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vendredi 7 juin 2013

Divorce, communication et politique(s): le divorce du couple Poutine

Voir: http://izvestia.ru/news/551655

Hier soir, après une représentation du ballet Esméralda au Palais du Kremlin, lors d'une interview aux journalistes de la chaîne Rossiya 24, les époux Poutine ont annoncé leur commune décision de mettre un terme à leur mariage.
 
Voir l'interview ici:
 
Comme l'a délicatement souligné la journaliste, depuis longtemps Vladimir Poutine et sa femme n'apparaissent pas ensemble. Et il est vrai que des rumeurs se propagent sur la fin proche et possible du mariage entre Vladimir Poutine et son épouse Liudmila. On lui prêtait des aventures, ses enfants étaient présentés par la presse (étrangère) comme envoyés à l'étranger où ils vivaient dans des palais d'un autre siècle. La réalité semble se distinguer largement des fantasmes médiatiques.
 
Selon Vladimir Poutine et son épouse, la décision d'officialiser une séparation qui, dans les faits, est déjà consommée depuis longtemps, a été prise en commun. La raison avancée se trouve dans l'éloignement du couple suite au rythme de travail du Président et dans le fait que la première dame du pays ne veule assumer un rôle public.
 
Pour n'importe quel couple, la décision serait alors évidente. Mais il ne s'agit pas de n'importe quel couple, ni de n'importe quel pays. Cela pose tout d'abord des questions de protocoles, comme cela fut le cas un moment pour le président Sarkozy, dont les affaires de coeur firent longtemps la une des journaux de tout bord. Et la question qui se pose maintenant est de savoir s'il va se remarier ou rester célibataire le temps de son mandat.
 
Toutefois, cela relève en grande partie de la vie privé d'un homme public. Ce qui nous intéresse plus, est l'élément de communication autour de cette décision dans le cadre politique actuel.
 
A l'époque du culte sans retenu de la mondialisation, la Russie devient le leader de la défense des valeurs familiales traditionnelles. Et il eût été possible de montrer un Président vieux jeu qui incarne le passéisme de cette position. C'est un peu ce que veut faire une partie de la presse française en ressortant l'image de sa femme à l'église avec un foulard sur les cheuveux et non celle d'une femme élégante, comme lors de l'interview d'hier soir. Guerre des images, pour un combat idéologique. Les valeurs familiales sont rétrogrades et d'un autre âge, elles ne peuvent donc être défendues que par des gens dépassés. Or, ici Vladimir Poutine renverse la vapeur.
 
En ne faisant pas durer une union qui est arrivée à son terme, il donne une autre dimension à son message politique. Les valeurs familiales défendues en Russie ne sont pas celles du Moyen Age, il ne s'agit pas de contraindre la femme à rester au foyer envers et contre tout, il ne s'agit pas de la forcer à rester dans une union qui n'est plus que formelle. Il s'agit simplement de considérer objectivement que la famille est la cellule souche de la société, sans laquelle aucune société ne peut se développer. Que la vision d'une famille traditionnelle est compatible avec la vie moderne.
 
Ainsi, Vladimir Poutine ne donne pas prise aux rumeurs et positionne très clairement sa décision avec sa femme. Décision prise en commun, qui ne remet pas en cause les liens particuliers qui existent entre eux, ni avec leurs enfants qui ont étudiés et habitent en Russie (contrairement aux rumeurs aussi).
 
Pourtant, en rejetant la facilité donnée par l'hypocrisie, V. Poutine peut perdre une partie de son électorat. La Russie est un pays, dans une certaine mesure, axé sur les valeurs traditionnelles. Et, pour le chef de cet Etat, décider de divorcer, peut le conduire à perdre une partie de son électorat, notamment composé par les femmes mariées. C'est pourquoi on peut respecter le courage de ne pas dicter la conduite de sa vie privée en fonction des intérêts électoraux.
 

jeudi 6 juin 2013

Medvedev veut créer des doctorats spécifiques pour les hauts fonctionnaires et les bisness man

Voir: http://izvestia.ru/news/551548

Afin de lutter contre l'inflation des thèses soutenues par les hauts fonctionnaires et les bisness man, Medvedev a demandé de préparer avant le 1er  octobre un projet déterminant les conditions d'introduction d'un doctorat d'administration public pour les fonctionnaires et un doctorat d'administration économique pour les bisness man. Parallèlement, le délai lors duquel il sera possible d'attaquer une thèse pour plagiat pourrait être fixé à 10 ans. Ces propositions ne font pas l'unanimité.
 
