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mardi 18 mars 2014

Les sanctions américaines et européennes contre la Russie: de l'impasse au suicide ?



Voir: http://www.bbc.co.uk/russian/russia/2014/03/140317_sanctions_russia_reax.shtml
http://www.rbc.ru/rbcfreenews/20140318015609.shtml
http://ria.ru/world/20140317/999747282.html



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Photo twittée par Dmitry Rogozine le 15 mars: "On attend les sanctions ..."

Les Etats Unis, puis l'UE, ont adopté des sanctions contre la Russie suite au référendum qui s'est tenu en Crimée dimanche 16 mars lors duquel les habitants ont massivement choisi de rejoindre la Fédération de Russie.
Il ne s'agit pas pour autant de sanctions économiques dans le sens classique du terme, mais plutôt de mesures de rétorsion personnelles à l'encontre de quelques personnalités russes et ukrainiennes qui ne plaisent pas ou plus aux Etats Unis et donc à l'UE. Une liste de 21 personnes pour l'UE (dont 11 pour les USA) à l'échelle des relations entre ces pays devient presque une affaire de famille. Ces personnes voient leurs actifs à l'étranger gelés et ne pourront obtenir de visa. Cela concerne, pour la liste américaine, V. Surkov, V. Yanukovych, S. Glaziev, D. Rogozine, V. Matvienko, L. Slutsky, A. Klichas, E. Mizoulina, S. Aksionov, V. Konstantinov et V. Medvedtchuk. La liste européenne a rajouté des députés et des membres de la flotte en mer noire.
La formulation américaine est amusante, car il ne s'agit pas du referendum en lui-même, mais des personnes responsables de l'introduction des troupes en Crimée. Donc, les Etats Unis restent bien dans leur rôle de défenseur des agressés - les habitants de Crimée - contre les agresseurs - les russes. Il serait en effet plus difficile de s'appuyer sur le référendum pour légitimer ces sanctions, puisque le taux de participation dépasse les 85% et presque 97% des habitants - donc pas que les russes ethniques, mais aussi les tatares, les ukrainiens etc - se sont prononcés pour l'entrée dans la Fédération de Russie. Sans oublier le mouvement de liesse populaire qui a suivi les premiers résultats. Difficile de continuer à affirmer qu'ils ont voté avec une arme pointée sur la tête.
Donc, il s'agit bien de châtier ceux qui ont oser permettre la réalisation de l'occupation militaire de la Crimée par la Russie (non, non, on ne parle pas des troupes à Sébastopol) et qui ont terrorisé la population dans une situation difficile et honteusement profité de sa faiblesse. Mais dans ce cas, par exemple, quel est le rapport avec Mizoulina? Elle a envoyé les troupes? Non, elle a soutenu la loi contre la propagande homosexuelle chez les mineurs. Tant qu'à faire, on peut ratisser large. Ou bien encore avec Andrey Klichas, qui dirige le comité du Conseil de la Fédération pour la législation consitutionnelle, il ne s'occupe pas de l'armée, mais de la loi. Donc oui, il travaille sur les aspects juridiques du rattachement de la Crimée et de Sébastopol à la Russie suite au référendum, à la déclaration d'indépendance et à la demande officielle des autorités locales d'entrer dans la Fédération de Russie. Mais puisque les sanctions ne sont pas liées au référendum directement, mais aux troupes militaires russes, quel est le rapport? Au fait, quelqu'un a pu dire quelles troupes occupent le territoire?
Sur le fond des sanctions. Il y a peu, la Russie a adopté une loi conduisant les députés et fonctionnaires russes à ne pas avoir d'actifs à l'étranger. Cela pour garantir leur indépendance. A l'époque, je trouvais la mesure un peu sévère, car je ne pensais pas que de nos jours il soit possible de tomber dans une situation qui n'existait même pas du temps de la guerre froide. Mais je me suis trompée. Donc, l'effet réel de ces sanctions est limité, seul un des membres russes de la liste a un appartement en Europe. Et Rogozine se moquait sur Twitter en demandant s'ils avaient pensé à ceux qui n'avaient ni biens ni comptes en banque à l'étranger ou bien si cela ne leur avait même pas traversé l'esprit.
Toutefois, ces sanctions ne serait que le premier pas. D'autres, plus générales seraient à venir. Mais là, les choses se compliquent. Aux Etats Unis, la Chambre de commerce rappelle qu'elle ne veut pas que les entreprises soient impliquées dans la politique. En Europe, les pays baltes, fortement dépendant de la Russie sur le plan des exportations, demandent à l'UE de compenser les pertes économiques occasionnées aux Etats membres en cas de sanctions économiques. Mais l'UE n'en a pas les moyens, c'est une évidence. La Pologne rappelle aussi que des sanctions contre la Russie vont fortement toucher l'Europe, mais l'UE aura-t-elle le choix? Question intéressante ... L'Europe a-t-elle envie d'un suicide économique qui entraînera un suicide politique? L'Ukraine en vaut-elle la peine? Pourtant, la question est juste: a-t-elle le choix? Et la réponse ne dépend pas vraiment de Moscou.
Donc pour l'instant, les sanctions restent surtout formelles. Pour le reste, il s'agira d'un rapport de forcem entre les "partenaires" occidentaux, autrement dit entre le business qui est unanimement contre et le politique qui est pour quand le peuple n'est pas franchement favorable. Sur le plan politique, tout va dépendre de la volonté des Etats Unis, mais la politique américaine dépend aussi fortement du business. A suivre ...

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