Hier, la Douma a enfin voté le retrait du mandat parlementaire du député Ilya Ponomarev, qui vit depuis l'été 2015 aux Etats Unis. Celui-ci ne comprend pas en quoi il n'exerce pas ses fonctions et promet de revenir et la presse française, lorsqu'elle en parle, lie mensongèrement cette décision à sa position contre le rattachement de la Crimée. Ou comment faire d'un escroc de bas étage une victime du système.
Par 413 voix pour et 3 contre, les députés ont enfin voté le retrait du mandat de I. Ponomarev en raison d'un absentéisme de plus de 30 jours ne lui permettant pas de remplir les fonctions pour lesquelles il a été élu par les électeurs de Novossibirsk dans le cadre du parti Russie Juste (Spravedlivaya Rossia).
C'est maintenant au Comité d'éthique de prendre la décision définitive, mais il y a peu de doutes sur la question. Il est à regretté que les députés se soient, en quelque sorte, "cachés" derrière la nouvelle loi adoptée au printemps autorisant de retirer un mandat à un député s'il est absent plus de 30 jours. Formellement, oui, c'est incontestable. Mais la question concernant Ponomarev est beaucoup plus profonde. Ce n'était pas un acte technique qui était attendu, il aurait fallu avoir un peu plus de courage politique.
Rappelons quelques aspects de son parcours récent - voir notre publication ici. Donc il est accusé d'avoir détourné 750 000 $ du Fond Skolkovo pour des "leçons" qu'il n'aurait pas assuré. Cet individu se réfugie évidemment aux Etats Unis, où il devient une figure de la lutte contre la répression en Russie. Son profile correspond évidemment à ce que l'Occident veut voir en Russie. Et il reprend ce rôle de victime dans son allocution par vidéo diffusée suite au vote à la Douma:
Pour les non russophones, dans l'ensemble, I. Ponomarev se souvient avec - ou plutôt sans aucune - émotion de son grand parcours parlementaire de 9 années. 9 années d'opposition, de manifestation, où il a l'impression de jouer le rôle du chevalier Bayard, même s'il flotte largement dans l'armure. Bref, de grandes lois sont adoptées - évidemment grâce à lui. D'autres, malgré lui - notamment en ce qui concerne la protection des enfants sur internet, qu'il semble regretter profondément. Soit. A partir de la 4e minute l'on frise le délire.
A 4.17, il s'emmèle les pinceaux en déclarant:
"tant que l'on ne m'a pas interdit d'aller en Russie, je suis souvent allé à Novossibirsk"Il faudrait rappeler à Ponomarev que personne ne l'empêche de partir des Etats Unis et de revenir en Russie ... répondre de ses actes devant la justice, comme dans tout pays civilisé. Donc il a le droit d'entrer en Russie, où il est même particulièrement attendu pour rembourser l'argent détourné. Mais revenons à la phrase. Il résidait en Russie, donc en effet qui l'empêchait d'aller à Novossibirsk qui est en Russie. Il semble avoir un problème de géographie. A moins que la Sibérie ne le tente plus vraiment...
Continuons notre expédition dans ce monologue plein de surprises. A la 6e minute, il remercie son équipe qui l'a soutenu dans son action. Et quelle équipe! Sur 45 personnes, 20 sont concernés par une affaire pénale, 3 ont fait de la prison et 9 se sont enfuis du pays. Evidemment, c'est de la répression. Un peu comme à son encontre, tout est monté. On l'a forcé à prendre 750 000 $ dont il ne voulait absolument pas. Il refusait, il se débattait, mais finalement, un pistolet sur la tempe, il s'est rendu et a pris l'argent. Ce régime est terrible. Laissez-moi essuyer une larme ...
Mais le meilleur est à suivre. Et là on voit qui a écrit le discours, qu'il regarde de temps en temps, comme le bon petit premier de la classe, pour être certain de ne rien oublier, pour que l'instituteur soit content. A partir de la minute 7.43, c'est un enchaînement de tragédies. Car Ponomarev porte tout le malheur du monde sur ses épaules, il doit s'excuser devant le monde entier de tous les crimes commis par la Russie. Et l'Occident en a une belle liste, de crimes à imputer à la Russie, alors il se lance - sur le mode des grandes opérations bolchéviques de contrition publique:
"mon pays est devenu un agresseur. (...) Je demande pardon aux habitants d'Ukraine, surtout aux habitants de Crimée et du Donbass, car je n'ai pas pu empêcher le sang de couler ni la guerre"C'est beau! C'est grand! C'est généreux! Et puis ça ne coûte pas cher et ça rapporte gros. Sauf que ... je ne savais pas que le sang avait coulé en Crimée... Et les habitants ont choisi eux-mêmes de rentrer en Russie pour fuire le régime sanguinaire de Kiev ... Quant au Donbass, c'est l'aviation ukrainienne qui est venue les bombarder, ce sont les tanks ukrainiens et l'artillerie qui a pilonné les zones d'habitation et les infrastructures civiles ... Mais peu importe les fait, il faut construire le discours pour recréer une réalité alternative plus arrangeante, ça fait parti contrat.
Maintenant il faut conclure sur la note d'optimisme de rigueur pour tout bon petit révolutionnaire doré qui doit y croire. Dans le style I'll be back. Un vrai scénario à la Hollywood (8.50):
Chers anciens collègues, vous n'arrêterez pas l'histoire avec des lois et des interdits. Un jour la Russie deviendra réellement libre et indépendante et je reviendrai. Je vous promet que je reviendrai.Je vous l'avais dit, c'est du I'll be back. Nous en avons la preuve, le ridicule ne tue pas.
Ce qui est amusant, c'est que la presse francophone, lorsqu'elle n'ignore pas le fait, le présente tout en insinuation, comme une opération politique de répression contre un opposant qui dérange. Ce fameux député qui avait voté contre le rattachement de la Crimée. Bref, le seul député honête de toute la Douma. Ainsi, L'Orient le jour titre:
"Le député russe qui s'était opposé à l'annexion de la Crimée privé de son mandat"Et voici le premier paragraphe pour la présentation tendencieuse:
"L'opposant Ilia Ponomarev, le seul député russe à avoir voté contre l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et qui vit aujourd'hui en exil aux Etats-Unis, a été privé vendredi de son mandat pour manque d'assiduité aux séances de la Douma, la chambre basse du Parlement russe."Comme si ce vote était lié à celui de 2014 sur la Crimée. Comme s'il était parti à cause de cela aux Etats Unis et non en raison de ses trafics. Et comme s'il était normal qu'un député résidant de manière permanente à l'étranger puisse garder son mandat.
En effet, quel député. Ce sera une grande perte pour le système représentatif russe.
La Russie en a beaucoup des ponomarev? Non mais quel ensuqué, et les médias occidentaux, toujours aussi minables, aussi lamentables, quand vont-ils s'arrêter de mentir?
RépondreSupprimerÇa existe encore les goulags ? Bien sûr que non ! Si c'était le cas, ça devrait être sa destination.
RépondreSupprimerMerci Desmotscratie)
RépondreSupprimerFranchement, si en France on pouvait se débarasser de nos politiciens véreux à 750 000$ l'un, ce serait l'affaire du siècle.
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