L'histoire ne se répète jamais à l'identique, ce qui n'empêche pas la tentation. Les mentors de cette guerre globale reprennent le fleuron de la guerre civile russe, mais les ressources sont objectivement limitées et ils ne semblent capables que d'une parodie avec l'ancien député-escroc Ponomarev, depuis plusieurs années parti en Ukraine puis aux Etats-Unis, en guise de Lénine et une fantomatique "Armée nationale républicaine" en place d'un véritable soulèvement populaire. Quoi qu'il en soit, il existe bien des forces voulant ouvrir un deuxième front, intérieur en Russie, en jouant sur l'éternelle division des clans au pouvoir et le mécontentement populaire, que provoque ces élites russes globalistes toujours en place, pour monter les Russes les uns contre les autres et si possible contre le pouvoir. A ce jour, cette idée a peu de perspective, ce qui n'empêche pas le danger à terme.
L'ancien député Ilya Ponomarev est une figure assez caricaturale de l'opposition dite libérale en Russie. Il est important pour la suite de connaître un peu le personnage. En 2015, il est accusé de détournement de fonds publics, pour avoir touché 70 000 dollars environ pour une série de 10 conférences à Skolkovo (la Sillicon Valley russe, américanisée de l'intérieur), dont il n'en a fait qu'une seule (voir notre texte ici). Lui qui se pose en grand combattant de la corruption du "régime de Poutine" en Russie, à l'époque les détournements de fonds publics ne le dérangeaient pas. Immédiatement parti aux Etats-Unis à l'été 2015, la Douma a quand même attendu l'été 2016 pour lui retirer son mandat (voir notre texte ici). Il traîne depuis dans les Forums globalistes antirusses de l'opposition radicale, financés depuis l'étranger.
Cette opposition radicale a un très faible capital politique en Russie, justement parce qu'elle va à contre-courant de l'opinion publique : elle remet en cause le consensus de Crimée, appelle à plus de sanctions contre le pays, appelle à la dissolution de la Russie dans le jeu global et à la remise en cause des valeurs traditionnelles. Et c'est justement cette opposition, qui est tenue par l'étranger.
Il semblerait que l'occident ait retenu la leçon de l'échec total du projet Navalny, présenté comme ultra libéral. Avec Ponomarev, ils tentent une alternative pseudo-patriotique. Le discours change un peu du discours classique, il tente d'être anti-Poutine raisonnable mais sans concession, faisant du président un être faible sous une pression qu'il ne supporte plus, et dont il faut sauver la Russie et les Russes. C'est ce qui ressort par exemple en grandes lignes de cette interview avec Gordon, le propagandiste ukrainien.
Cette "opposition" de l'étranger tente de recréer des symboles étatiques et reprenant la même technologie que pour Tikhanovskaya en Biélorussie, ils veulent transformer le drapeau national : le rouge en Russie doit disparaître du drapeau, c'est la couleur du sang, il ne doit rester que le bleu et le blanc.
Ponomarev, qui s'est positionné immédiatement contre le conflit ukrainien, a très tôt diffusé des bruits non confirmés d'atteintes systématiques contre les centres militaires de recrutement. Mais son poids politique en Russie est très faible, en raison de son passé, qui ne peut en faire un patriote. Ses appels restent donc assez vides.
Avec l'attentat contre la famille Douguine, Ponomarev est monté d'un cran et en a profité pour donner vie à une mystérieuse "Armée nationale républicaine", dont il publie le Manifeste, sur fond de chant patriotique, qui appelle au renversement de l'ordre constitutionnel en Russie:
Selon les déclarations non prouvées de Ponomarev, cette organisation existe depuis plusieurs mois, elle aurait déjà commencé à agir et ce serait elle qui aurait assassiné la fille Douguine, en ratant le père. Et cette organisation serait prête à agir en Russie, ouvrant ainsi un second front, devant conduire à la division de la société, qui est censée se mettre à soutenir ces faux partisans.
