiré par les ors de l'occident, ce qui n'est pas le cas de cet homme de l'extrême est qu'est Shoigu?

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    4. Suite de mon message.
      Deux précisions:
      Evidemment je n'ai rien contre la psychologie, la sociologie et le droit (je suis juriste), mais il ne faut pas que ces sciences, humaines et sociales, phagocytent tout le reste. J'aurais dû rajouter la finance et le commerce, toutes activités liées à l'instant présent, alors que, au contraire, les STEM touchent surtout à l'instant prochain, ce qui implique l'idée d'investissement à plus ou moins long terme, idée peu recherchée en occident, obnubilé par le rendement immédiat.

      Enfin, quand je parle d'une possibilité d'attentat, je n'envisage pas que les USA arrivent avec un petit drapeau en disant: "regardez on a tué VP et Biden aussi par la même occasion car de toute façon il était cuit". On peut penser à nombre de structures ou entités qui pourraient fomenter et revendiquer ce genre d'événement, dirigé à la fois , du moins officiellement, contre les USA et contre la Russie (Daech, Pravi Sektor, déçu par le manque d'aide occidentale, des talibans etc.)

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  5. Le problème avec les USA est que quand le président dit blanc, son administration dit noir. Biden pas plus que Trump ne commande rien. La Russie montre les gros yeux,répond au bluff des joueurs de pokers américains et n'a pas envie de mettre une déculottée aux Ukrainiens ou aux troupes de l'OTAN, mais le fera de façon chirurgicale si on attaque les ressortissants russes de l'Est de l'Ukraine je pense. Ce qui rend les choses délicates, c'est que les Russes comptent sur l'Allemagne qui a un véritable patron pour terminer le North Stream II et dans cette optique, il serait mauvais commercialement de se montrer belliqueux.

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  6. Les sanctions russes viennent de tomber, en riposte aux sanctions américaines, et elles sont salées. Ce qui montre à quel point les russes en ont par dessus la tête de cette bande d'enf....s.

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  7. Là c'est le début de la fin...Joseph Robinette Biden ne contrôle plus son expression orale et mélange les mots comme au stade précoce d'une maladie neurodégénérative.
    Vu sa sénilité, on comprend que Poutine n'ait pas pris la peine de répondre à sa précédente invitation (par contre, il lui a répondu quand Papy Biden l'a traité de tueur, en lui conseillant de faire attention à sa santé, et boum, ni une ni deux, le Biden se casse trois fois la figure dans l'escalier mobile qui monte sur Air Force One). Ca promet tout ça...au moins, on va se marrer un peu :)
    https://fr.sputniknews.com/amerique-nord/202104161045483486-biden-appelle-poutine-loutine-en-plein-discours-sur-les-relations-russo-americaines--video/

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  8. Les guerres ne sont en général voulues par personne.
    Mais il suffit d'un petite erreur humaine pour allumer la mèche d'une terrible catastrophe.
    Et avec un gâteux aux commandes de la plus importante force armée de la planète, le pire n'est pas à exclure!

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