L'ACTUALITE RUSSE EN FRANCAIS MISE AU POINT PAR RUSSIE POLITICS SUR Facebook ET Twitter!

lundi 10 février 2025

Front ukrainien : la fantasmagorie d'un Yalta 2.0


Il a appelé ou il n'a pas appelé? Tout le week-end médiatique a tourné autour de l'annonce surprise de Trump, selon laquelle il aurait eu une conversation téléphonique avec Poutine. Le porte-parole du Kremlin botte en touche sur le mode du je ne suis pas au courant de ce dont je ne dois pas être au courant. Pendant ce temps-là, le fameux "clan de la paix - à n'importe quel prix" fantasme sans retenue au sujet d'un impossible Yalta 2.0. La Russie est à un tournant décisif de son histoire : soit elle baisse les bras et tente de négocier un cessez-le-feu à bas coût (en attendant de prendre un coup d'une puissance encore difficilement évaluable, puisque l'on ne respecte pas les faibles), soit elle a le courage d'un véritable combat contre le monde global, ce qui est encore loin d'être évident. 2025, ce n'est pas Yalta et 1945, mais plutôt la Première Guerre mondiale, ses tranchées et ses étranges faiblesses.

Selon le New York Post, Trump aurait téléphoné à Poutine et celui-ci aurait déclaré qu'il y avait trop de gens, qui meurent. Et Trump de préciser, qu'ils meurent sans raison. Soit. Traduisons : ils meurent, sans que cela ne serve les intérêts américains, donc ils meurent sans raison. Que des Russes (dans le Donbass, dans l'Est de l'Ukraine, en Russie) meurent, parce qu'ils défendent la terre russe, leur terre, cela est en effet trop loin des intérêts américains, donc n'a aucune raison d'être, donc n'est pas. 

Bref, de ce côté rien n'a changé et ne peut pas changer. Trump aurait aussi un super plan de paix, dont il ne dévoile toujours aucun élément - surprenant, s'il doit apporter la fameuse paix, pourquoi attendre ? A moins, que comme nous l'avons déjà écrit, il ne s'agisse que d'un subterfuge. Car comment régler de manière acceptable pour les deux parties, à savoir les élites globalistes atlantistes et la Russie, ces deux questions : la reconnaissance juridique (et non factuelle) des nouvelles frontières sur le front ukrainien, ainsi que la non-militarisation de ce qu'il reste du territoire ukrainien ensuite ? Impossible.

De son côté, le Kremlin reste dans le flou, il est vrai que sur le fond il n'y a de toute manière rien à dire :

« Alors que l'administration à Washington se met au travail, il y a de nombreuses et différentes communications, ces communications sont menées par différents canaux, et (...) personnellement, je peux ne pas savoir quelque chose, ne pas être au courant de quelque chose. « Par conséquent, dans ce cas, je ne peux ni le confirmer, ni l’infirmer », a commenté le porte-parole du Président russe.

Et à l'occasion des 80 ans de Yalta, plus d'un se sent l'imagination productive. L'on peut ainsi lire la présentation de l'un de ces shows pseudo-politiques, celui de Pervy Kanal, la première chaîne fédérale, où le présentateur et ses invités se demandent s'il ne serait pas temps d'organiser un nouveau Yalta. Et quand même de délicatement poser la question qui dérange : avec qui. Sauf qu'ils reprennent le langage de commerçant de Trump : "Le moment ne serai-il pas venu pour une nouvelle grande transaction ?", sur le mode d'un contrat juteux, d'un bon marché, d'une bonne affaire. Bref, l'on voit pointer la vision géopolitique stratégique à long terme de ces nouveaux commerçants du pouvoir. Chaque époque à ses héros.

Bien loin de la fantasmagorie délétère ambiante, rappelons que la conférence de Yalta 1) s'est déroulée après la victoire et une victoire, qui a coûté plus de 27 millions de vies à l'Union soviétique, ce qui l'a imposée sur la scène internationale et 2) a été organisée entre les Alliés, à savoir l'URSS, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

Or, à ce jour, il n'y a pas de victoire militaire écrasante, permettant de mettre en place un "nouveau monde", un nouvel agencement des forces. Ca ne se déclare pas sur les plateaux télé. 

