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jeudi 11 juillet 2019

Billet en passant : d'une technologie à l'autre, où est l'homme ?



Alors que l'homme semble avoir de plus en plus de mal à maîtriser une technologie, et le mode de vie qui l'accompagne, hérités d'une période, pas si ancienne, où les enfants apprenaient à l'école, où les formations formaient des professionnels, une dangereuse fuite en avant se manifeste. Ce que l'on ne peut maîtriser, il faut le dénigrer. L'homme était sur la Lune avant que le culte technologique n'existe, peut-être parce que justement il n'était pas nécessaire - comme culte - puisqu'il y avait de grandes réussites. Pour autant, l'on ne peut sortir du culte technologique sur lequel repose la notion de progrès dans notre société matérialiste et un gouffre se constitue entre le discours et les faits. C'est l'impasse de notre époque. Les avions s'écrasent, les fusées s'enflamment ... et l'on apprend que les diplômes seraient un héritage barbare. Voici ce qu'a produit la déstructuration de l'enseignement, la barbarisation de l'homme. Ce n'est pas l'époque joliment appelée du "post-humain", ce n'est que la régression de l'homme.  - Certes, c'est moins joli.


Echec du lancement d'une fusée depuis Kourou, une première sur les 14 lancements précédents. Il y a quelques jours de cela, l'on apprend que les fameux programmes défectueux du Boeing 737 Max, qui s'est par deux fois écrasé, ont été conçus non pas par les ingénieurs de Boeing, licenciés car trop chers, mais par des ingénieurs n'ayant aucune connaissance particulière en aéronautique quelque part en Inde, payés 9 $ de l'heure. C'est ce que révèle Bloomberg. C'est la logique du profit immédiat, contre le bon sens, contre les stratégies à long terme. Car finalement, ça coûte très cher à la compagnie. Mais celle-ci n'a plus les moyens de ses propres ingénieurs, "trop payés", alors elle va recourir à des sous-traitants, dont on ne connaît pas la formation et qui produisent un travail de moindre qualité, mais à un prix intéressant - à court terme. Les impératifs de rapidité, de concurrence immédiate et de profit de notre époque ne permettent plus la prise en compte de la qualité, mais de la quantité. Et si les ingénieurs qualifiés occidentaux sont "trop payés" pour être employés, à terme, toujours dans cette logique, se pose alors une autre question : à quoi bon investir dans ces formations et donc à quoi bon proposer ces formations ? Il n'y a aucune vision d'ensemble de développement systémique d'une société donnée, d'une population, du maintien du niveau des hommes et des femmes qui y habitent. Non, le monde est globalisé et les zones sont réparties en fonction d'un rendement estimé de manière globale. Sans considération humaine (contruction de l'homme et non d'un travailleur / consommateur). Ni sociale (l'harmonie et la qualité de vie). Encore moins étatique (développement stratégique et indépendance).

Tout est mis au rabais, le diplôme est soi-disant un vestige barbare, surtout à l'époque du numérique, où l'individu "créatif", selon la fable primaire contemporaine, se formera toute sa vie ... sur internet. C'est l'idée grandiose du président de l'Institut Sapiens, publiée dans les Echos:
Si le système du diplôme a toujours présenté d'importantes limites, la révolution numérique en précipite l'obsolescence. On pourrait le qualifier, pour paraphraser Keynes, de relique barbare.
Pourquoi ? Parce que : 
des éléments indispensables à la productivité en entreprise n'y figurent pas : les soft skills, la capacité à travailler en équipe, l'empathie, le talent managérial… 
Et c'est exactement ce qui s'est passé, plus personne ne parle de connaissances. Les connaissances, c'est dépassé, d'ailleurs vous avez Wikipédia et Google pour cela, sans oublier les réseaux sociaux et les forums pour trouver des réponses à toutes vos questions. Quelle chance! L'on parle de productivité. Ce qui est important, c'est de travailler en équipe, d'être un bon manager. Bref, nous vivons à l'époque des génies sans bouillir, ils savent tout depuis la naissance, il ne leur reste qu'à savoir utiliser ces compétences basiques. Celles qui s'acquièrent sans difficultés, en "empathie", "en équipe" et surtout de façon ludique. Bref, nous devons former des pragmatiques, des exécutants, qui pourront à moindre coût remplir leur tâche. Compétences et non connaissances. Un monde d'ouvriers postmodernes ultra-spécialisés, sans aucune vision d'ensemble - sinon ils pourraient commencer à se poser des questions.

Or, ce modèle merveilleux de destruction de l'enseignement et de barbarisation de l'homme entre en confrontation directe avec les besoins de la société contemporaine en technologie. Cette société ne voit dans le progrès que son aspect matérialiste, elle progresse non pas quand la moralité, les connaissances abstraites, la réflexion progressent, c'est-à-dire quand l'homme peut développer son âme, son esprit et son coeur, mais lorsqu'elle annonce l'arrivée de nouveaux produits sur le marché, lorsque la technologie permet d'aller toujours plus vite, plus loin. L'homme est réduit à un corps qui doit produire sur commande et à un portefeuille pour acheter ce qui est produit. Les deux aspects étant géographiquement dissociés.

