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mercredi 15 novembre 2017

Ministère de la défense russe: le Fake n'était qu'une erreur technique



La presse occidentale s'est fait un plaisir de souligner l'erreur de communication, particulièrement grave, du ministère russe de la défense illustrant des accusations portées contre les Etats Unis de protéger un convoi de terroristes en Syrie le 9 novembre. Guerre de l'information oblige, cela fait si longtemps que l'occasion était attendue.


Mardi, le ministère russe de la défense a accusé l'armée américaine d'avoir laissé passer le 9 novembre un convoi de terroristes à Abu Kamal, en Syrie. Non seulement, les Etats Unis ont refusé de les bombarder, mais ont tout fait pour empêcher l'aviation russe de s'en charger.

L'accusation est grave et ne permet pas d'erreur. Or, la personne chargée de la diffuser l'a accompagnée d'images dites "preuves irréfutables". Puisqu'il n'est plus possible de publier une information sans l'accompagner d'images, la politique résumée en BD. Dommage, ces images étaient des saisies d'écran d'un jeu vidéo. L'opposition radicale russe s'est déchaînée, Navalny en tête:

Sujet de Russia 24 qui montre ces "preuves irréfutables" tirées d'un jeu vidéo, écrit-il

"Ne vous trompez pas: à gauche, les preuves iddéfutables, à droites c'est n'importe quoi"

La presse, notamment française, s'en est donnée à coeur joie, l'occasion était trop belle, surtout en ce moment, oubliant qu'un Fake suppose l'intention de tromper:

Cela va du titre, assez neutre vues les circonstances, de l'Express:


Au véritable lynchage organisé par Libération, qui a du mal à cacher sa jouissance sous une couverture pseudo-objective de l'évènement:


Le texte de l'article se découpe en deux périodes. La première: la jouissance pleine et entière:


Que peut-on attendre d'autre de la Russie que de la propagande et des Fakes news, les Etats Unis et Theresa May vous l'avaient bien dit. Donc, les nouvelles images, qui ont remplacé celles publiées par erreur, sont étrangement floues, ne permettent de rien voir. Deuxième période: ne pas se laisser gacher la jouissance avec des détails.


Quel soulagement pour l'Occident, la Russie a enfin commis une erreur - et de taille. Juste au moment où les Etats Unis et l'Angleterre l'accusent de mettre en danger la sécurité de l'ordre mondial par une production systématique de Fakes. Cette boulette tombe mal. Très mal.

Sur le fond, dans un monde "normal", c'est-à-dire dans un monde qui s'appuie sur la réalité matérielle et non sur la réalité "composée", ces images ne changent rien au fond: la protection apportée par les Etats Unis à leurs "terroristes", en Syrien, en Ukraine ou ailleurs, là où ils sont nécessaires pour faire le travail que même la CIA ne peut se permettre de faire. Ce dont la presse ne parle absolument pas. C'est pourquoi le porte-parole du Kremlin, D. Peskov, déclare que le ministère de la défense a remplacé les images erronées par les véritables, l'erreur a été réparée, le responsable trouvé et "puni". Fin de l'histoire. Vraiment? Non.

Deux remarques.

L'histoire ne se termine pas ici, car nous ne vivons plus tant dans le monde réel, que dans un méta-monde, dans le discours sur ce monde, par les images produites sur ce monde. Nous voyons le monde qui nous entoure à travers ce prisme. Il a fallu beaucoup de temps à l'armée russe pour entrer dans ce monde. En fait, elle y est entrée avec la guerre en Syrie, elle a appris à communiquer, à changer l'image de l'institution, à "moderniser" le discours et l'image, à en faire une armée puissante - dans ce monde-là. A tel point qu'il est difficile de dire ce qui ressort du discours et de la réalité, les équippements ont été modernisés, tout comme les armes, les salles de commandements. Rien ne reste de l'image de l'armée soviétique, pourtant puissante ... dans le monde réel. Lancement en direct de missiles, images de drones diffusées sur le net. Quelle est la frontière entre l'image et le virtuel, entre le virtuel et le réel? Le discours produit de la réalité. Mais laquelle?

