Le vice Premier ministre russe Beloussov, en charge des questions économiques au Gouvernement, vient d'annoncer la restructuration du Fonds de stabilisation russe dans le mois qui vient. Sa dédollarisation totale, notamment en raison des sanctions américaines, fut l'évènement de ces déclarations. Stratégiquement, la Russie renforce sa souveraineté économique, et donc politique, par cette décision importante.
Dans les couloirs du Forum économique de Saint-Pétersbourg, le vice Premier ministre russe, Beloussov, a fait une déclaration qui n'est pas passée inaperçue : la Russie a décidé, notamment suite à la politique de sanctions, de modifier radicalement la structure du Fonds de stabilisation russe, créé en 2008.
Dans un délai d'un mois, la part du dollar passe de 35% à zéro, la Livre Sterling de 10% à 5%, le Yen japonais reste à 5%, l'Euro passe de 35% à 40%, le Yuan chinois monte lui aussi de 15% à 30% et surtout l'or fait son entrée dans le Fonds, à hauteur de 20%.
Ainsi, en un mois, la Russie va se "débarrasser" de près de 40 milliards de dollars et de près de 5 milliards de Livre sterling. Comme l'explique Beloussov, cette décision a été mûrement réfléchie et prise en "haut lieu". Cette politique de dédollarisation a débuté il y a trois ans, quand la Russie a commencé à revendre de ses bonds du Trésor américain, cessant ainsi de financer la dette américaine.
Stratégiquement, réduire l'utilisation du dollar, c'est réduire la possibilité d'action de la justice américaine à l'étranger, qui se considère compétente partout dans le monde dans n'importe quelle affaire dès que sa monnaie nationale est en jeu. Mais c'est aussi arrêter de financer et soutenir l'économie américaine. Comme l'avait déjà déclaré Vladimir Poutine lors de son deuxième mandat, le monopole du dollar permet aux Etats-Unis de vivre au-dessus de leurs moyens et de réguler l'économie mondiale. La souveraineté de la Russie passe donc par une sortie de cette monnaie. Après de nombreuses années de travail de fond, cela est en train de se réaliser. Tactiquement, c'est aussi empêcher des sanctions américaines visant à geler les réserves russes aux Etats-Unis, comme cela avait été fait avec l'Iran.
Je félicite M. Poutine c'est un visionnaire. Il est grand temps que les pays reprennent leurs indépendance face au dollar.
RépondreSupprimerSi ceci sera fait, c'est la pure virus qui soit tombé à l'Amérique plus que Coronavirus. J'espère que beaucoup d'entre autres vont regretter et je félicite le président RUSSE personnellement.
RépondreSupprimerEn fait, de très gros investisseurs américains connus pour leur flair ont déjà joué le dollar US à la baisse et se sont débarrassé de valeurs de sociétés du type Tesla qu'ils voient ruinées car ils anticipent un krach et un écroulement de l'USD. La Russie n'a fait que sécuriser ses positions en anticipant une crise financière (d'ailleurs, mettre 20 % de son portefeuille en or est typique d'une stratégie de couverture des risques à venir). Le gros problème en cas de crash du dollar sera la Chine et le Japon qui en détiennent des volumes pléthoriques (plus de 1000 milliards d'USD rien que pour la Chine). Mais comme la Chine a montré sa résilience remarquable en cas de crise (Cf Covid), on ne se fera pas de cheveux blancs pour les Chinois. Pour les Japonais, cette colonie américaine, elle est juste du mauvais côté du katana, dommage pour elle.
RépondreSupprimerJe serai moins optimiste que vous sur la résilience de la Chine et son taux d'investissement démentiel, lequel n'indique que sa capacité à construire des villes fantômes pour palier à la consommation atone de sa population (je sais que cela ne compte guère pour des sinolâtres comme Bruno Guigne).
