Avtovaz, le géant automobile soviétique, dont le processus de privatisation a commencé très tôt, dès la chute de l'URSS, et de manière à l'époque très discutée, a conduit finalement dans les années 2000 à une alliance avec Renault, puis à la prise de possession de l'entreprise par Renault. Depuis la décision de la Russie de réagir aux agressions de l'armée ukrainienne en février, l'ordre global est donné de rompre toute coopération. Les entreprises françaises ne se pressent pas à quitter le marché russe, mais "pour raison économique" Renault a quand même décidé de vendre ses actions. Ainsi, avec ce conflit, la Russie revient non seulement sur les privatisations des années 90, renationalise sa production automobile, mais décide même de relancer des modèles propres, donc de remettre en cause les mythes de globalisation, dont celui du monde post-industriel.
La Russie continue, lentement mais sûrement, à sortir de la globalisation, notamment en relançant sa production automobile nationale. Rappelons que le monde actuel est censé être un monde post-industriel. Ce qui ne signifie pas qu'il n'y ait plus d'industrie, mais que les pays européens doivent être "désindustrialisé" pour leur bien et dépendre ainsi de puissances économiques étrangères.
AvtoVaz est le géant de la production automobile, créé dans les années 60 par l'Union soviétique et dont le processus de privatisation fut acharné dès le début des années 90, alors qu'il était formellement présenté comme non rentable ... Après plusieurs détours, un accord est conclu avec Renault en 2008, qui fonde pour cela en Russie "Renault Russie", entreprise qui va alors acquérir 25%+1 des actions de AvtoVaz. Ensuite, Renault n'a cessé d'augmenter ses positions jusqu'à la prise totale de contrôle en 2019:
"En 2012, à Moscou, le chef de l'alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a annoncé la création d'une entreprise commune avec la société d'État Rostekhnologii appelée Alliance Rostec Auto B.V. Et fin 2013, Alliance Rostec Auto B.V. détenait une participation de 76,25 % dans OAO Avtovaz. Après une recapitalisation en 2016, Renault est devenu propriétaire de plus de 50 % de l'usine, ce qui a fait de l'entreprise russe une filiale de l'entreprise française. (...) En janvier 2019, Alliance Rostec Auto B.V. a porté sa participation dans Avtovaz à 100 % et en est devenu l'unique actionnaire, dont 67,61 % des actions appartiennent au groupe français Renault et 32,39 % à la société d'État Rostec (Russie)."
Les temps changent et le vent géopolitique vire à la tempête, Renault décide de revendre ses actions et finalement AvtoVaz revient dans le giron russe. Un accord vient d'être atteint entre Renault, la ville de Moscou et l'Etat russe par l'intermédiaire de la personne morale "NAMI" dépendante du ministère de l'industrie et du commerce :
"Le ministère a expliqué que les parts des actifs étaient réparties comme suit : 100 % des actions de "Renault Russie" appartiendraient au gouvernement de Moscou, 67,69 % des actions du groupe automobile AvtoVAZ deviendraient la propriété de la Fédération de Russie représentée par "NAMI", les actions restantes du groupe automobile AvtoVAZ resteront la propriété du groupe de sociétés Rostec."
Immédiatement, Sobianine, le maire de Moscou, a déclaré que Moscou relançait la production automobile de modèles nationaux, notamment une nouvelle version de la traditionnelle Moskvitch, avec en perspective (n'oublions pas quand même trop vite les fantasmes du monde postmoderne) la mise en série d'une Moskvitch électrique. Mais ça c'est pour plus tard dit-il, pour l'instant, il faut s'occuper du réel.
Ainsi, non seulement les emplois sont conservés, mais la Russie revient vers l'industrie, vers le monde du réel. Elle sort donc institutionnellement de la globalisation, mais aussi elle commence à s'écarter de ses mythes fondateurs. Ce qui est une excellente nouvelle pour le pays et son essor.
Oui mais cette usine est une usine d'assemblage , carrosserie et montage , elle ne produit pas les moteurs , les tableaux de bord , tout cela était importé donc je ne vois pas ce qu'elle va pouvoir sortir comme véhicule roulant.
RépondreSupprimerEn réponse au MESSAGE QUI PRÉCÈDE : à supposer que la dite usine soit d'assemblage, peu importe, la Russie entretient des liens avec la Chine et l'Inde pour ne citer que ces 2 pays producteurs des moteurs+pièces. Au passage, sachez que certains moteurs+pièces des véhicules - marques françaises - proviennent aussi d'Asie, puis assemblages ici. Russie et ex.URSS est un fabricant traditionnel des moteurs. Durant les années 80 jusqu'en 2001 notre voisin de l'époque (un chirurgien maintenant à la retraite) et ma famille, avions respectivement des LADA 4x4 très solides.
SupprimerMERCI
SupprimerLes moteurs sont produits en Turquie et Russie
RépondreSupprimerIl n-y a pas d'usine de fabrication de moteurs renault en Russie , suis allé vérifier sur le site de Renault.Ils ont une usine en Turquie qui produit certains types de moteurs mais Renault ne prendra pas le risque de les exporter vers la Russie car c'est sous sanction.
SupprimerÀ leur place je ferais une proposition à Carlos Ghosn...
RépondreSupprimerEn effet, très bonne idée ... Carlos Ghosn longtemps, encensé et aujourd'hui sous mandat d'arrêt français incompréhensible, est un génie dans ce domaine, parait-il. Mais bon, les russes ne manquent pas des cerveaux fiables et patriotes, j'imagine.
SupprimerTotalement hors sujet mais je souhaite signaler qu'il y a un article très interessant sur voltairenet qui démontre le lien entre l'eurovision et l'otan.
RépondreSupprimerLe lien stp ..xlt
SupprimerIl se dit que Renault aurait vendu ses action pour... 1 rouble symbolique.
RépondreSupprimerEvolutions intéressantes.
RépondreSupprimerEt dire que cela tombe juste après que notre exemplaire ministre de l'économie (ex ministre de l'agriculture qui ne sait pas ce qu'est un hectare) disait qu'il allait ruiner l'économie russe. Encore quelques mois de sa "guerre économique totale" et la France pourra acheter se voitures en Chine ou en Russie, si les russes n'en sortent pas trop amère.
Superbe ! Mais vraiment superbe pour la France et tant mieux pour la Russie.
Je ne voudrais faire de la peine à personne, mais quand un grand groupe multinational se débarrasse pour un rouble symbolique d'une entreprise comme AvtoVAZ qui emploie plus de 50,000 personnes, cela signifie dans la majeure partie des cas que l'entreprise est un poids mort qui perd une fortune chaque année.
RépondreSupprimerUne usine de 2.2 M à 1 brouzouff... qui ne l'achèterait pas ? Mais qui ?
SupprimerLa Russie "était" le 2nd marché de Renault (juste après "l'Europe" (toute l'Europe) et AvtoVAZ "était" le 1er centre de profit de Renault. Ca sera juste 2,2 000 000 000 euros qui seront payés par les contribuables frenchies, on a l'habitude, ça c'est pas bien grave au vue des -5% de la production industrielle (la seule qui compte...) après 5 ans de Macron et il est bien parti pour se dépasser.
Oui mais il faut du cash et des cerveaux pour transformer un poids mort en pépite...Ghosn est au Liban pour le moment, pas loin de la Syrie...peut-être que Poutine a des projets pour ce brillant manager qui sera capable de faire ce genre de jobs haut la main :)
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