Заграница не поможет
Илья Яшин
Voir également sur le thème: http://ej.ru/?a=note&id=11174
L'opposition politique russe, la vraie, semble enfin avoir pris consience de plusieurs réalités ineffables:
1. L'intérêt de la Russie ne peut être défendu qu'en Russie.
2. L'opposition ne peut être financée par l'étranger sous peine de perdre toute légitimité à l'intérieur.
3. Tant l'Europe que les Etats Unis mènent une real politik dans le cadre de laquelle ils continueront à entretenir des liens avec la Russie, quels que soient ses dirigeants, tant qu'ils y trouveront un intérêt plus fort à celui d'un changement politique.
4. Aucun pays, sauf la Russie, n'a intérêt à une Russie forte, dans tous les sens du terme. Ce qui est normal.
Toutefois, toutes ces vérités ne peuvent être appréhendées de manière brutale, elles laissent la place à toutes une série de nuances, ce que soulignent les deux articles visés.
Comme l'exprime Ilya Yachine, "Ni les américains, ni les européens ne voleront vers nous dans leur hélicoptère bleu pour nous apporter en cadeau des élections libres, l'indépendance de la télévision et l'honnêteté de la justice". Et quand la question se pose de savoir pourquoi ne pas demander un financement à des Etats étrangers, puisque les hommes d'affaires russes ont déjà fait leur choix pour rester en liberté, la réponse est claire et logique "le pouvoir perd sa légitimité quand il falsifie les élections. Et l'opposition quand elle entretient des relations financières avec les gouvernements étrangers".
Toutefois, l'opposition ne renie pas totalement l'importance des gouvernements étrangers dans la vie politique russe intérieure, elle la remet simplement à sa place naturelle. Cette "diplomatie citoyenne", menée par la société civile en alternative à la diplomatie officielle de l'Etat, est nécessaire pour contrebalancer l'information ou la "propagande" diffusée par les représentants du gouvernement. De plus, l'opposition nationale n'ayant, à l'intérieur du pays, presqu'aucun moyen adéquat d'expression libre, elle a besoin du soutien des instances extérieures, comme le Congrès des Etats Unis ou le Parlement européen. Car, comme le souligne l'auteur, même si la résolution du Parlement européen n'a aucune force obligatoire en Russie et ni contraignante à l'égard des autorités russes, elle permet d'exercer une pression sur leurs actes, leur fait savoir que ces actes sont connus et ne sont pas publiquement soutenus par la communauté internationale et, enfin, oblige les autorités à réagir également publiquement.
Il est toutefois évident que les pays étrangers sont prudents dans leurs réactions, d'autant plus que leurs intérêts économiques sont en jeu. Que souvent il suffit à la Russie de faire semblant de céder sur quelques points sans importance - et surtout de proposer des conditions commerciales avantageuses - pour que les critiques étatiques s'estompent. Mais quand les parlements étrangers réagissent, les autorités russes prennent peur, car les actifs, les biens et souvent la famille de cette "élite" politico-économique se trouvent très loin de la Sberbank et des plaines russes (pour plus de détails voir ici).
Cette prise de position ouverte de l'opposition russe, sans acrimonie, mais avec beaucoup de bon sens, est peut être enfin le signe d'un mûrissement de sa réflexion. Elle devient prête à entrer réellement dans le jeu politique, si, quand même, l'Europe se souvient à temps qu'elle s'est fondée sur des principes philosophique, politiques et humains avant que d'être un marché.
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