Voir: http://www.vedomosti.ru/opinion/news/14011251/sekta-nizkopokloncev?fb_action_ids=487940164615993&fb_action_types=og.recommends&fb_source=other_multiline&action_object_map=%7B%22487940164615993%22%3A135284413346673%7D&action_type_map=%7B%22487940164615993%22%3A%22og.recommends%22%7D&action_ref_map=%5B%5D
La relation de la Russie à l' "Occident", autrement dit à cette assimilation de l'Europe et des Etats Unis, dont l'histoire, les conceptions et les idéologies sont pourtant historiquement différentes (même si elles se rapprochent dangereusement aujourd'hui), est extrêmement complexe. Elle se conjugue sur le mode du "Je t'aime moi non plus".
Dans cet article de Vedomosti, l'auteur met le doigt sur cette ambigüité, même si l'argumentation est un peu fallacieuse. D'un côté la stigmatisation des ONG financées de l'étranger et ayant une activité politique, qualifiées d'agent étranger (concept fiscal), d'un autre côté le recours à des spécialistes étrangers pour former les gouverneurs, les maires et même les élus de la "réserve de personnelle" (sorte "d'élite" potentielle de réserve de la haute fonction publique).
Quelle est la logique?
Tout d'abord, le parallèle avec les agents étrangers est un peu forcé. Car le problème des ONG financées de l'étranger exerçant une activité politique ne réside pas dans le fait de leur existence, mais dans le fait qu'elles n'affichent pas l'origine de leur financement avec toutes les implications de politique interieure à l'organisation que cela entraîne. Leur activité n'est pas interdite par la législation russe, elles doivent simplement se déclarer comme telles, pour que cela soit connu. Or, le recours à des spécialites étrangers est un choix du pouvoir. Ces spécialistes ne se présentent pas comme russes, mais justement comme des étrangers, ce qui permet de garder la barrière psychologique.
Pourtant, l'auteur a raison de souligner cette vision un peu naïve de l'étranger, "expert" particulièrement compétent du simple fait de sa nationalité, image véhiculée également dans la littérature russe à travers les siècles. Cette image a été renforcée à l'époque soviétique, où le rejet de l'étranger s'est développé proportionnellement à son idéalisation.
Toutefois, on ne peut restreindre l'analyse du recours à des spécialistes étrangers à ce paradigme, et en ce sens la Russie a raison. Loin de la position manichéenne française, selon laquelle tout ce qui vient de (son) l'Ouest est bon et de (son) l'Est n'a pas de valeur, la Russie cherche à prendre ce qui peut être enrichissant partout, à l'Est et à l'Ouest. Nous aurions peut être intérêt à sortir de notre nombrillisme culturel, les découvertes seraient alors enrichissantes et surprenantes pour une grande partie non seulement de la population, mais également des dirigeants.
Il reste à espérer, en ce qui concerne la formation des hauts fonctionnaires russes, que cela ne se terminera pas par un "copier-coller" du modèle anglo-saxon en Russie, comme cela, malgrè l'expérience ayant déjà démontré l'inefficacité du procédé, ne cesse pourtant de se répéter. Enfin, il serait tout autant souhaitable que la Russie perçoive la différence entre la culture d'administration européenne et américaine. Dans ce cas, le recours à des spécialites étrangers prendrait toute sa valeur.
Enfin, ces procédés n'ont un sens que dans le cas précis où l'on sait ce que l'on attend d'un expert. Il ne va pas apporter une vérité bien ficellée prête à l'emploi, mais il peut donner un point de vue, uniquement le sien, sur une expérience. Le travail d'assimilation, qui doit suivre, oblige les élites nationales non seulement à mettre en perspective cette expérience dans le cadre de la culture d'origine, mais également à en apprécier le degrè de compatibilité avec la culture de réception. Les élites russes sont-elles prêtes à faire ce travail?
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