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mardi 9 juin 2020

Le danger présenté par l'établissement d'un registre fédéral d'information sur la population russe



La Russie vient d'adopter une loi concernant la constitution d'un registre fédéral numérique concentrant toute l'information (sauf biologique) sur la population russe et les étrangers y résidant ou y travaillant. Où les gens travaillent, quelle formation ils ont eu, avec qui ils sont mariés, les informations médicales, fiscales, quel est l'état de la flotte maritime et fluviale, etc. Une mine d'or. Pour le renseignement étranger. Car aucun système ne peut être totalement fiable, le facteur humain existe toujours. La fuite en avant numérique ne cesse de renforcer le monde global et son unique centre de pouvoir. Comme on l'a vu en France à son niveau avec l'application Stop Covid, qui offre aux Etats-Unis toute l'information nécessaire sur la santé des Français. La souveraineté passe obligatoirement aujourd'hui par la remise en cause de l'Etat numérique, à moins de ne le rendre virtuel, dans tous les sens du terme. Je n'ose même pas évoquer la question de la vision de l'homme dans notre monde, tant elle semble régressive.


Il y a un an de cela, le Parlement russe a commencé la discussion d'un projet de loi visant à instaurer en Russie un système global numérique regroupant toute l'information non biologique sur la population russe et sur les étrangers détenant un titre de séjour ou travaillant dans le pays. Cette loi très controversée sur "le registre fédéral d'informations sur la population de la Fédération de Russie" a été signée hier par le Président Poutine et entre en vigueur par étapes d'ici décembre 2025. 

Ainsi, chaque résident en Russie se verra accoler un dossier comportant un numéro unique personnalisé comprenant une quantité incroyable d'informations personnelles. Selon l'article 7 de la loi, il s'agit de : nom, prénom, patronyme, date et lieu de naissance, date et lieu de décès, sexe (ou changement), situation familiale et informations sur époux/enfants, nationalité, titre de séjour, adresse à l'organe compétent d'un Etat étranger d'un citoyen russe pour l'aider à renoncer à sa deuxième nationalité (ou titre de séjour); les documents confirmant son identité, sa naissance et son décès, les documents fiscaux, professionnels (entrepreneurs individuels), militaires, de pension de retraite, sociaux, d'assurance médicale, chômage, tous les documents concernant la formation scolaire, universitaire et professionnelle; les informations existant déjà dans les bases de données.

Selon l'article 10, précisant les organes devant produire cette information, plusieurs questions se posent. Au point 5 de cet article 10, traitant des diplômes et formations, il faut rappeler que certaines universités peuvent être soumises au secret d'Etat, ce qui est le cas de la délivrance de certains diplômes à l'Académie du FSB ou du ministère de l'Intérieur. Espérons que, même si rien n'est formellement prévu dans la loi à ce jour, des exceptions seront par la suite prévues. Cet aspect est également inquiétant au regard du point 6, concernant l'information fiscale, car il sera ainsi possible de savoir exactement qui travaille dans les services secrets, dans les ministères sensibles, quel est leur parcours, quels sont leurs revenus, leur situation de famille, etc. Cela va largement aider le travail de certaines structures ... qui ne sont pas en Russie.

Ensuite, toujours à cet article 10, le point 7, finalement, prévoit de donner l'état de la flotte russe fluviale et maritime. C'est assez étrange ...

Enfin, cet article 10, au point 11, prévoit la délivrance des informations par les organes d'assurance médicale. Si les données biologiques ne seront pas regroupées, en revanche, l'état de santé de la population est une information non moins sensible.

Il est quand même surprenant de voir cet emballement aujourd'hui pour la création de bases de données gigantesques, devant permettre de rentrer une population dans un schéma numéroté. Il y a d'une part une forme de fanatisme puéril à imaginer que l'être humain puisse être ainsi décrypté et donc gouverné, fanatisme qui d'autre part est particulièrement utile à la constitution de ce monde global. Si l'information est le pouvoir, l'information concernant le citoyen lambda est surtout négociable sur le marché interne. En revanche, quelle chance de pouvoir centraliser tant de données sensibles concernant le personnel et actif et administratif des organes de sécurité de l'Etat. Si avant cette loi, il fallait aux renseignements étrangers soudoyer et forcer plusieurs structures, maintenant une seule sera suffisante.

Le danger présenté par cette loi à la souveraineté de la Russie est sans précédent, surtout lorsque l'on sait la fréquence des fuites de données personnelles. Et aucune réforme constitutionnelle, si patriotique et souverainiste soit-elle, ne pourra compenser la perte de souveraineté réelle si d'ici 2026 ce registre est offert au plus offrant. Et tout produit trouve toujours un vendeur et un acheteur.

Quant à la question de la protection des libertés individuelles, de la réduction d'un être humain à un  numéro, de cette habitude prise de centraliser de plus en plus d'informations sur notre vie, je ne préfère pas la traiter de manière technique. Car il ne s'agit pas de savoir quelles garanties techniques seront fournies, il s'agit de savoir quelle est la conception de l'homme dans notre société. Et elle semble particulièrement ... régressive.




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