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vendredi 12 avril 2019

Assange interpellé : la liberté d'expression au placard et le retour de la fameuse "ingérence russe"



L'arrestation de Julian Assange hier par la police londonienne dans les locaux de l'ambassade d'Equateur, après que le nouveau président pro-atlantiste lui ait retiré et sa nationalité et son asile politique, donne le ton d'un monde en pleine dérive autoritaire. Sur le plan de la politique intérieure, elle permet aussi aux Démocrates, après l'échec du rapport Mueller à démontrer une collusion entre Trump et la Russie, de relancer l'éternelle "ingérence russe", au lieu de préparer les nouvelles échéances électorales.


Les seules images de l'arrestation ont été tournées par RT, alors que l'ambassade était cernée de journalistes depuis 2012, date à laquelle Assange s'y est réfugié : 


Quel est le crime d'Assange ? Avoir diffusé des informations compromettantes pour trop de personnes, sans chercher à se garder un protecteur, c'est-à-dire sans sélectionner ses cibles. Et ça, ça ne se pardonne pas. L'on ne peut pas parler des bombardements contre les civils par l'armée américaine en Afghanistan, de la violation systématique de toute forme de droit à Guantanamo, des tortures en Irak, etc. Silence, les Etats-Unis libèrent le monde, ils sont le Bien.

Mais surtout, Wikileaks a diffusé, lors de la campagne présidentielle en 2016, 30 000 mails de Clinton ou qui lui étaient adressées, Assange s'est créé un ennemi mortel, Clinton étant persuadée que 1) il a travaillé avec les Russes pour cela et que 2) c'est la raison pour laquelle elle a perdu les élections. Il faut dire que les Démocrates sont toujours arrêtés à leur défaite contre Trump, qu'ils n'arrivent pas à dépasser. 

Ainsi, l'on trouve un peu partout, notamment dans le New York Times, cette idée selon laquelle Assange travaille pour les Russes et aurait ainsi perdu ses soutiens:


Pour cela, le nouveau président pro-atlantiste d'Equateur accuse la Russie cherchant ainsi à justifier la livraison d'Assange, pieds et poings liés, à la police qu'il a appelée. La logique est quelque peu étrange, puisque l'ingérence russe aurait finalement conduit à son élection ... alors qu'il est pro-atlantiste. Il est vrai que pour le convaincre, un prêt de plus de 10 milliards de dollars, à très long terme et très faible taux, a été accordé en février par des organismes internationaux comme le FMI ou la Banque mondiale. Mais que l'on ne considère pas du tout cela comme de l'ingérence, ce serait ... tellement déplacé, ce n'est pas la Russie. Il serait tout aussi inapproprié de voir ici une motivation à interpeller l'un des proches collaborateurs d'Assange à l'aéroport, au moment où il se dirigeait vers le Japon. Il n'y a ici évidemment aucune trace d'ingérence, non, ce n'est que de l'allégeance. Donc l'Equateur va "sérieusement" enquêter, lui aussi, sur la fameuse ingérence russe.

Donc, si l'on résume la situation juridique, assez ubuesque. Julian Assange perdu sa nationalité équatorienne et l'asile politique pour avoir, selon le Président de ce pays indépendant et souverain, violé les règles de son séjour courtois, ou dit autrement, pour avoir contiué à faire ce pour quoi l'Equateur le protégeait :


Ensuite, il a été interpellé par la police britannique, pour avoir violé les règles du contrôle judiciaire et donc de sa liberté provisoire, il y a 7 ans de cela, lorsqu'il avait été accusé de viol en Suède. La Suède avait plus tard abandonné les poursuites et le Parquet classé sans suite la plainte. Comme il n'y a donc pas de fondement pour interpeller Assange, la plaignante, hier, a déclaré qu'elle allait demander que l'enquête soit réouverte. En attendant, Assange a été interpellé pour un contrôle judiciaire dans une affaire classée sans suite. C'est pour le moins original.

