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samedi 21 juin 2014

Le plan de paix mort-né de Poroshenko

Dans la région de Lugansk, après l'annonce du plan de paix
Lorsque l'on est Président, il faut gouverner. Pour gouverner, il faut donner des ordres. Jusque là, le métier n'est pas trop difficile, c'est après que ça se complique. Car il faut être obéi. La fonction donne le droit de prendre des décisions, la légitimité et l'autorité garantissent l'exécution de ces décisions. Après, à chacun de se comporter en fonction de son caractère ou de ses contraintes.


Souvenez-vous du voyage du Petit Prince sur les différentes planètes. Il rencontre un Roi, qui se présente comme un monarque absolu, règnant sur tout, mais n'ayant en réalité qu'un seul sujet et ne pouvant donner que des ordres qui ne peuvent être contestés - ordonner le coucher du soleil à son heure normale par exemple. En d'autres termes, ce Roi a pris consience des limites de son autorité et s'y adapte pour ne pas perdre la face.
Avec son plan de paix, Poroshenko ne semble pas se résigner à son absence d'autorité, n'a pas peur de perdre la face, ou n'a tout simplement pas le choix, il a accepté le job et doit le remplir. C'est le prix à payer. Donc, le 19 juin il annonce un plan de paix: pendant une semaine, du 20 au 27 juin, les forces ukrainiennes ne vont pas tirer pour permettre à tous ceux qui le veulent de déposer les armes. Ceux qui, après, garderont des armes seront anéantis. Il promet la langue russe, des élections locales, la décentralisation du pouvoir etc. Pour les survivants.
Seulement dès l'annonce, deux clash. Le premier vient de l'oligarque gouverneur  de la région voisine de Dniepropetrovsk Kolomoïsky, qui annonce ne pas se soumettre à ce plan de paix et continuer le combat. Le second vient des régions rebelles de Donetsk et de Lugansk qui annoncent ne pas poser les armes tant que les forces armées ne sont pas rentrées dans leurs casernes, car ils ne veulent pas se faire anéantir. Autrement dit, il n'y a aucune confiance entre les parties et les résistants sont certains que ce plan est annoncé pour permettre à l'armée ukrainienne de se réorganiser pour ensuite mieux attaquer.
Il semblerait qu'en effet, ce plan de paix n'existe déjà plus. Les combats dans la région de Lugansk n'ont pas cessé. Il est vrai que Poroshenko est allé dans la partie de la région de Donetsk, contrôlée par Kiev, peut-être les soldats basés à Lugansk n'étaient pas au courant des ordres donnés?
Par ailleurs, l'armée ukrainienne doit faire face à des défections de plus en plus fréquentes. Avant il s'agissait de plus de 200 officiers qui ont quitté l'armée et refusaient d'aller "sur le front de l'est", maintenant ce sont les gardes-frontières. Un groupe de plus de 80 gardes-frontières ukrainiens sont passés en Russie pour demander aide et protection.
Cela peut surprendre quand même. Pas si l'on sait ce qui s'est passé. Dans la nuit, des hommes en uniforme non identifié ont attaqué ces gardes-frontières. Il y a eut deux blessés, qui ont été soignés, en Russie maintenant. Donc, quand l'armée régulière n'est pas considérée comme suffisamment efficace, la punition ne se fait pas attendre. Et s'ils pensaient avoir été attaqués par des résistants ou des russes, ils ne seraient pas allés se réfugier de l'autre côté de la frontière russe.
La paix n'est donc pas encore réellement à l'ordre du jour. L'intérêt est ailleurs, comme toujours reste posée la question du gaz. Et voici une déclaration intéressante. Selon le directeur du Centre ukrainien des programmes énergétiques, Mr Gontchar, une guerre avec la Russie serait très bénéfique pour gagner le recours contre Gazprom à Stockholm en arbitrage international. Par ailleurs, ce monsieur considère que la Commission européenne ne défend pas suffisamment les intérêts de l'Ukraine contre la Russie. Donc on en revient toujours au même point. Sans oublier les Etats Unis et leurs 5 kopecks, reprennant toujours le même refrain: si le plan de paix n'est pas appliqué, il y aura des sanctions économiques contre la Russie. 

Je sais que la géographie n'est pas leur fort, mais je me pose quand même des questions. Pensent-ils vraiment que l'Ukraine soit une région russe? Un protectorat russe? Une colonie sur laquelle la Russie aurait un pouvoir politique tout puissant? Sinon, sur quels fondements rendre la Russie responsable de l'échec d'un plan de paix intérieur à l'Etat ukrainien? Ou bien reconnaissent-ils peut être l'indépendance des deux républiques de Lugansk et  Donetsk? Ah, si seulement J. Psaki pouvait m'éclairer sur ces points ...

2 commentaires:

  1. ce plan de paix de 7 jours n'a t-il pas pour raison de permettre à l'Ukraine de signer son accord avec l'union Européenne, signature qui ne peut se faire avec un pays en guerre ?
    Merci pour la qualité de vos écrits et de vos analyses et les informations que vous nous donnez.

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    Réponses
    1. Merci pour votre commentaire et votre soutien!
      C'est tout à fait possible, cela de toute manière servira d'argument en faveur de l'Ukraine, même si ce plan n'en est pas un. Par ailleurs, il peut également justifier l'intensification des massacres à son terme. Malheureusement...

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