La danse des abeilles
De nouvelles technologies de déstabilisation de la société russe sont apparues. Le bon vieux temps des insultes contre V. Poutine dans les réseaux sociaux ou des caricatures est passé, les grandes marches libérales anti-régimes ont tourné court, il a fallu faire preuve de créativité. Et pour qu'une méthode fonctionne, il faut également que le terreau soit fertile. Or, un des points faibles de la société russe actuelle est le mauvais goût. Elle n'en a pas le monopole, loin de là, mais la société française, par exemple, est alignée donc n'encourt pas les mêmes risques. La société russe, elle, est plus exposée.
Le mauvais goût s'affiche à la télévision par des émissions de télé-réalité plus stupides les unes que les autres, des "spectacles musicaux" on ne peut plus kitches, par le culte d'un moi artificiel surdimensionné. Le message passé est très simple: aimez vous mettre en scène, provoquez pour exister, sinon vous êtes rétros, hors jeu. Tout ce qui est vieux est dépassé, seul le neuf, le nouveau, le jeune a de la valeur. L'instant est roi, le temps n'est rien.
Face à ce message extrêmement destructeur de nos sociétés modernes, les structures publiques et une part de la société en Russie tentent de réagir. Comme ils le peuvent. Notamment en s'appuyant sur un système de valeurs plus traditionnelles. Et leur réaction pourrait être efficace si le problème était naturel. Mais en remontant la chaîne, on voit apparaître des fils dépassant les frontières.
Voyons comment les abeilles d'Orenbourg ont enflammé les médias, comment des petits soldats de plombs n'ont le droit d'être que dans un seul camp. Pas facile de jouer à la guerre quand elle se déplace insidieusement sur son territoire.