Finalement, il va passer devant le tribunal anglais pour déterminer de son extradition vers les Etats-Unis, puisque tout a été organisé dans ce but, afin de répondre des accusations, cette fois, de piratage, en lien avec l'affaire de l'analyste de l'armée américaine Bradley Manning-Chelsea en 2010.

Evidemment, l'Australie, pays tout aussi indépendant que l'Equateur lorsqu'il s'agit des intérêts américains, a immédiatement déclaré par l'intermédiaire de son Premier ministre qu'Assange ne bénéficiera d'aucune aide particulière. Traduction : notre "amitié" nous est plus chère que la protection de la liberté d'expression, faites-en ce que vous voulez, nous sommes de fidèles sujets.

Sur fond d'échec des Démocrates au sujet de l'ingérence russe, l'interpellation de Julian Assange tombe à pic. Le rapport Mueller a fait long feu, la collusion entre Trump et la Russie n'a pu être démontrée. Or, les Démocrates ne peuvent toujours pas entrer en campagne pour les prochaines élections, ils ont un besoin hystérique  et compulsif de rejouer les précédentes. Assange relance la fameuse ingérence russe, sans laquelle les Démocrates seraient obligés de reconnaître leur échec. Trump, renforcé un instant dans ce combat interne, va devoir reprendre les armes.

D'une manière générale, le précédent créé est significatif de l'état de la liberté d'expression aujourd'hui dans notre monde. Et le message envoyé aux journalistes d'investigation est clair : restez sur les chemins balisés, protégez la main qui vous nourri et vous protège, sinon occupez-vous de la mode, des produits de beauté et des recettes de cuisine. Dans ce monde, seuls les valets resteront libres.




3 commentaires:

  1. Je n'ai pas compris pourquoi Assange n'a pas été à l'ambassade Russe! Les Russes ne l'auraient pas vendu.

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  2. Avec le changement de président et de politique en Equateur, comment est-il possible qu'Assange n'ait pas vu venir le coup? Pourquoi n'a-t-il pas demandé l'asile politique à un autre pays? J'ai du mal à croire que tout le monde tremble devant les menaces de représailles américaines.

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  3. « À une époque de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. » — George Orwell

    Et c'est bien le "révolutionnaire" Julian Assange que l'Occident poursuit inlassablement sans avoir pu démontrer la fausseté d'une seule des fuites de Wikileaks.

    Mais l'affaire n'est pas terminée. Mercredi, la veille de l'arrestation d'Assange, l'éditeur de Wikileaks, Kristinn Hrafnsson, l'avocate d'Assange au Royaume-Uni, Jennifer Robinson et Fidel Narváez, le consul équatorien qui a vécu avec Assange dès son premier jour à l'ambassade – le consul a été muté en juillet dernier par le nouveau gouvernement de Lenin Moreno – ont tenu une conférence de presse que les médias dominants ont ignorée pour la plupart.

    Kristinn Hrafnsson a révélé que Wikileaks a été victime d'une tentative d'extorsion, à hauteur de 3 millions d'euros, en échange de documents montrant que Assange a été espionné et filmé par l'ambassade, incluant ses rencontres avec son médecin ainsi qu'avec son avocat, violant ainsi le secret de la relation avocat-client. Une plainte a été déposée en Espagne où un juge d'instruction a ouvert une enquête.

    Le site d'information alternatif Consortium News, fondé par feu Robert Parry (qui a dévoilé le scandale Iran-Contra) fait le bilan de cette conférence de presse et en produit la vidéo :

    https://consortiumnews.com/2019/04/10/spanish-police-probe-extortion-scheme-involving-surveillance-on-assange/

    Non, cette affaire ne peut s'arêter aussi facilement que le souhaitent ceux qui abusent du pouvoir qui leur a été confié et le détournent à leur profit.

    À suivre.

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