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mardi 2 avril 2024

Billet d'humeur : et si l'on ouvrait réellement le front de l'enseignement en Russie ?


Alors que le pays est depuis deux années engagé frontalement dans une guerre de civilisation, des propositions d'un autre temps ne cessent d'émerger en Russie. Ainsi en est-il de l'éternelle rengaine de la diminution des devoirs à la maison et des contrôles de connaissances à l'école. Enfermer les enfants dans un culte ludique les affaiblissant, psychologiquement et intellectuellement, n'est pas le meilleur moyen de renforcer la société et de la préparer à sortir du carcan globaliste. Bien au contraire, c'est faire de l'intérieur, ce qu'il n'est pas possible de faire de l'extérieur.

Lors de son discours devant le Parlement, le Président Poutine avait glissé cette idée. Il aurait été souhaitable qu'elle tombe au fond du tiroir des mauvaises idées oubliées. Mais, non. Son décalage idéologique avec les besoins de la Russie aujourd'hui est tel, que manifestement certaines forces ont sauté sur l'occasion pour ne surtout pas la laisser dépérir. Il faut, paraît-il vivre avec son temps. Il serait pourtant mieux de le déterminer "ce temps", au lieu de vivre selon des règles civilisationnelles déterminées par d'autres.

Et pour cause. Alors que la Russie veut relancer son industrie, et donc a besoin d'ingénieurs. Alors que la Russie prétend à la souveraineté, notamment intellectuelle, elle a donc besoin d'une population éduquée, capable de faire front à la propagande globaliste. 

Afin de réaliser ces buts, Vladimir Poutine demande de réduire (encore) les devoirs scolaires, alors qu'il n'y en a déjà presque plus et les contrôles des connaissances, qui sont, eux-mêmes aussi, déjà réduits à peau de chagrin. Ne fatiguons pas trop les petits choux ... 

En 2014, alors que la France s'était déjà fourvoyée depuis longtemps dans cette voie avec les résultats que l'on connaît, elle regardait avec admiration vers la Russie et la Chine, où les élèves travaillaient encore. Les études prouvant que les élèves, qui travaillaient à la maison, avaient évidemment de meilleurs résultats à l'école. Quelle surprise ... 

En revanche, la critique était portée sur les inégalités sociales : tout le monde n'a pas le même environnement familial et social pour grandir. Cela aussi est une surprise ... Donc, il faut niveler vers le bas, pour que tous les enfants soient égaux dans la bêtise. Ne donner une chance à personne. A part quelques écoles, mais cela ne concerne pas le bon peuple.

Quels que soient les discours patriotiques en Russie, rien n'y fait. L'école est toujours la cible privilégiée des globalistes russes, qui se sont entre temps évidemment rebaptisés patriotes, mais qui ne l'est pas aujourd'hui ? Seulement, tous n'ont manifestement pas la même patrie ...

Et la Russie s'aligne sur le mouvement globaliste du laissons les pôv petits tranquilles avec tout ce travail. La Chine adopte une loi pour réduire les dévoirs scolaires. La Suisse espère pouvoir mettre à bas l'école grâce à la destructuration covidienne, en surfant sur la lutte contre les inégalités scolaires. Produisons tous des idiots, ils seront heureux, semble être la ligne générale. D'ailleurs au Québec, on lutte contre les devoirs scolaires ... pour permettre de réduire les tensions familliales. What else ?

Tous ces pays ont baissé pavillon devant la globalisation, où ils se sont dilués. Mais que vient faire la Russie dans cette danse macabre après deux années de guerre civilisationnelle ouverte ? Introduire le drapeau et l'hymne dans toutes les écoles du pays ne sera pas suffisant pour produire des patriotes, c'est-à-dire qui personnes qui aiment et respectent leur pays en toute conscience et connaissance, cela produira simplement des idiots qui chanteront l'hymne national. 

Cette année, les quatre cinquièmes des étudiants de première année à la faculté de droit de l'Université d'Etat de Moscou ont été incapables de valider leurs matières du premier coup. Il y a une dizaine d'année, la proportion était d'un tiers ... Ces résultats donnent l'alerte, parce qu'à la différence d'autres établissements supérieurs, celui-ci ne s'est pas "adapté" : il n'y a pas revue à la baisse des exigences, ni transfiguration des examens en "projets personnels". En sortant de l'école russe aujourd'hui, la majorité des jeunes sont inadaptés à l'Université, que ce soit au niveau de leur culture générale, de la méthodologie ou du rapport hiérarchique.

A ce rythme-là, quelle sera la société de la prochaine génération ? Tout ne peut toujours être ludique, facile, sans effort. Si l'on ne réintroduit pas la culture de l'effort dans l'enseignement, si l'on ne restaure pas la systématicité des connaissances fondamentales à l'école, aucune bataille sur le front ne permettra de sauver le pays. Il aura déjà disparu, ne sera plus qu'une parodie de lui-même.

11 commentaires:

  1. Alors que des personnalités comme Emmanuel Todd comparent le niveau d'enseignement de la Russie avec celui des USA en faveur de la Russie quant au nombre d'ingénieur formés idem pour les PIB artificiellement gonflé aux usa .... avec les revenus des ... avocats !!!

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  2. Décidément la fabrique à crétins n'existe pas qu'en France. C'est bien triste pour les enfants.