SupprimerSi vous voulez dire que la Chine est en mesure de ne devoir que de l'argent à elle-même, il me semble que le Japon est dans la même situation puisque le trésor public et la banque centrale y ont quasiment fusionné depuis quelques années.
Le déclin relatif du japon n'est qu'à la mesure du vieillissement de sa population, un phénomène dont pas grand monde n'a pris conscience qu'il va aussi frapper inexorablement la Chine dans un avenir immédiat.
On verra alors si la résilience de la Chine lui permettra de s'affranchir de son socle anthropologique guère favorable à ses femmes et surtout ses filles, ce dont je doute.
Je dirai même plus, pour qui sonne le Gong (noter la majuscule) mon cher Camembert ?
LG.
Oui en effet, je confirme "Camembert Electrique" est le titre d'un album -assez pourri d'ailleurs- d'un vieux groupe de rock des années 70 ("Gong" avec les excellents Pierre et Benoît Moerlen aux percussions).
SupprimerPour votre critique sur l'excellent Bruno GUIGUE, je ne la partage pas : un pays comme la Chine qui a sorti de la misère 800 millions de personnes en 30 ans mérite non seulement le respect, mais mérite également qu'on s'intéresse à sa façon de procéder. Même chose pour la Russie dans une moindre mesure. Si l'occident les critique aussi violemment, c'est que la réussite incroyable de ces deux pays ex-communistes sur le plan économique met une taule à toutes les élites dirigeantes occidentales qui ont atteint leur seuil d'incompétence depuis belle lurette.
Je confirme la résilience de la Chine démontrée par A plus B pendant la crise du Covid qu'elle a expédiée en 3 mois, pendant que l'Occident et notamment les USA pataugent allègrement dans l'océan de boue de leurs méthodes de management social préhistoriques.
La Russie n'a pas grand chose à dé dollariser, cela fait des années qu'elle vend ses réserves de billets verts. La Chine, c'est autre chose, mais la montagne de dollars qu'elle a dans ses coffres est le fruit d'un deal avec les USA dans les années 90 : "Tu m'achètes mes bons du trésor et j'accepte de t'acheter tes marchandises à bas coûts". C'est la recette qui a permis au patronat américain (scélérat et apatride) de casser l'industrie de son propre pays en se remplissant les poches (en gros, l'Oncle Sam a vendu sa mère pour une poignée de dollars). Une vente massive des réserves en USD de la part de la Chine casserait les marchés financiers et se retournerait contre elle en partie. Elle utilise donc ses "T-bonds" comme arme de pression géopolitique contre l'état profond américain, faute de mieux.
Bonjour à tous,
SupprimerJe suis en accord avec Camembert Electrique. La position russe est actuellement très favorable. Il ne reste qu'un point à traiter pleinement (c'est semble-t-il en préparation, dixit V. Poutine à Saint Pétersbourg) c'est la non utilisation du dollar pour la vente du gaz et du pétrole (ce qui entraînera une réaction violente mais non militaire des USA, ce qui explique entre autres les décisions récentes de la Russie comme l'exclusion du dollar dans ses réserves ce qui rend les sanctions américaines sans grand effet).
La position chinoise est loin d'être difficile. Elle a beaucoup de dollars certes, mais elle a (enfin) compris que sa vision à moyen et long termes quant à sa prédominance économique voire financière doit être écourtée car les USA utiliseront sans attendre tous les moyens (sauf militaires là encore) pour casser le processus (par exemple les accusations pathétiques liées à l'origine de la COVID 19 assorties ensuite d'une exigence de réparation pourquoi pas du montant des réserves chinoises). Il se peut que la Chine finisse par décider de mettre ses réserves en dollars sur le marché ou, plus finement, de taxer les échanges en dollars ou encore plus finement de réduire les taxes des échanges en Yuan (voire en roubles et euros). En outre, elle s'efforce maintenant de privilégier son marché intérieur et le marché asiatique, y compris le marché russe, tout en accélérant la montée en qualité de ses produits. On a l'impression de voir la Chine d'aujourd'hui comme a été le Japon dans le début des années 70, avant que les USA n'interviennent pour casser cette évolution sur un plan monétaire, ce qui n'arrivera pas avec le Yuan.
