L'ACTUALITE RUSSE EN FRANCAIS MISE AU POINT PAR RUSSIE POLITICS SUR Facebook ET Twitter!

mardi 11 août 2020

Elections présidentielles en Biélorussie : l'étrange jeu de la Russie




Le 9 août, se sont tenues les élections présidentielles en Biélorussie. Avec un taux de participation de 84,05%, le président sortant Loukachenko a été réélu avec 80,23% des voix. Que les Occidentaux contestent ces élections, c'est dans l'ordre des choses. Mais que certaines forces en Russie entrent dans le jeu de l'Occident, c'est au minimum jouer contre les intérêts nationaux. Or, le comportement des médias systémiques russes, qui ont largement participé au processus de déstabilisation, montre que ces forces existent. Avoir un second Maïdan à Minsk cette fois, avec toutes les conséquences connues en termes de sécurité aux frontières et de relations bilatérales avec la Russie, va à l'encontre des intérêts de la Russie. D'étranges processus se développent en Russie, qui laissent perplexes.


Sans grande surprise, Loukachenko a été réélu avec 80,23% des voix. La candidate d'opposition, largement soutenue par l'Occident, Svetlana Tikhanovskaya est arrivée en seconde place avec 9,90% des voix. Elle avait organisé des meetings contestataires avant les élections, réussissant à mettre des gens dans la rue. Et par là même à pousser les gens à aller voter pour éviter un Maïdan. Les élections ne se font pas dans la rue. A l'annonce des résultats le 9 août, des manifestations ont été organisées sur le modèle ukrainien, mais les Biélorusses ne sont pas les Ukrainiens et dès la deuxième nuit, les émeutes sont très localisées. Quand la presse s'emballe, comme à chaque fois, autour des "manifestants pacifiques" maltraités par les méchants policiers, l'on apprend que très pacifiquement ils lancent des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre, ce qui a d'ailleurs provoqué la mort de l'un d'entre eux.

La victoire de Loukachenko n'est pas une surprise. D'une manière générale, les systèmes politiques sont en crise et les partis politiques n'arrivent plus à incarner de véritables alternatives correspondant au partage des forces réelles, à savoir les globalistes et les étatistes. Car ce partage est indicible politiquement. Dans les pays de l'espace post-soviétique qui sont restés indépendants, comme la Russie et la Biélorussie, la situation est encore aggravée par un manque de pratique multipartiste, qui de son côté permet à l'Occident de maintenir les apparences de l'alternance, en changeant de visage sans prendre le risque de changer de ligne idéologique. Lorsque cela se passe, comme avec Trump, le système est au bord de l'explosion et ne peut accepter d'alternative réelle. 

Loukachenko est ainsi dans une situation de vide politique, l'opposition est là-bas comme en Russie, trop radicale pour proposer un projet alternatif constructif qui ne passe pas par un Maïdan et puisse emporter l'adhésion massive de l'électorat. Or l'exemple ukrainien a servi de vaccin à ses voisins, qui préfèrent garder de la stabilité plutôt que de détruire le pays et l'offrir à une gérance externalisée. C'est en ce sens que la victoire de Loukachenko n'est pas une surprise.

Ce qui est en revanche beaucoup plus surprenant, c'est l'émergence de véritables forces anti-Loukachenko en Russie. Or, l'alternative pour la Russie aujourd'hui est assez simple : soit Loukachenko, aussi compliqué soit-il, mais qui n'ira pas fondamentalement contre les intérêts stratégiques russes, soit cette opposition avec Tikhanovskaya ou un autre visage qui prépare un scénario ukrainien, ce que les manifestations post-électorales montrent.

Ainsi, suivant la ligne occidentale, le député Russie Unie de la Douma, pourtant étiqueté "patriote", Konstantin Zatouline, de déclarer que ces élections sont une honte et que la Russie ne doit pas féliciter Loukachenko. Il reprend ainsi le discours occidental, tenu à l'encontre de Loukachenko, mais également de Poutine. Cela fait réfléchir ...

Ensuite, les médias russes systémiques n'ont eu de cesse de diffuser de fausses informations, portant à déstabiliser la situation, sachant que les médias russes sont largement suivis en Biélorussie. Ainsi, le jour même des élections, avant que les résultats ne soient connus, Lenta.ru, repris en boucle par les autres médias, diffuse la fausse information selon laquelle l'avion de Loukachenko aurait décollé de Minsk pour s'enfuir vers la Turquie. 

Ensuite, c'est au tour de la candidate d'opposition Svetlana Tikhanovskaya, qui selon le ministère des affaires étrangères lituanien aurait été interpellée à Minsk, information diffusée sans retouche ni réflexion par le très sérieux Izvestia , puis mise à la Une sur le moteur de recherche russe Yandex alors que ce même ministère des affaires étrangères lituanien a déjà démenti et affirme qu'elle est tranquillement arrivée en Lituanie, où "elle est en sécurité". 