La démarche est intéressante, car manifestement, les tireurs de ficelles ont tiré les leçons de leurs revers : ils ne peuvent mettre en place en Russie une opposition radicale libérale pour renverser le pouvoir, Navalny est l'illustration parfaire de leur échec. Ils veulent donc jouer la carte faussement patriotique, en s'appuyant également sur les élites globalistes, qui sont au pouvoir et restent très peu populaires, bien que encore puissantes. Ainsi, d'un côté, ils provoquent le mécontentement avec des individus, qui soit bloquent le processus de déglobalisation de la Russie, soit continuent ouvertement à défendre "le parti de la paix" (des négociations, des compromis, des retraits, etc.), comme il est appelé. Ces individus permettent de discréditer le pouvoir auprès de la population, majoritairement conservatrice et patriotique. Ce qui peut conduire pour une partie de la population à remettre un peu vite en cause le caractère patriotique du pouvoir en place ... et donc à lui chercher une alternative. L'alternative lui est également fournie par ce même clan globaliste extérieur, clé en main, prête à consommation. Ce qui a en plus le mérite d'écarter les véritables patriotes.
Ce plan a peu de chances de fonctionner, mais il est clairement activé. Beaucoup va en réalité dépendre de la capacité du pouvoir en Russie à nettoyer en douceur, mais avec fermeté, ses élites globalistes et à répondre aux attentes de la population en matière de déglobalisation (de l'enseignement, du système de santé, etc.). Car aucun changement par la force de l'ordre constitutionnel ne peut se faire de l'étranger, sans qu'il n'y ait un véritable mécontentement populaire. Ces "révolutionnaires-mercenaires" ne peuvent qu'orienter, que s'approprier ce mécontentement. Il est donc fondamental de ne pas tendre le bâton.
G. Soros aime bien financer la division et des personnages comme Ponomarev. Est ce que c'est quelque chose de possible dans ce cas-ci ?
RépondreSupprimerCe type a malheureusement pour lui une tête de mafieux, il gagnerait à utiliser un rasoir et à mettre une cravate, histoire de mieux présenter.
RépondreSupprimerJe me suis posé la question de savoir si c'était vraiment le SBU qui était derrière l'attentat à la voiture piégée contre Douguine, les sponsors de Navalny pouvant possiblement y avoir participé. En attendant, la présentation peu flatteuse de Douguine comme un ultra-nationaliste d'extrême droite russe par les médias français indique que les organisateurs de cet attentat ont des racines en Occident, probablement à Washington et Langley.
Il finira comme Navalny, ce traître, j'espère !
RépondreSupprimerJe ne comprends pas. Je croyais, vraiment, que V. Poutine avait fait le ménage.
RépondreSupprimerL'embout de l'aspirateur de Poutine ne va pas dans les recoins obscurs apparemment...LOL.
SupprimerDommage, il va falloir qu'il s'y remette et qu'il n'oublie aucun recoin cette fois-ci.
SupprimerLe nom de Ponomarev m'a frappé. J'ai mis une seconde à me souvenir d'un "Boris Ponomarev", apparemment son oncle. qui était haut placé au Département des affaires internationales du Comité central soviétique et dont l'ouvrage en deux volumes sur l'impérialisme était plus utile pour m'endormir qu'un somnifère. Je trouve cette transition des communistes "de haut niveau" aux capitalistes néolibéraux assez frappante et malheureusement tout à fait familière, en l'occurrence pas chez la même personne mais dans la même famille.
RépondreSupprimerD ailleurs ce Ponomarev (l oncle) critiquait la politique étrangère de Staline car il la considérait comme trop pacifiste : il disait que la France et l Italie étaient prétes pour une révolution dans les années 1940.