Je suis d'accord avec l'analyse de Gaétan sur les hydrocarbures américains : leurs raffineries sont faites pour traiter des pétroles lourds types pétroles vénézuéliens, iraniens ou russes.
SupprimerVu leur géopolitique totalement débile, les USA se retrouvent avec une industrie du gaz de schistes morte (des millions USD pour financer un trou noir économique à tel point que les producteurs d'huiles de schiste brûlent à la torchère leur gaz intransportable en l'absence de structures adhoc). Il faudrait qu'ils cassent et reconstruisent toutes leurs raffineries pour traiter des pétroles légers qui sortent de leurs puits de schistes. Impossible, leur industrie n'a jamais comme Tesla ou d'autres industries américaines supposées être des pépites en or produit le moindre centime de bénéfice.
Pour le paradis du capitalisme, c'est la baffe la plus totale qu'ils prennent soin de camoufler..Mais on est tous au courant. Comme dirait Poutine au forum de Saint-Pétersbourg, l'Oncle Sam poursuit et regarde impuissant comme l'ex-URSS en son temps sa propre désintégration. Basta les méga-baratins de la presse occidentale et RIP the USA. La grande puissance du moment est la Chine et ses exploits spatiaux récents viennent de nous le confirmer.
Très bonne analyse financière et géopolitique de Gaétan. Merci à lui :)
Supprimer@ Chers amis
Je n'ai jamais dit que la position financière de la Chine n'était pas pour l'instant favorable.
Favorable à quoi en fait ?
À supporter sans trop de dommage l'effondrement annoncé de l'hégémon américain. Certes.
Je dis simplement qu'à plus long terme (mais cela se vérifiera très vite) la question de l'hégémonie mondiale ne se posera plus pour personne, cela en regard de tendances démographiques générales lourdes mais dans lesquelles la Chine part avec un lourd handicap pour des raisons anthropologiques.
Nous ne parlons pas de la même chose en fait. Ce que vous appelez résilience concerne une configuration du monde qui n'est déjà plus celle du monde à venir.
Je parierai plus en fait sur la Russie que sur la Chine, parce qu'elle est moins ouverte économiquement sur le monde, ce qui sera un atout essentiel dans le monde d'après. Le vrai.
(Cela suivant la règle de Paul Bairoch comme quoi dans un paradigme économique général donné le vainqueur est toujours celui qui ne joue pas le jeu de la majorité, règle que vous vérifiez vous-mêmes de manière anecdotique).
La donne démographique, dans un contexte de vieillissement et de contraction nécessaire des besoins -contre lequel la finance ne pourra rien- lui est aussi sensiblement plus favorable.
Le statut si particulier de la femme russe, dont l'émancipation historique équilibre un système familial communautaire, prédispose aussi plus ce pays à l'innovation.
Enfin et OK, la Chine a mieux géré apparemment la crise "sanitaire" que l'occident à la ramasse. Mais l'Afrique finalement a fait encore mieux, ce qui montre que la résilience strictement économique n'est pas le cœur du problème.
LG
Félicitations m. Poutine, même si je suis du Canada, je crois que se sont de tel décision qui feront un grand monde.
RépondreSupprimerC'est ainsi que l'on peut renforcer sa souveraineté. La France n'est pas prête d'y parvenir...
RépondreSupprimerEncore un signal politique supplémentaire (inconfortable) avant la rencontre au sommet à Genève. En outre, il serait intéressant de savoir comment s'effectuera l'opération financière de liquidation des 40 milliards de dollars d'ici la fin du mois ? Imaginons un peu et voyons si, à terme, la Chine emboîte le pas et liquidera à son tour ses actifs en dollars...
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