Bref, le Maïdan n'a pas eu lieu, le vaccin ukrainien a fonctionné, la police ne s'est pas mise à genoux. Pour autant, l'attitude de certaines forces en Russie, qui lèvent de plus en plus la tête et rappellent les mouvements destructeurs de la fin des années 80, laisse perplexe.

PS: Une semaine avant la tenue des élections présidentielles biélorusses, un groupe de 32 mercenaires russes de la compagnie militaire privée Wagner a été interpellé en Biélorussie, dans un sanatorium à proximité de Minsk. L'affaire est très louche. Selon les services de sécurité biélorusses, 200 personnes ont ainsi été envoyées en Biélorussie pour déstabiliser la situation au moment des élections, Loukachenko a alors tenu des propos très forts contre la Russie. De son côté la Russie, prise de court, a plus ou moins déclaré qu'ils étaient en transit, qu'elle ne veut rien déstabiliser en Biélorussie et qu'ils y sont certainement à l'insu de leur plein gré. Après plusieurs échanges bilatéraux, une version selon laquelle la source du problème serait ukrainienne (puisque les services biélorusses auraient obtenu l'info par leurs collègues ukrainiens), ces hommes auraient été embauchés par un contrat fictif, pour partir vers le Venezuela et la Libye, en transit par Minsk (puisque tout y vole à l'international, sans qu'il n'y ait eu de quarantaine). Bref, ils seraient tombés dans un piège : leurs billets annulés, leur contrat faux, et pris au piège dans un sanatorium où ils furent cueillis par les forces spéciales biélorusses.

Il se passe décidément d'étranges choses autour des élections biélorusses. Il se passe décidément d'étranges choses en Russie dans les couloirs du pouvoir.



6 commentaires:

  1. Il n'était pas souhaitable pour la Russie d'avoir une seconde Ukraine à sa frontière, donc, bravo à Loukachenko. Je crois qu'il n'était pas le candidat préféré du Kremlin dans ces élections. V.Poutine a fait contre mauvaise fortune bon coeur et a félicité Loukachenko pour sa victoire.
    La dernière présidentielle en France nous a montré que question coups tordus nous n'étions pas mal non plus.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Jusqu'ou la volonté de déstabiliser ses voisins qui ne rentrent pas dans le rang (telle la Géorgie) n'est pas une pratique régulière de Moscou ? La responsabilité russe sur la situation actuelle ukrainienne est profonde, le must étant le refus de reconnaître officiellement une ingérence militaire directe...

      Supprimer
  2. Bonsoir Karine,
    Rien à voir (quoique...) mais Poutine vient d'apporter une réponse à notre interrogation d'hier.
    Je cite :
    "J'espère que nous pourrons commencer dans un proche avenir [...] la production de masse de ce médicament. Pour que tous ceux qui le souhaitent, bien sûr, se fassent volontairement vacciner".
    Il s'agit donc bien d'un coup de maître contre les intérêts de Big Pharma et c'est une très bonne nouvelle.

    En savoir plus sur RT France : https://francais.rt.com/international/77764-premier-vaccin-contre-coronavirus-approuve-par-ministere-russe-de-la-sante

    RépondreSupprimer
  3. Sur la Tukhanoskaïa , Russinfo , dont j'apprécie beaucoup le ton et la "ligne" , affirme qu'elel auriat été "enlevée" pour la soustraire à un assassinat programmé apr els forces "colorées" afin de discréditer le pouvoir et faire chuter loukhatchenko .... Où est la vérité ?

    Par ailleurs , on aimerait que Vladimirrr' , à force de finasser , ne se prenne pas les pieds dans le tapis (otano-ottoman) , et nous avec... .

    Dagobert

    RépondreSupprimer
  4. Guerre totale pour l’éradication des vestiges communistes, après la Syrie, le Yémen, l'Ukraine, voici avant-dernier pays rouge la Biélorussie.
    reste le gros morceau la CHINE. oui car pour moi la RUSSIE est morte suicidée avec sa propre corde.
    le pire arrivé très vite le grand capital à bout de souffle ne peut plus attendre, pour sa survie, il se doit de posséder le monde entier gouvernance mondial triste avenir pour l'humain

    RépondreSupprimer
  5. Dire qu' "il n'était pas le candidat préféré du Kremlin" est absurde. Quel aurait été le "préféré"? Les dirigeants russes ne sont pas aveugles, il voient bien que les structures politiques héritées de 1991 ont fait leur temps mais qui aurait à la fois le courage et les réseaux politiques pour les changer? Si Poutine reste au pouvoir ça veut dire que la Russie connait le même blocage que la Biélorussie. Comment changer de dirigeants quand ont sait que le changement consisterait à "copier" occident, à faire du Maïdan?

    RépondreSupprimer

L'article vous intéresse, vous avez des remarques, exprimez-vous! dans le respect de la liberté de chacun bien sûr.