SupprimerLa situation actuelle pour la Russie est délicate : on a dans le même temps :
RépondreSupprimer- le financement US de bouffons russes de basse volée pour prétendument provoquer une crise de régime au Kremlin (Navalny, et compagnie) ;
- la Pologne qui s'invite au conflit avec une présence militaire sur le territoire de l'Ukraine de l'Ouest (en échange de la Galicie probablement) ;
- Boris Johnson et Lizz Truss qui semblent totalement obnubilés par l'Ukraine, le premier venant avec des millions de dollars pour aider un nazi halluciné et cocaïnomane (Hitler était également un nazi halluciné polytoxicomane et on sait comment cela a fini pour lui), la seconde veut lui emboîter le pas contre l’avis de toute son opinion publique ;
- les guignolos à la tête des états Baltes qui roulent des mécaniques et qui, après avoir chatouillé les Russes avec la ligne de chemin de fer allant vers Kaliningrad, veulent créer un Apartheid anti-citoyens russes (il suffit que la Russie leur coupe le gaz et l'électricité et ces micro-pays reviendront à l'âge de pierre) ;
- last but not least, des attentats sont organisés sur le territoire russe (Dougina, etc...). Et on ne parle même pas des sanctions économiques et financières, dont le vol de plusieurs centaines de milliards de devises de réserves par les banques centrales US, UK, UE, Japan.
- Manque de bol, Poutine et ses collaborateurs directs sont des gens très patients et résilients (par exemple avoir attendu 8 ans pour que les accord de Minsk ne soient pas mis-en-place, c'est franchement de la patience).
- Je serais citoyen russe, je me dirais que les Occidentaux sont des psychopathes profonds qu'il faut interner de toute urgence pour le bien de l'humanité : souvenons-nous de Lizz Truss, une incompétente notoire, qui si elle est élue au poste de premier ministre britannique, veut vaporiser la Russie à grands coups de missiles nucléaires...provoquer une troisième guerre mondiale ne semble pas perturber plus que ça cette bécasse qui a le QI d’un moule à gaufres. Et c’est justement cela qui est choquant, tout est fait en Occident pour mettre au pouvoir les gens les plus incompétents et les plus dangereux.
Les russes ont vu bien pire et leur arsenal nucléaire tient à distance ceux qui seraient tentés d'aller plus loin. Lizz Truss est complètement débile et je pense que les anglais ne méritent pas mieux à la tête de leur pays.
SupprimerUn seul missile-torpille Poséidon ferait l'affaire et déclencherait un raz-de-marée sur la moitié de l'Angleterre. Les Britanniques ne sont pas gâtés avec leurs élites comme nous en France.
SupprimerChose intéressante, Ponomarev s'est vanté d'avoir participé à l'attentant contre Douguine. Et ce propos, comme Zelinski n'est plus en odeur de sainteté à Washington, il ne serait pas impossible que la CIA organise un deuxième attentat pour l'éliminer et fasse porter le chapeau à la Russie en expliquant que c'est une mesure de rétorsion pour la mort de la fille de Douguine organisée par le FSB. Mais bon là je fais de la politique-fiction complète avec les barbouzes d'outre-atlantique.
Ce Ponomarev est un guignol s'agitant sur une scène fantomatique et virtuelle. Plus sérieusement, les attentats en Russie sont l'oeuvre, me semble-t-il, de l'Asymmetric Warfare Group, une unité de l'US Army, née en 2004, qui forme, entraîne et arme les réseaux behind the line. Officiellement, il existe déjà une légion russe sous l'égide de la CIA qui se bat en Ukraine. L'Asymmetric Warfare Group a son siège à Fort Meade dans le Maryland non loin de celui de la NSA...
RépondreSupprimerIntéressant comme info...Merci !
SupprimerPonomarev devrait se demander pourquoi dans tout l'Occident, les dirigeants (USA, UK, France, Allemagne, Italie) sont minoritaires dans l'opinion publique, et que en Russie, Poutine est largement majoritaire : https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-21-au-27-aout-2022
RépondreSupprimer