Il est unanimement reconnu que le niveau scientifique des thèses soutenues a fortement baissé ces dernières années, sous l'effet de mode pour les fonctionnaires et les bisness man d'ajouter un joli diplôme sur leur mur. Mais les propositions de Medvedev sont-elles une solution?
 
Pour partie, oui, dans la mesure où elles permettent de réorienter ces individus vers leur spécialité et de libérer l'espace scientifique des parasites qui s'y engouffrent. Pourtant, quelques questions se posent, qui risquent de fortement limiter l'effectivité de ces possibles mesures.
 
Tout d'abord, ces personnes, très loin de la science, veulent justement un titre scientifique. En général, ils n'ont ni le temps ni la volonté de s'y atteler, mais ils ont les moyens de se procurer le texte prêt à soutenir. Leur motivation n'est pas la recherche et il y a peu de chances qu'ils s'y attèlent dans une spécialité prête pour eux. Ils n'en ont ni le temps, ni toujours les moyens intellectuels. D'autant plus qu'alors, ils ne seront pas reconnu comme "scientifiques".
 
De plus, se posent les conditions d'obtention des diplômes d'administration publique. S'il s'agit de leur apport à l'amélioration de la gouvernance, pour des raisons objectives de difficultés d'évaluation et des raisons évidentes hiérarchiques, chaque haut fonctionnaire se verra reconnaître ce titre. Comme une médaille supplémentaire. Ce qui ne présentera, ni pour lui, ni aux yeux de tous, aucune valeur. Il ne pourra de cette manière se distinguer de la "masse" de ses collègues. Si ce titre est nécessaire pour l'obtention de certaines fonctions dans la fonction publique, cela va faire grincer des dents et n'enlève rien au risque et à la tentation de la corruption.
 
Si la question doit évidemment être régulée par le droit, sa dimension dépasse largement la sphère juridique. Elle touche la question sensible de la mentalité très particulière de ces fonctionnaires qui ont besoin de prouver, de se prouver, de prouver aux autres une valeur qu'ils n'ont pas toujours. Cela démontre l'existence d'un problème central: la fonction publique n'est pas suffisamment valorisée. Et c'est peut être par là qu'il faudrait commencer. Tout en renforçant en parallèle la rigueur d'appréciation des thèses soutenues et à soutenir, sans tenir compte du "grade" ou de la fonction du candidat. En mettant un terme à cette complaisance, qui conduit à prononcer trop souvent cette excuse: ce n'est pas grave, de toute manière il ne va pas s'occuper de la science après. Et si justement cela était grave?
 

mercredi 5 juin 2013

Le ministère de l'éducation nationale encore aux prises avec le bac russe

Voir: http://newsru.com/russia/05jun2013/physics.html

Depuis l'introduction de cet examen final du secondaire, les scandales s'enchaînent et se ressemblent chaque année. Les tests, puisqu'il ne s'agit que de cela, ne permettent pas de sélectionner les élèves, ne sont pas une garantie. L'effet inverse est même à ce point catastrophique, qu'une exception a été faite pour les Universités d'Etat de Moscou et de Saint Petersbourg, afin qu'ils puissent mettre en place leur propre examen d'entrée. Le niveau réel des élèves pris sur résultats du bac russe ne correspondaient pas, et de loin, au niveau affiché par les résultats officiels. Comment cela est-il possible?
 
En fait c'est très simple. Les sujets sont disponibles sur le net, les réseaux sociaux, avant leur "ouverture" officielle. Parfois, les réponses sont même jointes. Ensuite, c'est un jeu d'enfant de réussir l'examen, sans rien comprendre à la matière: l'essentiel étant de mettre la croix au bon endroit.
 
