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lundi 24 février 2020

Le rapport Nemtsov contre la Russie, présenté par l'OSCE ... à la demande de la fille Nemtsov



La vice-présidente de l'assemblée parlementaire de l'OSCE, la Suédoise Margarita Cedenfelt, a été lancée, à la demande de la fille de Nemtsov et de son avocat, pour ressortir des tiroirs l'affaire Nemtsov, afin de relancer dans le cadre de cette organisation internationale, les pressions contre la Russie en général et contre son système judiciaire en particulier.  Que faire, faute de grives, l'on mange des merles. La Russie a immédiatement réagi en refusant, heureusement, toute enquête internationale sur son territoire, opposant ainsi à la politique internationale les limites de sa souveraineté.


Margarita Cedenfeld, vice-présidente de la délégation suédoise et vice-présidente de l'assemblée parlementaire de l'OSCE, organe sans autre pouvoir que le soft power, dont il excelle dans l'usage, s'est vue confier le rapport sur le meurtre de Boris Nemtsov, qu'elle a présenté avec enthousiasme. La demande a été formulée par la fille de Boris Nemtsov et son avocat, ce qui ne manque pas de soulever des questions quant à l'objectivité de ce rapport, à l'indépendance du rapporteur. Ces questions, étrangement, ne dérangent aucunement la "communauté internationale", pourtant si sensible à l'indépendance de la justice. Qu'elle remet par ailleurs en cause en Russie.

Boris Nemtsov est une figure centrale de la Russie des années 90, où il sera député, ministre de l'énergie et vice-Premier ministre (1997-1998). Il participera à la fondation de plusieurs partis de droite, comme SPS ou Pravoe Delo. A partir des années 2000, n'étant plus au pouvoir, il se radicalise, proportionnellement à son affaiblissement dans la politique fédérale, pour participer avec Kassianov (ancien Premier ministre de Poutine, que l'on voit souvent à Washington) à la fondation du parti radical d'opposition PARNAS. Dans les années 2010, il retourne à la politique régionale et se fait élire dans l'assemblée de la région de Iaroslavl, tout en participant activement à l'organisation des manifestations, recherchant dans la rue une influence politique qu'il a perdue. En revanche, il a parfaitement rentabilisé son activité politique et possède des actions dans un nombre important de sociétés, ce qui est attesté par sa déclaration de ressources en 2013 (près de 18 millions de roubles de revenus) et lui permet de vivre confortablement. En 2014, il s'implique aux côtés de l'Ukraine contre la Russie, dans un climat qui est là-bas loin d'être sain, l'on parle alors d'un développement de ses intérêts vers l'Ukraine en pleine révolution. C'est alors qu'il se fait assassiner en 2015.

Boris Nemtsov a été tué par balles, tirées à proximité, le soir du 27 février 2015, en plein coeur de Moscou, alors qu'il était avec sa compagne du moment, une jeune Ukrainienne de 23 ans, qui n'a pas vu le tueur. Selon les enquêteurs, le crime a été parfaitement organisé. L'enquête a envisagé plusieurs pistes notamment, celle de l'assassinat politique, la volonté de déstabiliser la situation politique dans le pays, des liens avec les activités commerciales de Nemtsov. En mars, 5 personnes ont été interpellées, venant du Caucase. L'un d'entre eux a reconnu les faits et déposé contre ses complices mais ensuite est revenu sur ses déclarations, qui auraient, selon ses paroles, été obtenues sous la violence. Aucune trace de violence n'a été trouvée. La version principale retenue par les enquêteurs est le crime commandité. L'implication de ces inculpés a été prouvée par les différentes expertises techniques réalisées. En novembre, les enquêteurs ont déclaré que l'officier tchétchène du bataillon "Sever", Ruslan Mukhudinov, était le commanditaire, il fut jugé par contumace. Selon le FSB, il se serait réfugié aux Emirats Arabes Unis. L'enquête est arrivée à la conclusion, qui dérange la bien-pensance d'opposition, que l'assassinat de Nemtsov n'est en rien lié avec son activité politique, ni avec le soutien qu'il a apporté aux caricatures de Mohammed. Il est vrai qu'il était franchement sortant et ne représentait plus aucun intérêt - vivant en tout cas. Selon l'enquête, la préparation du crime a commencé en 2014, le commanditaire promettait la somme de 15 millions de roubles pour l'assassinat, ce qui a conduit à retenir le motif lucratif. Le jury a condamné les cinq figurants, quand, de son côté, la défense, étrangement, a demandé la libération de l'un d'entre eux. Ils furent condamnés de 17 ans de réclusion à une réclusion à perpétuité selon la gravité de leur implication. La recherche du commanditaire et l'éclaircissement de certains aspects continuent.

Cette version ne satifait ni l'opposition russe, ni la "communauté internationale", qui a besoin de sa victime sacrificielle. Un règlement de comptes plutôt lié à ses activités louches ne rentre pas vraiment dans le cadre de l'image du grand combattant pour la démocratie, s'éloigne trop de la figure de l'opposant sans peur et sans reproche face à un Poutine commanditant l'assassinat de ces héros qui voudraient sauver de la Russie. Surtout avec l'apparition des squares Nemtsov, à Washington, Vilnius ou encore Kiev. Il faut tenir le rang.

