et la lettre d'adieu écrite par A. Dolmatov à sa mère http://slon.ru/fast/russia/opublikovana-predsmertnaya-zapiska-aleksandra-dolmatova-876367.xhtml
Alexandre Dolmatov s'est suicidé en Hollande après avoir obtenu un refus à sa demande d'asile politique. Histoire surprenante, qui soulève beaucoup d'interrogations.
Membre actif du parti national-bolchévique, il le quitte en 2004 pour se consacrer à sa carrière, dans une entreprise stratégique de construction d'armement. En 2010, il revient vers l'opposition active, collabore notamment avec le parti Drugaya Rossiya et prend part à la manifestation du 6 mai 2011, lors de laquelle il est interpellé avec beaucoup d'autres manifestants quand les combats commencent avec les forces de l'ordre.
Mis dans un fourgon avec d'autres participants, il serait contacté par un membre particulièrement actif, qui le prend en main. Cette personne l'incite à s'impliquer de plus en plus, à préparer de grandes actions.
Dans le cadre de l'affaire ouverte devant la justice sur les débordements lors de la manifestation, l'appartement de Dolmatov est fouillé. Celui-ci panique, quitte précipitamment son travail, son pays, part en Ukraine et se "réfugie" en Hollande. Europe des libertés et des droits de l'homme, terre d'accueil de tous les persécutés, il y demande l'asile politique pour un avenir meilleur.
Il est incarcéré dans un centre de transit pour réfugiés en attendant l'examen de sa demande. Elle lui est refusée après plusieurs mois d'interrogatoires et des conditions de vie très précaires. Après deux tentatives de suivide, il est quand même transféré dans le centre de déportation en attendant son extradition vers la Russie. Il se suicide. Sa lettre d'adieu adressée à sa mére est transmise et rendue publique. La Hollande déclare que le suicide n'est pas lié au refus, mais à des motifs personnels et familiaux (voir http://www.kommersant.ru/doc/2108856). Pour certains activistes russes, c'est évidemment l'Etat qui est responsable de sa mort, puisqu'il se sentait suivi depuis quelques temps (http://www.kommersant.ru/doc/2108864?isSearch=True). Les associations hollandaises de défense des droits de l'homme, pour leur part, vont attaquer devant la CEDH les actes des autorités hollandaises, qui ont violé les droits fondamentaux de A. Dolmatov, en le tranférant vers le centre de déportation malgrè 2 tentatives de suicide, dont son avocat n'a pas été informé.
Mais revenons à cette lettre. Il y écrit des choses surprenantes pour quelqu'un qui fait une demande d'asile politique. Pour quelqu'un qui n'est pas amené à négocier son "passage", à remplir la corbeille de la mariée.
Voici les grands traits de la lettre: A sa mère, il demande le pardon. Il part pour ne pas devenir un traitre, pour ne pas faire porter la honte de ses actes à toute sa famille. Ce qui l'a conduit à fuir la Russie: la paresse et le manque d'attention qui l'ont conduit à ne pas suffisamment connaître les nouvelles lois. Ainsi, il a trahi "un homme honnêteé (dont il ne évoile pas l'identité), il a trahi la sécurité de son pays. Il lui demande aussi de croire en Dieu et de ne pas écouter tous les activistes. La Russie est forte comme aucun autre pays et le sera de plus en plus. Et la vie en Russie est meilleure que partout ailleurs.
Pourquoi parler de trahison? De la mise en péril de la sécurité de son pays? Il est connu que Dolmatov travaillait dans une entreprise stratégique d'armement, mais depuis deux ans, il n'avait plus accès à des secrets. Les hollandais n'étaient pas forcément au courant, ils sont peut être allés trop loin.
Mais il existe une autre version (voir ici http://izvestia.ru/news/543277) et là on tombe dans le fantastique et la fantasmagorie. Selon D. Netchaev (également membre des nationaux-bolchéviques), ce seraient les services spéciaux russes et hollandais, ensemble, la main dans la main, qui l'auraient tué après l'avoir pressé. Il est évidemment bien connu que la Hollande est un satellite de la Russie, donc le FSB peut travailler sans problèmes à l'intérieur d'un périmètre aussi sécurisé que l'est un centre de détention pour réfugiés.
Pour son avocat russe, ce sont les conditions de détention spartiates, avec des détenus venus du Tiers Monde, qui ont provoqué le suicide. Pour lui, de cette manière, en utilisant ce moyen de pression, les hollandais l'ont conduit au suicide.
Pour le Conseil de coordination de l'opposition, même si Dolmatov est mort en Hollande, sous contrôle des services hollandais, il est hors de question que la Hollande soit responsable. Donc la Russie est responsable. Logique imparable.
Pour Tchirikova, il n'y a pas de différences entre livrer des juifs aux nazis et renvoyer Dolmatov en Russie. On appréciera son sens de la proportion et la banalisation de la shoah. Surprenant pour une personne qui entre, selon la célèbre revue Foreign Policy parmis les 100 plus grands penseurs mondiaux (avec Pussy Riot et Navalny pour la Russie)(voir http://www.gazeta.ru/social/news/2012/11/27/n_2636601.shtml)
Pour le politoloque G. Pavlovsky, le processus d'interrogatoire et la pression qui en sort n'est pas négligeable dans le suicide.
Une enquête est ouverte, mais de toute manière, il y a peu de chance pour que la vérité éclate un jour.
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