On peut être surpris de la facilité avec laquelle ces informations sont diffusées. Selon un enseignant du secondaire interviewé sur une chaîne nationale, le problème est systémique. La carrière des enseignants dépend des résultats de leurs élèves, les écoles dépendent également de ces résultats, l'accès à l'Université va tout autant dépendre de ces résultats pour les élèves concernés et même le ministère de l'éducation en est dépendant.
 
Qui est donc intéressé par une épreuve objective? Il ne s'agit pas d'une condamnation individuelle, mais le système est construit pour entraîner les élèves à tricher et pour qu'ils considèrent cela comme normal. Et le système fonctionne à merveille. Vous retrouvez cette attitude ensuite chez les étudiants, qui ne comprennent pas et ne prennent pas au sérieux les remarques concernant le plagiat. Cet état d'esprit explique aussi l'ampleur du scandale sur les thèses.
 
Le problème est à ce point diffus, qu'il touche à l'état moral de la société. Quand la fin justifie les moyens, quand tout cela n'est qu'un jeu (puisqu'il n'y a presque pas de sanctions réelles lors de la tricherie, dans le meilleur des cas, il suffit de repasser l'examen), il n'existe plus de code moral. Et le résultat, nous le voyons tous les jours. Pas seulement nous les universitaires, mais tout un chacun. Car, en conséquence de cela la société regorge de pseudo-spécialistes incompétants. Et c'est toute la société qui en paie le prix.

mardi 4 juin 2013

Le maire de Moscou va remettre son mandat en jeu devant les électeurs

Voir: http://kommersant.ru/doc/2204356

Le maire de Moscou, S. Sobianine, pourrait démissioner de ses fonctions rapidement, ce qui permettrait de remettre son mandat en jeu devant les électeurs.
 
Entré en fonction en 2010 suite au départ de Y. Lujkov, vétéran de la politique moscovite, S. Sobianine s'est petit à petit imposé comme une figure forte du parti Edinaya Rossiya, malgrè une allure de haut fonctionnaire. Se confronter à des élections, depuis la réforme des élections locales, ne sera pas pour lui une opération facile. Pourtant elle est essentielle.
 
Alors que son mandat court jusqu'en 2015, comment expliquer cette urgence démocratique? D'un point de vue électoral, simplement. Au niveau local et au niveau national.
 
Au niveau local, il est risqué d'attendre 2015. L'opposant le plus sérieux est Prokhorov, qui avait fait de bons résultats à Moscou aux présidentielles. Le temps pourrait jouer pour l'opposant et de toute manière personne ne connaît la configuration politique qui existera alors. Il est donc plus intéressant pour Sobianine de provoquer le processus électoral maintenant et de concourrir lors des élections locales organisées sur tout le territoire le 8 septembre.
 
Au niveau national également, l'enjeu est de taille. Les prochaines élections présidentielles auront lieu en 2018. Si Sobianine attend 2015, et s'il perd, le contrôle politique de la ville de Moscou peut passer entre les mains des opposants. Et vu les risques toujours présents de manifestations, il est dangereux de ne pas tenir la capitale. Cela pour éviter la tentation des révolutions en couleur, qui ne sont pas qu'un fantasme de conspirologue en mal d'évènements.
 
 
 
 
 
 

lundi 3 juin 2013

Le maire de Makhatchkala arrêté

Voir: http://izvestia.ru/news/551334

Inculpé pour avoir organiser des meurtres en décembre 2011 et avoir proféré des menaces contre la vie d'enquêteur, le maire de Makhatchaka est maintenu en détention préventive par décision de la juridiction moscovite, suite à l'enquête menée par le Comité d'enquête.
 
Déplacé à Moscou, invalide, de nombreux proches ont fait le déplacement pour l'audience. Pourtant, la cour, malgrè la quantité impressionnante de certificats médicaux en tout genre présentés, n'a pas voulu laissé l'ancien maire en liberté avant le jugement. Les risques de pressions étant beaucoup trop important. En revanche, toute l'aide médicale nécessaire lui sera apportée.
 
Cette affaire pourra redorer l'image de la justice, surtout celle de la Cour de Basman qui est en charge d'un nombre important d'affaires sensibles. Et le message politique de la fin de l'impunité est relancé.