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    1. Le savoir doit être dispensé principalement à l'école où l'étudiant sera mieux encadré. Il faut surtout revoir les heures d'études que l'on faisait jadis. Vu la dégradation de notre cadre social le travail à la maison n'est pas toujours facilité. Par ailleurs s'il faut se perfectionner en dehors de l'école on voit déjà ce qui se profile avec des cours privés qui fleurissent comme les pharmacies à chaque coin de rue mais pas pour tout le monde. L'approfondissement du savoir en dehors de l'école doit être encouragé et non imposé.
      L'envie d'apprendre est naturelle. Mais je sais qu'aujourd'hui c'est compliqué et pas seulement pour les enfants. Todd cité plus haut en dit beaucoup sur le sujet dans son dernier ouvrage.

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  3. La France s'est inscrite depuis, les années 80 dans une sélection par l'échec. En effet le marché du travail (Déversoir final des études passées) se contractant de plus en plus, le un pour cent de croissance perdu tout les dix ans depuis 1960 n'amenait pas de débouché aux étudiants, alors, le rabotage par l'échec a broyé des générations d'enfants pour finir là où nous en sommes.
    De plus, les inégalités sociales, la cooptation n'ont fait que d'accentué la sélection. Une de mes amies professeur dans un lycée technique a eu une inspection du rectorat, l'inspectrice a bien constatée que les élèves n'avaient pas le niveau suffisant en français, en effet, ils ne savaient à peine lire et écrire correctement,; interrogée sur cette lacune, la réponse, a été ahurissant " vous savez ils n'ont pas besoin d'être meilleur ce ne seront que des exécutants"
    Elle a quitté son post de fonctionnaire pour enseigner dans une école privée catholique.

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    1. Est-ce mieux vraiment chez les cathos ? En dehors du formatage religieux (idéologique, social aussi), bien des boîtes privées adoptent la pseudo bienveillance en termes de performances académiques.

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  4. Qu'en est il dans l'enseignement professionnel ?

    En France, dans les années 1930 les manuels de maths et de physique pour les apprentis de 14 à 18 ans en mécanique ( tourneur fraiseur ajusteur etc. ) étaient du niveau de Math.Sup actuelle car ils avaient acquis les "bases" et le goût pour apprendre avant de prendre une filière d'apprentissage. Ces apprentis devinrent des ouvriers qualifiés puis des techniciens exceptionnels, et même des ingénieurs exceptionnels. D'où l'excellence de l'industrie française tant que l'école et le collège furent excellents, et l'apprentissage dans les mains de professionnels des métiers. A partir des années 70-80 ce fut le début de la dégringolade.

    Actuellement, les rares apprentis ne maitrisent ni le français ni l'arithmétique, et ils ne sont plus formés par des hommes de métier mais par des profs du ministère de l'Education sans expérience professionnelle du métier ( contrairement à l'Allemagne par exemple). Dans certaines filières il n'y a plus d'apprentissage, mais des BTS techniques et des IUT, donc post bac pour des élèves de 20 à 23 ans qui n'auront pas d'expérience du travail réel dans un atelier professionnel. Ils commencent 6 ans trop tard et dans de mauvaises conditions. Beaucoup végètent pendant des années, voire toute leur vie comme technicien de maintenance payé à peine plus que le SMIC pendant des années !

    J'espère que la situation est différente pour les jeunes russes, sinon il deviendrait impossible pour la Russie de développer l'industrie dont elle a besoin.
    Le numérique, l'IA, et chatGBT ne fabriquent pas des produits industriels.

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  5. Une usine de montage de Citroen C5 Air Cross fonctionne en Russie. Elle assemble des pièces qui sont fabriquées en... Chine.
    Si la Russie n'est pas capable de créer et de produire des voitures modernes par ses propres moyens, c'est peut être parce qu'elle ne forme plus suffisamment d'ingénieurs, de techniciens, et d'ouvriers qui soient compétents.
    En France, cette pénurie fut une cause essentielle de la DISPARITION des PMI - petites et moyennes industries.

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    1. D'accord sur la baisse de niveau.
      "des profs du ministère de l'éducation sans expérience professionnelle du métier", en revanche, c'est une propagande commode dont le pouvoir et le grand patronat se servent pour diminuer la valeur des diplômes, et donc les salaires et l'adaptabilité. La situation est encore plus catastrophique dans les CFA, où les matières intellectuelles (français, maths, culture générale..) sont presque absentes. Les lycées pro subissent "réforme" sur "réforme", dans le but de les détruire, pendant que l'apprentissage où les jeunes n'apprennent que le minimum pour remplir le poste dans les entreprises grassement subventionnées pour cela. Un scandale de plus !

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  6. Qu'est ce qui motive Poutine ?
    Ou plus simplement, est il une éponge d'idées dominantes ?

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  7. Karine, j'ai pensé que ce document sur L'ouverture du tombeau du Christ en 2016 peut vous intéresser. C'est hors sujet, mais bouleversant.

    https://t.me/alexandrahenrioncaude/1386

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  8. D'après le rapport PISA sur le niveau de l'apprentissage des élèves dans le monde , on assiste à une nette régression dans les pays occidentaux . En pôle position se trouve la Corée du sud mais avec un taux de suicide des écoliers nettement supérieur à la moyenne .
    Yvan Ilitch dans " Une société sans école" , pause le problème : est ce à l'état d'assurer l'éducation de nos enfants au point d'en faire de charmants idiots tout juste bons à suivre le troupeau ? Comme pour la Santé, l'éducation est à repenser. Dévaloriser l'enfance en considérant cette période comme propice à l'endoctrinement ne va pas dans le sens de l'émancipation humaine universelle. Le problème reste l'omniprésence de la valeur d'échange , acté par la mondialisation.

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