Mais à 9 $, si l'on va très vite, l'on ne va pas très loin - en tout cas, pas très longtemps. Et justement, les formations Wikipédia produisent ces effets-là.

L'homme a toujours progressé toute sa vie. Par la lecture d'ouvrages, il s'enrichit, se construit, se perfectionne en profondeur. L'homme n'a pas attendu le numérique pour progresser toute sa vie, il l'a toujours fait - s'il en avait la volonté. Et l'apport d'informations numériques, sur le plan qualitatif, est une régression phénoménale, dangereusement doublé par un accroissement quantitatif exponentiel. En ce sens, le numérique est plus une barrière à l'évolution de l'homme, dans son humanité.

Après avoir ainsi dégradé et l'homme et l'enseignement, il ne reste qu'à dire que les diplômes ne servent à rien. Ce discours sert surtout à cacher une volonté farouche de détérioration, car logiquement, si l'on en arrive à la conclusion, peut-être vraie en partie, que les diplômes ne servent plus à rien, l'on devrait faire en sorte qu'ils vaillent quelque chose, et non pas vanter les mérites d'internet - à la place des diplômes.

Est-ce que cela permettra d'être encore capable de lancer des fusées dans l'espace ? Est-ce que cela permettra de faire encore voler des avions ? L'on peut en douter.

Et c'est bien là tout le paradoxe de notre monde. Et c'est certainement pour compenser la régression dans les faits, que l'on a droit à un tel discours fanatique sur les nouvelles technologies ... car les anciennes, assez complexes, deviennent manifestement difficiles à maîtriser. Qu'il s'agisse de faire voler les avions, d'assurer l'approvisionnement électrique de tout un pays, d'assurer une présence humaine dans l'espace, de gérer les routes, les bagages dans les aéroports, etc. Des problèmes apparaissent partout, dans différents pays. Pourtant, notre monde tient justement sur ces "anciennes" technologies, toujours d'actualités et toujours nécessaires. Il faut bien produire des voitures, des avions, des trains, des frigos, des ordinateurs, des téléphones, tout ce qui fait partie de notre quotidien. Et ici, les technologies sont nécessaires, jusqu'à un certain point. Ces voitures "intelligentes", qui ne roulent plus quand il fait trop chaud ou trop froid ou quand il y a trop de sables. Ces frigos "intelligents" qui sonnent non stop, parce que le thermomètre électronique déconne et qu'il est impossible de le couper sans débrancher ce frigo. Ces machines à laver, dont les composants électroniques sautent à force d'essorage. Quant aux voitures volantes (qui ne sont évidemment pas des hélicoptères, ce serait trop simple - et déjà fait) ou les voyages touristiques dans l'espace, j'ai peur que même si un jour ils deviennent réalité, sait-on jamais, ils ne concernent pas le commun des mortels auquel nous appartenons vous et moi, mais des De Rugy qui veulent garder un contact avec la réalité.

Bref, éteingnez vos gadgets et ouvrez un livre, le choc est garanti !

2 commentaires:

  1. Très juste. Il y a bien eu une déstructuration de l'enseignement. En outre, l'insécurité et la violence dans les écoles (on parle de suicide chez des élèves d'une dizaine d'années) a probablement étouffé dans l’œuf beaucoup d'aptitudes aux études. Prédispositions qui ne peuvent se développer que dans un minimum de sérénité. ''L'avantage'' étant, ainsi, de ne pas complexer les nouveaux arrivants, même si cela limite les transmissions du savoir.

    C'est pourtant, à priori, une évidence : les défis que devront résoudre les Nations sont colossaux : Explosion démographique de peuples qui ont toutes les peines du monde à s'assumer, notamment sur plan alimentaire, maladies nouvelles, problèmes écologiques, énergie, technicité (le Venezuela ne sait plus exploiter ses ressources)...

    Lorsque l'essentiel des générations qui travaillent actuellement sera à la retraite ou aura disparu, la chétive relève, vraiment compétente, ne pourra pas assurer.

    Comme ils devaient être fiers, les enseignants qui ont attisé le goût pour le travail des Pasteur, Ampère, Calmette, etc...

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  2. Je me suis souvent demandé comment des connaissances techniques (par exemple et entre autre; chauffage central dans les villas romaines) qui existaient dans des civilisations passées avaient disparues par la suite. Voila,sans doute,l'explication.Ce qui est finalement très optimiste, c'est que l'avenir appartient forcément à la petite frange qui après toute cette dégradation (qui ne fait que commencer) restera debout.

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