Ce dimanche se sont tenues les élections législatives en Russie, où la victoire du parti Edinaya Rossiya était attendue, mais la question était de savoir s'il pourrait obtenir la majorité qualifiée lui permettant, comme précédemment, de mener les réformes sans avoir besoin du soutien des autres partis représentés à la Douma.
Or, selon les premiers résultats, Edinaya Rossiya obtient autour de 49% des voix, contre 64,3% en 2007. Ces résultats vont obliger le parti à former des coalitions autour de certains de ses projets pour faire passer les textes. Ce à quoi ses membres ne sont pas habitués. L'opposition parlementaire va avoir la possibilité de démontrer sa volonté - ou non - de corriger le cours politique proposé par la majorité. Ils auront, en effet, soit la possibilité de continuer, comme par le passé, à soutenir sans mots dire les projets de loi du pouvoir, soit la possibilité et les moyens de s'autonomiser du pouvoir. La Douma va enfin pouvoir devenir un lieu de débat et de décision.
Autrement dit, ces élections donnent une chance unique au pays et aux partis politiques. Celle de développer enfin le parlementarisme. Celle de développer la vie politique. Celle d'avoir une opposition intégrée et constructive. Beaucoup va dépendre des représentants de l'opposition. Plus que de la volonté d'Edinaya Rossiya, qui elle n'a pas le choix. Mais vont-ils relever le défit?
Cette situation est d'autant plus favorable aux autres partis de la Douma qu'ils ont obtenus des résultats très appréciables. Le Parti communiste reste le deuxième parti de l'Assemblée et renforce sa position avec plus de 20% des voix contre 11,57% en 2007. De même, Spravedlivaya Rossiya fait un score étonnant. Il y a peu de temps de cela, les sondages d'opinion l'estimait autour de 6%, ce qui ne lui permettait pas d'être présent à la Douma. Juste avant les élections, il était donné à 8%. Hier, il a obtenu environ 13% des voix. Le parti de Jirinovsky, LDPR, obtient aussi un excellent résultat avec plus de 14% des voix contre 8,14% en 2007.
Les partis politiques ont désormais les moyens et la légitimité de mettre en place un véritable jeu politique pour que la politique du pays puisse représenter et répondre à toutes les attentes de la population.
La question sociale suite à la crise économique a certainement favorisé le vote de "gauche" (parti communiste et Spravedlivaya Rossiya), mais elle a également renforcé la tendance nationaliste que l'on voit avec l'augmentation des résultats du LDPR. La manière dont Edinaya Rossiya a mené la politique de gestion de crise, qui a permis de limiter les effets nocifs, mais de redonner de l'espoir dans une réelle sortie de crise explique aussi en partie la baisse de ses résultats. La lassitude de la population et le besoin normal et naturel de changement.
Les réflexes de pouvoir vont devoir s'adapter à cette nouvelle donne. Et répétons le, la Russie a une chance incroyable de pouvoir faire évoluer pacifiquement son régime politique vers une normalisation de la vie politique et une plus grande démocratisation. Espèrons que cette chance sera saisie!
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