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mardi 30 décembre 2014

Les députés ukrainiens votent un budget fictif

Yatséniuk montrant le budget aux députés, qui ne pourront le voir de plus près.

Pour continuer le théâtre de l'absurde en Ukraine. Imaginez un Parlement, son rôle, son prestige. Une des fonctions clés des parlementaires est l'adoption du budget. Certes, l'adoption. Mais surtout la discussion, point par point, car ainsi ils exercent leur contrôle sur l'exécutif, c'est-à-dire sur le Gouvernement. Mais l'Ukraine, une fois de plus, nous a montré que tout est possible: les députés ont discuté pendant des heures d'un budget dont ils n'ont pas lu la rédaction modifiée par le Premier ministre et qu'ils ont fini par adopter en désespoir de cause, au petit matin, en le voyant de loin agité dans les mains de Yatséniuk, plus cynique que jamais. Vive la démocratie ukrainienne!


Vous ne me croyez pas? Moi aussi j'ai cru mal comprendre hier, en regardant les débats à la Rada, quand d'un coup d'un seul, un député de Samopomoch (le groupe des bataillons) dit à Yatséniuk qu'ils sont prêts à voter, mais qu'ils espèrent voir le texte. Et d'un coup d'un seul, gros plan sur Yatséniuk qui lève le bras, le sourire en coin, et de brandir un tas de papiers avec des post-it de plusieurs couleurs, très esthétique. Et là on comprend que c'est bien le budget en question, qui ne sort pas des mains du Premier ministre, dont les députés n'ont pas vu la rédaction finale modifiée par ce Premier ministre et que, l'espace d'une minute, ils entraperçoivent. Le miracle est réalisé.

Donc, les députés ont voté une carte blanche au Gouvernement et personnellement à Yasténiuk pour l'écrire comme il le veut, sans contrôle. En tout cas, sans contrôle des parlementaires nationaux. Et ce n'est certainement pas non plus Yatséniuk qui a aujourd'hui le pouvoir d'écrire le budget comme il convient. Mais la comédie doit être jouée jusqu'au bout. On comprend mieux que Poroshenko ait été obligé de menacer les députés membres de sa fraction de les exclure s'ils ne votent pas. On comprend mieux pourquoi l'américaine ministre des finances leur hurlait dessus depuis la tribune expliquant que de toute manière ils n'avaient pas le choix. Et que même Yatséniuk a, encore une fois, dû menacer de partir. 

On comprend qu'il ait fallu si longtemps pour convaincre les députés, plutôt pour les faire céder et renoncer. On comprend que, non pas les débats, mais le bras de fer ait duré du dimanche 11h du matin au lundi 4h30.

Bref, le budget est adopté. En gros, toutes les dépenses sociales sont coupées et le financement est envoyé vers l'armée et la sécurité, le train de vie des ministres et de l'administration présidentielle ne seront pas touchés. Les salaires et les pensions des simples gens ne seront pas indexées, alors que la monnaie nationale a perdu plus de 50%, les frais communaux (chauffage, eau, etc) seront doublés, le soutien de l'Etat à la compagnie de gaz ukrainienne va baisser de trois fois, elle qui devra rembourser les 6 milliards de dollar de dette en augmentant les tarifs. 

Avec tout cela, le budget ukrainien constitué pour 2015, en déficit de 3,7% du PIB, prévoit une chute du PIB d'encore 4,3%, une inflation de 13,1% et une dette publique de 68,3% PIB (soit environ 74 milliards de dollar). Pour autant, le financement de la défense et de la sécurité nationale va être assurée à hauteur de 5% du PIB. Pour donner une idée, le salaire minimum est fixé à environ 76 dollars par mois, si la monnaie nationale tient bon, car elle est indexée sur le dollar à 17 grivnas.  Le minimum retraite est fixé à environ 60 dollars, ce qui est inférieur au minimum vital, qui est à 73 dollars environ.

