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mercredi 5 mai 2021

L'épopée médiatico-diplomatique de la rencontre Biden / Poutine continue


Il est des histoires sans fin, un peu comme ces feuilletons brésiliens, ces histoires d'amour, de haine, de pouvoir et d'argent. Souvent mal joués, parce que surjoués. L'épopée tragi-comique de la dénoncée acceptée hésitée insistée rencontre entre les Présidents américain et russe commence à sérieusement entrer dans cette catégorie. Quand le fait devient le but, que l'on en oublie le but pour se focaliser sur le fait. Car sur le fond, rien n'a changé : la position des Etats-Unis étant celle de la reconquête du monopole de la domination, si la Russie n'est pas prête à faire des concessions, le fait devient le but atteint. Et paradoxalement prend un sens politique. Si l'intérêt pour les Etats-Unis est incontestable, celui de la Russie reste assez flou, surtout dans une mise en scène qui sert l'image américaine dans sa tournée impériale européenne.

Dans la catégorie "Je t'aime, moi non plus", récapitulons. Biden avait qualifié Poutine de tueur, Poutine avait proposé à Biden d'en parler publiquement, Biden étant trop occupé avait décliné puis proposé une rencontre, le Kremlin avait laissé traîné suite à l'adoption par les Etats-Unis de sanctions, puis le Kremlin avait lancé la machine communicationnelle vers une acceptation, les Etats-Unis avaient déclaré que rien n'était décidé, l'UE a adopté une résolution hystériquement anti-russe, Biden espère que la rencontre aura lieu en été lors de sa tournée européenne.

Sur le fond (voir notre publication ici), ce qu'il est possible d'attendre d'une telle rencontre est très clair : la position américaine reste rigide, la position russe n'est pas clairement formulée. La recherche de la paix dans le monde est certes un but louable, mais peu réaliste. Il s'agit donc de savoir qui va faire des concessions, lesquelles et à quel prix. Ce qui est tout de suite beaucoup moins romantique ...

Et le jeu continue sur la même vague. D'un côté, Biden espère une rencontre avec Poutine, car il déclare vouloir améliorer les relations américano-russes, mais en faisant totalement reposer la faute de la dégradation de ces mêmes relations sur la Russie. Le jeu est ensuite amplifié par le Département d'Etat américain, déclarant que si les Etats-Unis ne sont pas intéressés par une escalade du conflit, ils sont prêts à répondre. Oui, répondre :

"Nous aimerions avoir des relations plus prévisibles avec la Russie, mais cela dépend de Poutine. Si la Russie continue à se comporter de manière irresponsable et agressive, alors elle peut être certaine qu'à nouveau, nous répondrons."

Dans cette rhétorique, l'entière responsabilité de la dégradation des relations américano-russes repose sur la Russie, qui est accusée d'avoir l'initiative de chaque attaque, poussant les pauvres Etats-Unis à devoir se défendre - presque malgré eux.

Le Sécrétaire d'Etat d'enfoncer le clou en déclarant tout mettre en oeuvre pour que la Russie respecte ses engagements internationaux (lesquels sont violés ?) et appelle les autres pays à y oeuvrer également, donc à former une coalition anti-russe :


Dans ce contexte, qui ne rappelle en rien une volonté, même lointaine de discussion, le Secrétaire d'Etat de déclarer dans une interview mardi au Financial Times, dans laquelle il rejette l'idée d'une guerre froide entre les Etats-Unis et la Russie (et la Chine), que justement une rencontre entre Biden et Poutine serait dans l'intérêt des deux pays.

La question restant de savoir ce qu'il entend par l'intérêt de la Russie. L'on peut sérieusement douter que les Russes et les Américains en aient la même conception. Donc, sur le fond, cette rencontre, comme nous l'avons déjà écrit, ne présente aucun intérêt.

L'intérêt que présente cette rencontre est dans le fait même de la rencontre, de sa mise en scène. Ce sera une guerre d'images. Et en ce sens également, accepter gentiment d'aller voir Biden lors de sa tournée impériale en Europe lance un signal de faiblesse. Pour les Etats-Unis, dans la mesure où ils confèrent une telle importance au fait de la rencontre, l'absence du fait serait une défaite. De même que d'imposer une dissociation de la visite impériale et de la rencontre des deux Présidents. 