De plus, la Russie, en raison de la faiblesse de ses élites politiques, n'est pas en position de force pour pouvoir imposer une véritable conférence de cette ampleur - on ne lutte pas "contre la globalisation", quand toute une partie des élites intérieures est néolibérale. Ca ne fait pas sérieux ...

Enfin, on ne conclut pas un "Yalta" avec l'ennemi. Trump est le Président des Etats-Unis, qui sont la première force impliquée dans ce conflit et la source du conflit. 

Donc, dans tous les cas, même si négociations il y a, ce ne sera pas un Yalta.

La Russie a effectivement un choix à faire, et ce choix va décider de son avenir, de son existence à venir. Si l'on sort du discours émotif surfant sur le thème de la Russie a déjà gagné et si l'on revient dans le champ de l'analyse, cette guerre est une guerre des tranchées, qui ressemble beaucoup plus à la Première Guerre mondiale, qu'à la Seconde qui était extrêmement dynamique.

Rappelons schématiquement qu'alors, "la fatigue" du peuple a conduit à une révolution et à un accord de paix, pour sortir de ce fourbi. Ce peuple, le même, n'était pourtant plus fatigué lors de la Seconde Guerre mondiale, après une guerre civile, pour reporter une victoire éclatante. In fine, les élites russes de l'époque a perdu, mais la Russie a fini par gagner.

Il est vrai que les élites n'étaient pas les mêmes, le rythme de la guerre non plus. Ce n'étaient pas des commerçants au pouvoir en 41. Et eux n'avaient pas peur du véritable patriotisme. Ils ne cherchaient pas des "bons marchés", ni des "conditions favorables pour négocier", à peine les armes en mains. Ils voulaient la victoire, ils voulaient libérer la terre russe, ils avaient une vision stratégique et géopolitique, une vision nationale et souveraine. L'énergie d'un peuple dépend beaucoup de celle de ses élites. Il n'y a pas de miracle, mais les erreurs fatales des élites peuvent aussi réveiller les peuples. L'histoire l'a déjà montré en Russie et elle a une forte tendance à se répéter, quand les leçons n'en sont pas tirées.

Voyons ce que feront ces élites russes, issues de la chute de l'URSS et biberonnées au néolibéralisme. Voyons ce qu'elles seront en réalité. Le moment de vérité approche.


4 commentaires:

  1. En attendant une délocalisation des hostilités?
    https://www.youtube.com/watch?v=WtV8pCjrNNo

    RépondreSupprimer
  2. Face au monstre qui poursuit sa conquête du monde, la Russie n'a d'autre choix que de s'installer dans la durée, en "attendant" que d'autres entrent dans le combat eschatologique.
    Pour le moment la Russie est quasiment seule à l'avant poste de la résistance mondiale. Mais négocier et donc céder c'est mourir à petit feu.

    Qui peut aujourd'hui avoir une vue géostratégique en RUSSIE et ailleurs dans des pays victimes, aujourd'hui ou demain, de l'Axe sioniste ?

    Effectivement, nous ne sommes plus en 1941... Mais la Chine, l'Inde ne sont pas tombés, et ces pays ne pourront pas être rasés comme éventuellement l'Iran.

    Et pour le moment la Russie dispose du même potentiel de destruction massive que les USA... Alors, effectivement, tout dépendra des élites russes. Puissent elles réaliser qu'elles n'ont pas d'autre choix que de résister.

    RépondreSupprimer
  3. Finis les biberons! Allez les mecs, un bon troc!

    RépondreSupprimer
  4. Ce n'est pas un Yalta2.0 dont la Russie (et le monde) a besoin, mais d'un Moscou Pékin (Delhi Téhéran)1.0.

    Le cinéma du clown américain n'aura qu'un temps. Les américains israéliens ne peuvent pas génocider tous les peuples. Que ferait le gros blond si la Russie (et /ou la Chine) disait : " le génocide des Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie c'est fini ! " Il se dégonflerait...à l'invite de ses sponsors les grands banquiers.

    Et l'exemple est valable pour la dénazification de l'Ukraine et le retrait de l'OTAN. Trumpinette avait annoncé qu'il arrêterait la guerre en 24 heures : " merci de respecter votre promesse électorale, sinon nous rasons Kiev et les bases Otan en Pologne et en Roumanie" : signé Poutine.




    RépondreSupprimer

L'article vous intéresse, vous avez des remarques, exprimez-vous! dans le respect de la liberté de chacun bien sûr.