De toute manière, le budget sera retouché d'ici février, car Yatséniuk attend le financement du FMI, qui pourra également modifier à son gré le document budgétaire pour conditionner son aide. Sans l'aide des organismes internationaux, l'Ukraine ne pourra boucler son exercice budgétaire pour l'année prochaine.

Donc, non seulement les députés se sont vus spolier leur droit de contrôle budgétaire, mais l'Ukraine elle-même n'a plus son mot à dire, sans même parler des simples habitants qui manifestent tous les jours, en vain, devant la Rada. Etrangement, leur voix à eux n'intéresse pas les médias étrangers, ils ne sont pas le symbole de la démocratie, ils ne sont que le peuple d'un pays gouverné depuis l'extérieur dans l'intérêt d'autres puissances.

L'Ukraine n'est manifestement pas le tombeau de l'Europe, elle en est l'avenir. Bientôt les députés français eux-aussi se verront totalement dépossédés de leurs compétences budgétaires. Déjà faut-il aller discuter le document en Allemagne, déjà est-il scruté et validé par les instances européennes. Bientôt le vote ne sera plus qu'une formalité, sur l'existence en soi d'un budget dont on pourra montrer de loin une version papier. Et les députés seront heureux d'avoir rempli leur devoir national. Et la France sera heureuse et tranquille, car elle sera totalement gouvernée de l'extérieure, donc protégée. L'Ukraine est décidément la nouvelle voie des pays de l'Union européenne. 

7 commentaires:

  1. L'Ukraine n'est manifestement pas le tombeau de l'Europe, elle en est l'avenir... la formule est forte et même violente, mais on peut craindre qu'elle soit exacte. Quoique pour de nombreux Russes, il n'y a que les Ukrainiens pour réaliser un tel m...

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  2. effectivement le rôle des députés est de plus en plus limité, il ne faut ainsi pas être surpris par la désertion des urnes.
    Pas un mot sur ce vote dans les médias françaises

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  3. Sur le tombeau de l'Europe, je pense que cela va surtout être le tombeau des politiciens européistes. Il tendent le cou pour mieux se le faire couper.

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  4. Tout comme la Grèce est un exercice et un exemple pour la bureaucratie européenne, l'Ukraine semble bien être l'avenir de l'europe.
    Tant que les peuples courbent l'échine et disent merci.
    Cela va-t-il durer?
    trop longtemps, je le crains

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    1. Il n'y a pas de meilleur esclave que celui qui se croit libre.

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  5. bonne année
    je voulais vous dire que j'apprécie votre blog , en ses temps sombres pour ce qui est de l'objectivité de la presse française cela est réconfortant .
    je voulais vous signaler un autre site intéressant et objectif
    http://www.lepoint.fr/invites-du-point/caroline-galacteros/l-empreinte-legere-ce-que-cache-la-nouvelle-strategie-americaine-1-27-11-2014-1884916_2425.php

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  6. Alfred Jarry eut aimé ce royaume d'Ukikie et son Père Ubu chauve -version rétractée du Surmâle- trônant en son palais de la Radada devant un parterre de radadingues (fous du roi) apeurés. Le royaume d'Ukikie ferait lui-même partie de l'UE (Union Eurogidouille) et sa sérénissime (grosse) commission.
    Père Ubu aurait pu tout aussi bien soumettre un rouleau de papier toilette coloré au vote, document démocratiquement consultable dans tous les bons petits coins du palais de la Radada, et le vote se serait fait à main levée -les deux bras en l'air de préférence, pour qu'il y ait plus de votants que d'inscrits et mieux plébisciter la chose.
    Jean Monet et Alfred Jarry, les deux pères intellectuels de l'Europe.
    Bon... Désolé de ne pas être tout à fait dans le ton de votre blog, mais il y a des moments où il est très difficile de s'exprimer comme dans les pages tribunes libres du Monde. En plus, j'ai arrêté au bac,
    Très bonne année à vous.

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