La vie comme un jeu vidéo. Le jeu vidéo s'est invité, presque naturellement, dans la vie. Là où n'est pas sa place. Mais il est tellement naturel pour les gamers employés par les différentes administrations en guise d'ingénieurs informatiques. Les gamers jouent, lancent des saisies d'écran. Quelle différence entre le jeu et la guerre?

Première conclusion: de la relative compétence des informaticiens hissés à un niveau qu'ils ne peuvent pas assumer dans la société actuelle. Ils sont des techniciens, plus ou moins bons dans leur domaine technique selon le cas, mais ils ne sont que des techniciens, qui ne remplaceront jamais, n'en déplaisent aux futuristes destructeurs, les producteurs d'idées, les producteurs "de monde". Personne n'a annihilé la frontière entre la création et l'adaptation. 

Il convient ensuite, en second lieu, de rappeler que l'armée mène le combat sur deux fronts - étrangement - également important. Une victoire dans la poussière, si elle n'est pas transformée en discours et en images n'existe pas. Elle ne pourra pas alors être capitalisée sur le plan politique, celui qui permet d'encrer les véritables victoires. 

Cette erreur technique du ministère de la défense russe n'est pas en soi une tragédie, elle ne change pas le cours des choses mais elle affaiblie la position russe sur le plan politique, surtout dans un contexte géopolitique particulièrement tendu et agressif.










8 commentaires:

  1. Ceci dit, même Le Figaro reprend une info BBC, concernant l'évacuation de mercenaires terroristes à Rakka, avec l'assentiment de la coalition civilisée, donc démocratique, donc US. Alors photo bidon ou pas, il me semble que le réalité reste la réalité: les groupes de mercenaires agissent bien sous la couverture des agresseurs occidentaux.
    http://www.lefigaro.fr/international/2017/11/14/01003-20171114ARTFIG00209-syrie-les-soldats-de-daech-auraient-beneficie-d-un-accord-pour-quitter-raqqa.php

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  2. Si les photos sont fantaisistes (nul n'est à l'abri d'une erreur) les infos sont justes. Dans la réalité les occidentaux ont armé financé et protégé l'EI et les mouvances terroristes. Dans la réalité fantasmée des occidentaux, ils ont terrassé l'EI et c'est la coalition occidentale qui sort grand vainqueur de la lutte contre le terrorisme. La vérité finira bien par s'imposer.

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  3. Oui c'est moche. Ca offusque la vraie nouvelle qui est que les US soutiennent Daesh. J'avoue avoir pensé que l'erreur fut intentionnelle.

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  4. La "stratégie" US en Syrie n'est qu'une succession de plans de plus en plus foireux. Vive la République Arabe Syrienne, une et indivisible!

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  5. Pour travailler un peu dans le métier de la communication et des réseaux sociaux, je ne vois pas comment une telle erreur technique est possible. Tous les communicants savent qu'ils doivent faire attention avec le copyright des visuels et qu'ils ne peuvent pas les utiliser en dehors des règles. Cela me paraît aberrant qu'une capture d'écran de jeu vidéo se trouve dans les fichiers de ces communicants et plus encore qu'ils l'utilisent. A fortiori quand on parle d'une armée, à l'occasion d'une communication particulièrement provocatrice. Les community managers ne sont pas laissés à eux-mêmes, il doit y avoir bien cinq personnes qui ont procédé à la validation d'un tweet d'une telle importance. Pour moi, la publication de tels visuels de jeux vidéo est un acte voulu, délibéré. S'agit-il d'un acte de traîtrise ou d'une action délibérée des pouvoirs militaires russes, aucune idée, mais il ne s'agit en aucun cas d'une "erreur technique".

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    1. Une action délibérée des pouvoirs militaires russes, dans quel but? Par contre, un acte de traîtrise rémunéré royalement par la CIA, j'y ai pensé tout de suite.

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  6. Guerre médiatique, guerre de l'image, lancées toutes deux en même temps que CNN, il y a déjà bien des années... Comme dit Unknown ci-devant, il serait bien étonnant que cette erreur n'ait pas été volontaire, peut-être même faite à plusieurs.

