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jeudi 30 mai 2019

L'expérimentation du vote électronique à Moscou et les risques réels de falsification des élections



La Russie vient d'adopter la loi fédérale prévoyant l'organisation d'une expérience de vote électronique à distance dans certaines circonscriptions électorales pour les élections des députés locaux de l'assemblée de Moscou ce 8 septembre. Les risques de falsification et de manipulation qui en découlent sont particulièrement sérieux, car il est impossible de déterminer avec certitude en finalité qui votera. Quand le culte du "progrès numérique" s'oppose au progrés démocratique.


La loi fédérale du 29 mai 2019 N°103-FZ pose les principes généraux du vote électronique à distance, dont les conditions techniques de réalisation reviennent à la Commission électorale de Moscou et à la législation locale.

Ainsi, à l'occasion des élections des députés locaux de l'assemblée de Moscou du 8 septembre, les électeurs auront la possibilité soit de voter traditionnellement, soit, dans certaines circonscriptions électorales déterminées par la commission électorale de Moscou, pourront élire leurs députés par voie électronique.

Pour cela, pas plus de 45 jours et pas mois de 3 jours avant la date des élections, ils devront déposer sur le portail électronique centralisé des services publics "gosuslug" une demande depuis leur compte personnel. Le jour de l'élection, ils recevront leur bulletin électronique dans leur compte personnel et en utilisant le programme de vote, ils pourront ainsi élire leur député.

Il est évident que ce type de procédure pose un certain nombre de questions de sécurité du vote. Certaines mesures, en ce sens, ont été prises. Tout d'abord, le compte personnel doit être "certifié", c'est-à-dire qu'à un moment donné, la personne a dû se déplacer soit dans un centre administratif, soit dans un établissement privé habilité, et présenter son passeport afin que son identité soit vérifiée. Ensuite, les risques de coupures électriques, de coupures d'internet ou tout problème technique existent toujours, donc un bureau de vote spécial pour le vote électronique à distance sera constitué dans la ville, où les électeurs ayant déposé leur demande de vote à distance pourront dans tous les cas se présenter pour aller voter physiquement. Enfin, afin d'éviter que toute personne puisse voter deux fois, une fois électroniquement et une fois physiquement, tout électeur enregistré sur la liste des électeurs à distance sera rayé du registre commun des électeurs. En revanche, si la personne ayant déposé une demande de vote à distance change d'avis, alors elle sera rétablie sur la liste des électeurs si elle présente sa demande toujours dans les mêmes délais des 45 - 3 jours.

Malgré cela de nombreuses questions subsistent, qui ne peuvent trouver de réponses, justement en raison du caractère électronique du vote. c'est-à-dire de l'exercice dématérialisé du droit de vote. Lors des débats à la Douma de Moscou, la dimension idéologique de cette démarche fut omniprésente. Chacun de rappeler que la Russie "prépare le passage à l'économie numérique", donc le droit de vote ... doit être dématérialisé ... car cela fait partie de l'économie ? Un député de Russie Unie a bien insisté sur l'importance de cette démarche, malgré la méfiance persistante des gens à l'égard du tout-numérique, en s'appuyant sur les slogans du moment, ceux qui ont remplacé le marxisme-léninisme, à savoir "blockchain" et "smartphone". A chaque époque ses "révolutions". Mais il s'agit toujours de construire un monde meilleur ... plus tard. Ici aussi, rien n'a changé. Car en attendant, le culte du "progrès technologique" mis en avant pour justifier tout et n'importe quoi, comme une prière fanatique, se heurte au progrès démocratique, dont l'heure de gloire est passée dans nos sociétés déstabilisées.

Le progrès démocratique ne peut consister en une approche quantitative du droit de vote, ici avancée pour justifier le vote électronique à distance, permettant à plus de personnes de réaliser leur droit de vote. L'accent étant mis sur les jeunes, génération "smartphonisée". Le progrès démocratique est qualitatif, lorsque le vote est certain, c'est-à-dire lorsque vous savez qui excerce son droit de vote et qu'il l'exerce en toute connaissance de cause. Or, ces deux éléments fondamentaux de l'exercice démocratique du vote ne peuvent en aucun cas être garantis:
  1. Je n'insisterai pas sur les piratages de comptes et des identités, qui sont un fait établi. Des gens se retrouvant avec des contrats de vente de leur appartement, qu'ils n'ont pas conclu; avec des amendes pour des voitures qu'ils n'ont pas; etc.
  2.  La loi fédérale stipule que la commission électorale de Moscou surveille les opérations de vote électronique. Sa surveillance ne peut être que formelle, car personne ne se tiendra à côté de vous pour vérifier que c'est bien l'électeur enregistré qui expédie son bulletin de vote, que le mari ne vote pas pour la femme, que les enfants ne votent pas pour la grand-mère, etc.
  3. De la même manière, va-t-on assister à l'ouverture massive de comptes certifiés, avec l'aide de "volontaires" de différents partis. Et vont-ils également aider au moment du vote ? Certaines catégories de personnes, âgées ou ayant des difficultés de déplacement, peuvent tout-à-fait être la cible des "volontaires" de partis politiques.
Nous sommes finalement ici confrontés à l'opposition du culte numérique et du progrès démocratique. Certaines opérations nécessitent une présence physique, car pour être efficaces, les contrôles ne peuvent être formels. Les électeurs ont déjà la possibilité de voter en dehors de leur circonscription électorale, de voter en avance, il est donc si difficile pour un citoyen d'aller mettre un bulletin de vote dans l'urne ? Etrangement, alors que les pseudos-libéraux sont habituellement si critiques face aux risques de falsification électorale, ici le "progrès numérique" fait taire immédiatement toutes les voix, empêche toute réflexion. ¨

O blockchain! O smartphone!

1 commentaire:

  1. Bravo pour la limpidité et le bon sens de votre texte!
    J'aime particulièrement votre phrase :

    "le culte du "progrès technologique" mis en avant pour justifier tout et n'importe quoi, comme une prière fanatique, se heurte au progrès démocratique, dont l'heure de gloire est passée dans nos sociétés déstabilisées."

    En Occident la démocratie est passée au lave cerveau télévisuel et au formatage idéologique par l'école dès le plus jeune âge...

    Peut-on encore parler de démocratie, lorsque la grande masse des citoyens est constamment manipulée ?

    La prochaine idéologie qui entraînera les foules vers le gouffre de la guerre, n'est-elle pas déjà bien ancrée dans nos Sociétés ?
    Les idoles modernes comme vous le soulignez si justement sont la soumission à la technologie!

    Mais je vois aussi "les droits de l'Homme" et "l'Ecologie"

    S'opposer à ces idéologies autoritaires, revient a être traité de négationniste par des personnes de plus en plus agressives.

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