Donc, pour relancer l'affaire, au-delà du soutien international, il est important de trouver la bonne personne qui fera le bon travail. Margareta Cedenfelt, dans le cadre de l'OSCE, fut choisie, à la demande de la fille de Nemtsov et de son avocat, et, sans aucune faille, elle a fait preuve de sa pleine et entière russophobie, ce qui la rend parfaite "objective" au regard des critères actuels pour établir et présenter le rapport sur l'assassinat de Nemtsov.

Margarita Cedenfelt présente son rapport, qui commence par cette phrase, permettant de poser la tonalité hautement objective qui sera ensuite développée :
The assassination of Boris Nemtsov, prominent oppositional politician in Russia, illustrates all too well the negative trend in Russian democracy and rule of law.
Elle ne sait peut-être pas que Nemtsov était sortant, lorsqu'il était vivant. En revanche, mort, il  est vrai qu'il présente un intérêt renouvelé. Mais passons. Elle demande au nom de l'assemblée parlementaire de l'OSCE l'ouverture d'une "enquête internationale" en Russie et avec la collaboration (soumission?) de la Russie. Comment le justifier ? Elle ne peut pas simplement qu'ayant reçu commande de ce rapport par la famille et les proches, il faut le faire. Non, ça ne fait pas sérieux. Il faut donc éviter que d'autres assassinats politiques aient lieu, il faut protéger l'opposition russe. Comme si des politiciens étaient assassinés à la tous les coins de rues ...
Solving this case is important not only for Mr Nemtsov’s family and friends, but also to prevent future attacks on the opposition. 
D'une manière générale, Margarita Cedenfelt a pris la bonne ligne au sein de cette organisation "pour la sécurité en Europe" fondée après la Seconde Guerre mondiale, dont la Russie, continuant juridiquement l'URSS, est l'un des pays fondateurs, pour diriger son assemblée parlementaire, poste auquel elle sera présentée cet été. Elle a, notamment, commencé son allocution en enjoignant la Russie à mettre un terme à son "agression" contre l'Ukraine et à appliquer les accords de Minsk. En se fendant d'un tweet récapitulatif :


Passons sur la personnalisation infantile du "Poutine", que l'on retrouve chez les russophobes dont la haine a besoin d'être personnalisée pour pouvoir mieux ensuite se diffuser. Elle semble oublier que la Russie n'a pas à "respecter les accords de Minsk", car les deux parties qu'elle évoque ne concernent pas, en plus de l'Ukraine, la Russie qui, avec l'Allemagne et la France, est garante de cet accord. Personne ne demande ni à l'Allemagne, ni à la France de respecter ces accords, pourquoi ? Parce que le conflit est entre L'Ukraine et le Donbass. C'est une guerre civile.

Heureusement, la réaction du porte-parole du Kremlin est très claire : aucune enquête internationale sur le sol russe, où l'enquête est menée selon la législation russe. Dmitri Peskov :
"We have our law, and in accordance with our law, Russian investigative bodies are carrying out the investigation, and no international investigation can be held on the territory of the Russian Federation,"
Pour sa part, le ministère russe des Affaires étrangères, logiquement, n'a pas transmis le dossier à l'OSCE, qui n'est pas une partie intéressée au procès. Imaginons les conséquences, si les dossiers judiciaires des uns et des autres pouvaient être transmis à des organisations internationales, dès que le jugement ne correspond pas aux attentes politiques de l'affaire ? Ce serait la fin de la justice.

Mais notre chère Margareta ne s'arrête pas en si bon chemin, sinon ce serait dommage, et estime que des sanctions pourraient / devraient être prises contre la Russie pour cette affaire Nemtsov, comme ce fut le cas pour l'affaire Magnitsky. En quoi l'OSCE serait moins bien que l'UE ou les USA ? Pourquoi lui non plus ne pourrait pas avoir ses sanctions ? Ce sont quand même des questions fondamentales, sinon n'importe qui pourrait croire que cette organisation est en recul ... Donc, le rapport de conclure ainsi :
The United States and Lithuania have used legislation on targeted sanctions against human rights abusers (“Magnitsky Laws”) to sanction individuals involved in organizing the assassination of Boris Nemtsov, as well as those responsible for the failure to investigate it. Similar recommendations have been adopted by the Parliamentary Assembly of the Council of Europe. To end the spiral of violence, the Rapporteur considers the use of such restrictive measures to be an appropriate response, and calls for the European Union to agree on and impose targeted sanctions upon governments, individuals and non-state entities involved in human rights abuses. 

La russophobie se porte à merveille. Elle a simplement tendance à dévorer ses enfants, comme le montre l'affaire Nemtsov. Dès qu'ils ne présentent plus d'intérêt, ils changent de statut. Il y eût également l'étrange mort de Bérézovsky à Londres, mais l'OSCE s'y intéresse beaucoup moins ...


1 commentaire:

  1. Pourrait-on me dire ce que font les russes à l'OSCE? quels intérêts, quels profits en retirent-ils?

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