    Tout ceci me fait penser à une réflexion de Lucien Rivard, pas le vrai mais celui qui tient son rôle dans le film "Le piège américain" : « La vérité, c'est une idée dans la tête de celui qui écoute. Quand t'es capable de créer des vérités qui ressemblent à ce qui s'est vraiment passé, t'as un pouvoir absolu. Écoute-moi comme fou. Écoute entre mes mots puis dis-moi si c'est vrai ou si c'est réel. ».

    Non2.

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  7. "Cette erreur technique du ministère de la défense russe n'est pas en soi une tragédie, elle ne change pas le cours des choses mais elle affaiblit la position russe sur le plan politique, surtout dans un contexte géopolitique particulièrement tendu et agressif."

    Bonjour, je me permets de rebondir sur votre conclusion car je la trouve légèrement erronée. Et si l'erreur n'en était pas une ? Je veux dire par là et si la Russie avait délibérément pris la décision de sacrifier la forme pour l'emporter sur le fond ?

    A-t-on vu en effet Libération et les autres rapporter consciencieusement les graves accusations portées par la Russie il y a déjà plusieurs semaines contre les forces spéciales américaines qu'elle avait déjà accusées - photos satellites très nettes à l'appui - de collusion avec Daesh ? Il ne me semble pas.

    De la même manière, les a-t-on vus rapporter les dernières accusations portées par la Russie, et qui ne sont pas fondamentalement distinctes des précédentes, sitôt qu'ils en ont eu connaissance ? Non plus.

    Il a fallu que Bellingcat, trop heureux de débusquer une erreur aussi flagrante que celle consistant à insérer une image de jeu vidéo dont on peut se demander comment elle a pu se retrouver là, en fasse la remarque pour que la meute reprenne l'information en coeur.

    En rigolant grassement certes, mais la vérité, c'est qu'ils ont tout de même rapporté ouvertement les accusations du Ministère russe de la défense : les Américains fournissent un soutien direct à Daesh, et les Russes entendent y mettre bon ordre, sans préciser ni fixer les moyens qu'ils comptent mettre en oeuvre pour ce faire. D'ailleurs, une vague de 6 bombardiers stratégiques Tu22 n'a pas manqué les jours suivants de frapper un convoi de djihadistes en retraite qui croyait pouvoir encore bénéficier du parapluie aérien de l'US Air Force.

    Allons plus loin.

    Pourquoi porter de telles accusations ? Pourquoi les porter en se montrant aussi négligent, aussi dilettante sur la forme ? Jamais encore les Russes n'étaient allés aussi loin dans leurs accusations que ces dernières semaines. Lors du bombardement sur Deir Ezzor de septembre 2016, ils s'étaient contentés d'ironiser lourdement sur l'heureux timing qui avait permis à Daesh d'interdire l'utilisation de l'aéroport aux forces syriennes qui défendaient la ville.

    Pire, accuser faussement - du moins en apparence - les Américains de soutenir Daesh pourrait être perçu comme une tentative assez vaine, assez grossière, de justifier ses échecs en accusant un tiers d'être responsable de vos propres manquements.

    A moins évidemment que le but était de faire passer le message, étant entendu qu'une fois les rires éteints, seule resterait l'interrogation : cette accusation ne dissimulait-elle pas une menace à peine voilée ? Mais précisément, quand on porte de telles accusations, sauf à exposer sa propre faiblesse, il convient d'être en mesure d'appliquer toute la force nécessaire pour s'assurer que vous serez pris au sérieux.

    En septembre 2016, Deir Ezzor ne disposait d'aucune défense anti-aérienne. Aujourd'hui, elle abrite(ra) la deuxième base aérienne russe en Syrie. Et si elle n'est pas encore en mesure d'accueillir des appareils russes, du moins peut-on penser que les systèmes de défense S400 eux avaient été déployés avant même qu'ait été faite l'annonce que l'aéroport accueillerait un détachement de l'aviation russe. Mais, comme à leur habitude, les Russes attendent un grossier faux pas de leurs "partenaires" avant de manifester leur mécontentement. Sinon, cela pourrait être interprété comme de la paranoïa. Cela étant chose faite, autant dire qu'une zone d'interdiction aérienne pouvant couvrir tout le nord-est de la Syrie vient d'être créée. Et sans aviation pour soutenir leurs forces spéciales, les Américains n'auront aucun désir de s'éterniser.

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