D'ici à cet été, encore beaucoup d'eau politico-communicationnelle va couler sous les ponts et l'épopée pourra être entretenue, donnant l'illusion de l'action, quand finalement le combat se déroule ailleurs. Hésitant encore à se dérouler.




6 commentaires:

  1. Cette rencontre est sans importance pour la Russie et, si elle doit avoir lieu c'est à Moscou et nulle part ailleurs. Ce sera beaucoup plus sûr pour V.Poutine, surtout après la tentative d'assassinat de Loukachenko, un accident est si vite arrivé...

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  2. Pendant longtemps, les Américains ont mis le paquet pour être les premiers en tout afin de réaliser le mythe de la réussite qui tenait tant à coeur cette population issue des deshérités de l'Europe du 17ème siècle, et de prendre ainsi une revanche sur leur passé. Et puis, cette obstination est devenue obsessionnelle et pathologique. Il fallait être premier pour être premier...quitte à maquiller la réalité. A tel point que certains se demandent si l'exploration de la lune par les missions Apollo n'aurait pas été un immense show télévisé planétaire. Aujourd'hui, l'obsession d'être le premier en tout reste toujours aussi tenace, mais tout ce qui faisait l'admiration des occidentaux pour l'Amérique des années 50-60 laisse la place à un décor de carton pâte moisi qui est en train de partir en morceaux, et dans lequel les acteurs ne discutent pas vraiment, ils se contentent juste de discuter de la discussion. Les mots n'ont plus d'importance, seules comptent quelques images évanescentes qui feront le tour de la Terre à la vitesse de l'éclair avant d'être définitivement oubliées.

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  3. Quand on sait que la banque Rothschild tient pratiquement toutes les banques du monde et notamment celle de la Russie, alors on se demande si tout cela n'est pas qu'une mascarade pour le Grand Jeu qui va être mené contre l'humanité pour ma part je ne pense pas que nous n'ayons jamais atteint ce stade, c'est-à-dire l'humanité, la Covid 19 nous montre le terrien tel qu'il est dans sa nudité c'est-à-dire absolument rien.

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  4. Il y a des moments où je me demande si ce n'est pas le coréen Kim Jong Un qui a adopté la meilleure attitude envers les États-Unis. En gros, " nous vous répondrons lorsque vous aurez quelque chose de constructif à proposer ".

    Faire silence pour un temps en laissant l'initiative à Antony Blinken l'obligerait à se commettre dans davantage de divagations délirantes, jusqu'à épuiser son capital politique, ou à s'engager dans une politique cohérente, intelligible et prévisible. Car même si l'opposition locale ne peut se faire entendre dans une presse dévouée presque entièrement aux Démocrates, elle n'en existe pas moins et elle présente ses arguments dans la presse alternative.

    En Arizona, on en est même à procéder au recomptage, réclamé par le Sénat de l’État, du vote du 3 novembre dernier. Peu importe ce qui en ressortira, les quelque 74 millions d'électeurs qui n'ont pas choisi Biden n'ont toujours pas abdiqué. C'est peut-être même pourquoi l'administration semble si pressée de mettre en œuvre ses plans, sachant que les prochaines législatives qui pourraient lui faire perdre sa majorité se tiendront dans moins de deux ans.

    ________________
    Bellefontaine

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  5. Une chose me fascine ici. Vous décrivez la tactique d'attaque par les progressistes de tout ce qui a fait les Etats-Unis d'Amérique. Je l'associe à ce que Poutine a nommé la "guerre mentale". Elle est aussi une forme de guerre civile que certains nomment guerre culturelle.

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  6. Lavrov, et Blinken pourraient se rencontrer en mai à Reykjavik au Conseil ministériel de l'Arctique. Une réunion Russie-US en marge de ce Conseil serait donc en préparation en ce moment avec assez vraisemblablement la question d'un prochain sommet Poutine-Biden. Cette entrevue se tiendra-t-elle et, si oui, sur quel ton ? Supposons que tout se passe bien, ultérieurement, l'agenda de ce sommet sera connu. Quelles lignes rouges seront déplacées et pour quels gains ? La Russie ne plie pas et a même commencé à riposter depuis plusieurs semaines suivant un plan précis (comment osent-t-ils ?). Blinken rencontrera-t-il Lavrov à Reykjavik ? Un sommet pour quoi faire ?

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