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mardi 8 octobre 2019

Donbass : l'impossible retrait des forces armées et l'inconfortable Format Normandie



L'Ukraine est s'est enferrée dans une impasse. D'un côté, le mirage Zelensky a été mis en place pour changer l'image guerrière du pays, mais le conflit existe et sans lui l'Ukraine peut revenir naturellement dans le giron russe, c'est-à-dire simplement cesser cette hystérie antirusse. Donc, il faut un Format Normandie pour légitimer Zelensky et discréditer la Russie, mais surtout ne pas mettre fin au conflit. A la surprise de l'Ukraine, la Russie ne se presse pas pour fixer une date, alors que les trois autres parties sont sur le pied de guerre. En attendant, l'Ukraine a reporté la séparation des forces militaires dans le Donbass. Le jeu éternel du "on y est presque" peut continuer, mais il fait de moins en moins illusion.


Le 1er octobre 2019, les parties au conflit, à savoir l'Ukraine et le Donbass, ont finalement trouvé un accord autour de la Formule de Steinmeier et de la séparation des forces armées, non pas sur toute la ligne de front comme s'est emballé un instant - en paroles - Zelensky, mais au moins autour de deux localités, Zolotoe et Petrovskoe. Les dangers d'un processus politique, qui intègre de plus en plus la Russie, non pas comme garant, mais comme partie au conflit (voir notre texte ici) devraient inciter les Ukrainiens, guidés par la bonne parole atlantiste, à accélérer dans ce sens.

Pourtant, les choses ne sont pas aussi simples et l'Ukraine vient de rompre le processus, qui devait commencer parallèlement des deux côtés de la ligne de front, de retrait des forces armées. L'excuse est simple : il y a eu des tirs à un moment donné, pendant quelques minutes, sur le front. Donc le retrait est impossible, on attend à nouveau une semaine. Il faut dire aussi, qu'à l'annonce de ce processus, les forces nationalistes ont été sorties dans la rue à Kiev et que justement à Zolotoe sont réapparus les fameux membres du bataillon nationaliste Azov, affirmant rester défendre le terrain, même si les forces régulières se retirent.

Parallèlement, la préparation de la réunion du Format Normandie entre la France, l'Allemagne, la Russie et l'Ukraine avance, faisant pression sur la Russie pour s'engager plus avant dans un processus à l'issue - politique - incertaine. Politique et non militaire, car la résolution militaire du conflit ne dépend pas de la réunion ou non des deux leaders européens avec la Russie, mais d'une décision prise Outre-Atlantique, du retrait des "formateurs" et conseillers des pays de l'OTAN à l'oeuvre en Ukraine.

En principe, Zelensky a été mis en place pour cela, pour changer le discours. Adieu les appels à enterrer les enfants du Donbass dans les caves et vive la transitional justice. C'est beau, c'est grand, cest généreux et les paroles ne coûtent pas trop chères, elles pourraient même faire illusion : l'on ne compte plus les dirigeants déclarant en public que Zelensky veut réellement la paix, à la différence de Poroshenko.

Mais au moment de passer aux actes, finalement, on gagne du temps, car la situation n'est pas si simple. La guerre est nécessaire pour plusieurs raisons. Tout d'abord, maintenir en activité les forces radicales nationalistes, qui sont l'arme de terreur du changement de curseur géopolitique, sans lequel il n'est pas possible de reprogrammer la société ukrainienne, qui risquerait en son absence de revenir naturellement vers la Russie. Ensuite, sans la guerre, il faudrait au gouvernement ukrainien réellement s'occuper de la relance de l'économie intérieure. Certes, Zelensky a proposé de faire de Tchernobyl une zone de tourisme futuriste, avant lui il y a eu l'idée de propager les casinos. Ces propositions sont assez éloignées d'un programme économique sérieux, surtout dans le contexte de la destruction de la recherche, de l'industrie et des sciences. Enfin, la fin du conflit obligerait à lever sur un plan la pression internationale à l'égard de la Russie, alors que cet instrument peut encore servir et que le conflit primaire sur la vision unipolaire atlantiste ou multipolaire n'est pas réglé?

Autrement dit, il y a beaucoup de raisons pour que la guerre ne prenne pas réellement fin - sans oublier qu'un conflit armé se termine en général lorsqu'une des parties au conflit remporte la victoire militaire, ce qui est ensuite entériné par un acte politique. Aujourd'hui, la pensée postmoderne oblige à interrompre les conflits non épuisés militairement, à lancer des processus de régulation politique, qui permettent non pas la résolution des conflits, mais leur pourrissement. La Syrie en est un autre exemple.

Donc, si le conflit ukrainien ne peut être résolu pour l'instant, l'intérêt de la réunion du Format Normandie est ailleurs : faire entrer plus profondément la Russie dans le processus d'abandon du Donbass. L'on peut appeler les choses comme l'on veut, mais c'est bien cela qui est en jeu, car pour certaines forces politiques au Kremlin, il coûte trop cher - dans tous les sens du terme. Comme si le mettre de côté allait faire baisser la pression internationale sur la Russie. Comme si la Crimée allait pouvoir en sortir indemne. Puis les Kouriles. Puis Kaliningrad. Puis ...

Mais la Russie hésite encore à définitivement s'engager dans ce processus, particulièrement dangereux, alors que la pression internationale exercée sur elle est phénoménale : il faut dire que depuis 1991, une telle chance ne s'est pas présentée à l'Occident. Le porte-parole du Kremlin rappelle simplement que la réunion aura lieu lorsqu'une date convenant à toutes les parties sera fixée. Disons que, pour l'instant, la préparation du sommet se poursuit, mais l'agenda présidentiel est chargé.

2 commentaires:

  1. Je crois que Lavrov avait dit qu'il y aurait un sommet au format Normandie, à condition que l'Ukraine commence a appliquer les accords de Minsk. A ce jour il n'y a pas le début du commencement de quelque chose.
    En vérité ces accords sont foutus, ça traîne depuis trop longtemps, plus personne n'en veut.
    Les ukrainiens n'accorderont jamais l'autonomie au Donbass, par peur que les autres régions demandent la même chose. Quant aux habitants du Donbass, comment voulez-vous qu'ils reviennent dans le giron de l'Ukraine après ce que les ukrainiens leur ont fait subir depuis 5 ans?
    La Russie, quoi qu'il arrive, doit se tenir aux côtés du Donbass et protéger cette population à majorité russe. Le contraire serait inadmissible.

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  2. Seul l'intérêt de la population du Donbass peut guider les décisions allant vers la paix.

    Clairement, celui-ci n'est certainement pas de se faire bombarder tous les jours ou de se faire soumettre par leur tortionnaires.

    https://www.stalkerzone.org/dpr-pensioners-explain-what-its-like-to-live-in-a-basement-under-ukrainian-shelling/

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