La Russie commettra-t-elle l'erreur d'ouvrir la chasse à l'opposition politique ?

L'affaire qui se monte autour du député communiste Rachkine, sachant que cette personnalité est à la pointe de la lutte contre les dérives covidistes et globalistes qui affaiblissent la Russie, telles que l'enseignement à distance, la furie vaccinale, le pass sanitaire (QR Code), peut profondément influencer le paysage politique russe. Rachkine vient de tomber pour une histoire de chasse dite illégale, seul (alors qu-il s'agit d'une chasse collective), immédiatement surmédiatisée. En ouvrant la chasse à l'opposition politique, puisque depuis les dernières élections, les élus communistes font l'objet d'interpellations à tous les niveaux, le pouvoir actuel en Russie est à la fois en train de renforcer la vie politique intérieure et de créer l'instrument de sa chute - une opposition, politique, réelle et nationale.

Depuis les dernières élections, l'on ne compte plus les élus communistes ou simplement les membres actifs, qui se font interpeller sous n'importe quel prétexte, quand on ne peut pas leur accoler une "grosse affaire". Le silence médiatique était complet. 

Au début, les communistes ont été interpellés pour participer à des manifestations contestant les résultats des élections, puisque les recours en justice furent écartés. Mais depuis le virage covidiste sans retenu pris par les élites dirigeantes, les pressions augmentent encore, puisque les élus communistes sont les seuls à agir dans la rue, avec les électeurs, avec les citoyens contre ces dérives. Quelques exemples pour le mois de novembre.

Nikolaï Bondarenko, député communiste de l'assemblée parlementaire de Saratov, a été interpellé ce 9 novembre pour son comportement dans le bureau de vote, il y a trois mois de cela, lors des élections. Juste à la veille des élections, les membres Russie Unis ont fait annuler et reconstituer la liste électorale. Lorsque le député communiste a demandé à la vérifier, cela lui a été refusé, ce qui a conduit à un conflit. Pour lequel, l'absurde n'a pas de limites, il a été interpellé début novembre.

Mi-novembre, à Vladivostok, Artiem Samsonov député communiste de l'assemblée locale a été interpellé pour rien moins que pédophilie. Je ne remets pas en cause a priori l'inculpation, mais elle tombe dans une atmosphère, qui oblige à se poser des questions. Selon l'accusation, le député aurait montré ses parties intimes il y a trois ans à un enfant alors âgé de 11 ans et aurait expliqué à quoi ça sert. Lui dément les faits. Il risque 20 ans. L'affaire repose exclusivement sur des témoignages et la défense demande l'ouverture d'une affaire pour faux témoignage, en s'appuyant sur des éléments du dossier soulignant le mensonge des témoins.

A Kaliningrad, le 25 novembre, la police a interpellé à son domicile la députée locale Elena Gladilina pour violation du régime d'organisation des manifestations et des meetings. Il faut savoir qu'à Kaliningrad, les députés communistes demandent que la question des QR Codes fasse l'objet d'une consultation de l'opinion des habitants et pas uniquement des députés. 

Avant hier, à Adler (Sotchi), un élu local communiste, Vladislav Jironkine, a été interpellé pour réunir des signatures contre la loi sur les QR Codes.

Rappelons que la loi a été envoyée dans les régions pour justement, comme le dit le président de la Douma fédérale, que les gens expriment leur position. Manisfestement, exprimer une position négative n'est pas bien venu ...

La cerise sur le gâteau et l'affaire-phare devant manifestement écraser toute velléité de contestation est celle ouverte contre le député communiste fédéral Valéry Rachkine. Ce député est à la pointe du mouvement de lutte non seulement aujourd'hui contre les QR Codes, mais aussi contre l'enseignement à distance, contre la vaccination obligatoire, il se prononce également pour la réindustrialisation du pays, pour une politique véritablement sociale, pour une reconsidération de la réorganisation de la médecine, contre la réforme des retraites, contre le vote électronique qui présente un danger pour les élections etc. Autrement dit, il est dans une démarche de contestation politique, proposant une autre voie possible aux problèmes qui existent aujourd'hui. En 2009 déjà, il a failli être sous le coup d'une affaire pour extrémisme et une demande de levée de l'immunité parlementaire était sous le coude. Rachkine avait alors comparé la situation politique dans le pays avec la crise politique de 1917.

Il a été accusé d'avoir participé à une chasse illégale à l'élan. En effet, la position de Rachkine n'a pas été très claire au départ, mais manifestement il ne s'attendait pas à une telle attaque. Ce qui est surprenant, c'est que dès que la viande était dans son véhicule, qu'il était seul, les forces de l'ordre et les caméras sont alors arrivées en nombre, les images ont fuité immédiatement dans tous les médias et une campagne d'accusation médiatique - et donc se devant sociale - a été lancée, sur le mode du vous voyez votre héros, eh bien ce n'est pas un héros. C'est assez primitif et il n'est pas certain que ça passe bien, en dehors des médias, bien sûr. Le Procureur général a estimé que "grâce aux médias" justement (qui ont parfaitement joué leur rôle ...), cette honte est devenue nationale, il faut payer, assumer etc. Il est vrai que les médias ne portent pas une attention identique à toutes les chasses ... Dès le départ, Rachkine avait proposé, quand il a reconnu avoir participé à la chasse, mais ne pas savoir qu'il n'y avait pas d'autorisation, remplacer l'animal pour couvrir l'impact sur la nature. Mais non, il faut du sang et pas celui de l'animal. Les députés ont donc voté la levée de l'immunité parlementaire et le Procureur général, dans la foulée, a demandé le droit d'une fouille en règle de son domicile - peut-être doit-il y avoir encore quelques morceaux de viande ? ... 

Beaucoup de questions se posent ... Avec qui Rachkine faisait-il de la chasse ? Comme le rappelle le Procureur, cela fait 20 ans qu'il pratique la chasse et il n'est pas seul. Pourquoi lui seul a-t-il été interpellé et placé sous les caméras ? Qui sont ces personnes qui déclaraient avoir une autorisation - sachant que dans ce type de chasse, une seule autorisation est délivrée pour tout un groupe ? Il est tout à fait possible que la chasse n'ait pas été autorisée, mais il est "surprenant" alors que cela n'ait finalement posé un problème que maintenant ...

Le pouvoir russe, quoi qu'il en est, va trop loin dans ce combat, comme s'il menait un combat à vie à mort pour protéger la globalisation ... Non, l'on ne toucha pas à la vaccination obligatoire et aux QR Codes, sinon, hop, une visite pour faire réfléchir ...

Si dans l'affaire des Navalny and co, l'on était face à des gens ouvertement manipulés et financés de l'étranger pour déstabiliser le pays, ce qui justifie une action directe et forte des organes étatiques pour protéger l'intérêt public, ici la situation est radicalement différente. Nous sommes face à des élus, donc des gens qui institutionnellement représentent le peuple. Nous sommes face à des gens qui se battent pour une certaine vision nationale et humaniste de la Russie. Pour une vision de la vie et de l'homme qui ne se réduit pas à l'existence biologique d'un assemblage de cellules. 

Le pouvoir est en train de constituer cette opposition politique nationale, qui manquait tant à l'équilibre de la gouvernance, à la légitimité dans l'opinion publique, ce qui en soi est bien pour le pays, mais est un danger pour ce pouvoir concrètement, s'il ne se ressaisit pas très rapidement. Soulignons par ailleurs, qu'il fabrique aussi une opposition qui, du coup, se fait connaître à l'étranger et le Washington Post s'est déjà emparé de l'affaire.

A suivre.