Après la trêve de Noël, l'armée ukrainienne a commencé à intensifier les tirs dans le Donbass. Alors qu'il y eut la fameuse et inutile réunion du Format Normandie, alors que la presse cherche à évacuer un conflit qui ne termine pas derrière les énièmes promesses désavouées d'une Ukraine, dont le seul intérêt aujourd'hui sur la scène internationale, est justement l'entretien de ce conflit. L'Ukraine, devenue territoire faute de n'avoir su être Etat, ne peut plus se permettre l'indépendance, car elle a rendu les rênes du pouvoir. Si elle ne veut pas être laissée à l'état de friche sociale, elle n'a pas d'autre choix, que celui d'offrir son territoire et son peuple au jeu atlantiste qui la dépasse.
Dès la fin de la trève de Noël, les tirs de mortiers et d'obus ont repris sur la ligne du front (voir ici), qui n'a pas disparu magiquement suite à la réunion des présidents Français, Allemand, Russe et Ukrainien, puisque la question politique du Donbass n'est pas réglée. Et ne peut l'être pour l'instant, le conflit primaire entre le monde atlantiste et la Russie, dont la situation en Ukraine est issue, étant toujours actif. (voir notre texte ici). De toute manière, tel n'était pas le but fixé. Le seul intérêt de cette réunion est d'avoir montré, même à ceux qui le refusent, l'inconsistance de Zelensky.
La Russie n'ayant pu être déclassée du statut de garant à celui de partie des accords de Minsk, finalement rien n'a changé. Aucun statut pour le Donbass n'a été adopté, ce qui permet au moins à ce dernier de garder ses distances avec l'Ukraine post-Maïdan. L'Ukraine refuse toujours un dialogue direct avec les représentants des jeunes républiques de Donetsk et Lougansk, car elle reconnaîtrait alors la guerre civile. Il faut donc sortir de l'impasse, sinon le pays ne présentera finalement plus aucun intérêt sur la scène internationale.
Comme nous pouvons le lire sur les sites spécialisés, les tirs se sont intensifiés contre la république de Donetsk. Et ce n'est pas une coïncidence. Selon Donbass Insider:
Ainsi, si du 1er au 22 janvier 2020 la moyenne était de quatre violations quotidiennes du cessez-le-feu par l’armée ukrainienne, du 22 au 23 janvier, ce chiffre a été multiplié par trois, avec 12 violations enregistrées par la représentation de la RPD au sein du Centre Conjoint de Contrôle et de Coordination du cessez-le-feu (CCCC).Il en est de même pour le nombre de munitions, qui est passé d’une moyenne de 29 par jour depuis le début du mois, à 193 munitions tirées par l’armée ukrainienne sur le territoire de la RPD durant les dernières 24 h, soit plus de six fois la moyenne durant le reste du mois.
C'est évidemment à ce moment que l'Ukraine et l'Allemagne envisagent un nouveau Format Normandie. Selon l'ambassadeur allemand en Russie, la réunion sur la sécurité à Munich serait l'endroit idéal, puisqu'il sera notamment question de l'Ukraine au cours de la discussion. En effet, l'Ukraine n'étant toujours pas autorisée à un discours direct avec le Donbass, qui seul permettrait de faire avancer le dossier, il est possible d'utiliser l'intensification des tirs (qui tombe à point nommé), pour justifier une nouvelle réunion, devant démontrer que seule une rencontre Ukraine/ Russie, sous l'égide des "Grandes Puissances Européennes" peut permettre de résoudre ce conflit. Le porte-parole du Kremlin a déclaré qu'il n'y a pour l'instant aucune urgence à une rencontre Zelensky/Poutine. Si cette réunion a lieu, elle pourrait, selon la presse, se faire au niveau des ministres.
L'on notera en Russie le départ de Sourkov, qui en charge à l'Administration présidentielle de la question, a gelé le conflit. Il est remplacé par Kozak, qui sort du Gouvernement pour l'Administration présidentielle, dont la position face au Donbass n'est pas claire. Selon les paroles d'un proche de Sourkov, il aurait une vision strictement économique de la situation et en déduirait que le Donbass coûte cher à la Russie. Cette position est largement développée par certains médias, notamment BBC. Autrement dit, à moins d'une campagne militaire ukrainienne mettant réellement en danger la vie de la population du Donbass de manière massive, il n'y a quasiment aucune chance que la Russie fonctionne sur le modèle criméen. Malgré le flou artistique entretenu sur la question dans le discours ambiant.
Le conflit du Donbass, malheureusement pour la population concernée, n'est pas prêt de terminer, comme tous ces conflits pour lesquels les joueurs extérieurs lancent des processus politiques avant l'épuisement militaire, ce qui permet de faire durer "le jeu". Raison pour laquelle, d'ailleurs, ces conflits secondaires existent. De temps en temps, lorsque le calendrier politique l'exige, les militaires sont réactivés, comme c'est le cas actuellement en Ukraine (ou comme ce fut le cas avant la réunion du Format Normandie). Mais sans aller trop loin, il faut entretenir le conflit, non pas le vider. Sinon, le pays sur lequel il se déroule se voit sortir du jeu international. Or, ces pays ayant été réduits à l'état de territoires gérés de l'extérieur, ils ne peuvent se permettre l'indépendance, même si soudainement ils en émettaient la volonté.
Karine Bechet-Golovko, Je me permets de reproduire, sur votre site, un texte que j'ai publié il y a un jour sur la page FB d'Erwan Castel à propos d'un sujet poche de celui que vous abordez ici. Libre à vous, bien entendu, de le publier ou pas, selon l'intérêt ou l'opportunité qu'il vous semblera revêtir. Je ne vous en voudrai nullement.
RépondreSupprimerMalheureusement, après avoir visualisé le texte en aperçu, il a été rejeté, car il comporte 5876 signes. L'espace autorisé étant de 4096!
Je vais essayé de le publier sur votre page FB.
Quel est le calendrier atlantiste ?
RépondreSupprimerLes Américains ont poussé à la guerre contre le Donbass, notamment pour que la Russie y soit occupée et les laisse faire en Syrie. Maintenant qu'Assad a consolidé son pouvoir, on aurait pu espérer que les Américains arrêtent leur ingérence loin de chez eux.
A mon humble avis, le retour des offensives au Donbass montre que Trump veut la guerre contre l'Iran, et donc à nouveau un second front en Ukraine pour détourner les Russes.
Un autre facteur est le départ de Merkel en septembre 2021. L'OTAN pourrait vouloir précipiter les choses par crainte que le futur chancelier ou chancelière soit moins russophobe que Merkel.