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vendredi 14 août 2015

Affaire I. Markov : la justice italienne doit-elle aider le pouvoir ukrainien à se débarrasser de ses opposants

Картинки по запросу игорь марков

Igor Markov, ancien député à la Rada ukrainienne, ancien prisionnier politique, passé dans l'opposition au pouvoir ukrainien actuel, un des fondateurs du Comité de salut ukrainien, vient d'être arrêté en Italie sur demande du bureau d'Interpol de Kiev ... pour des faits qui ont amené le pouvoir politique actuel à le libérer comme prisionnier politique après le coup d'Etat. La justice ukrainienne va se trouver face à un dilemne - ou à une opération comptable - combien coûte l'indépendance?


Mercredi, la police de San Rémo a arrêté Igor Markov, sur demande de l'Interpol ukrainien, pour violation de l'article 296 du Code pénal ukrainien (hooliganinsme avec atteintes corporelles). Rappelons brièvement les faits.

En 2007, ont lieu des manifestations à Odessa, lors desquelles des "dérapages violents" sont constatés. En octobre 2013, alors qu'il est devenu député à la Rada pour Odessa et appartient à l'opposition nationale parti Rodina - Patrie, I. Markov est arrêté par le régime de Yanukovitch et incarcéré pour les faits de 2007. Après le coup d'Etat, il est libéré dans la vague d'euphorie collective qui ouvrait les prisons et libéraient ceux qui semblaient pouvoir être utiles, au titre de prisonniers politiques. Cette libération devant les rendre éternellement reconnaissant au nouveau régime.

En voici la vidéo:

Pour autant, après sa libération, I. Markov ne soutient pas le nouveau régime, passe dans l'opposition et part en Russie, où il vivait jusqu'à son arrestation en Italie.

Alors, la question qui se pose est de savoir pourquoi l'arrêter? Le problème est justement qu'il s'agit -officiellement- des mêmes faits de 2007, il n'a physiquement pas eu le temps de commettre quoi que ce soit en Ukraine depuis sa libération. 

Donc le pouvoir ukrainien demande à la justice italienne d'extrader un ressortissant ukrainien réfugié en Russie pour le juger pour des faits commis en 2007, faits pour lesquels il fut libéré en février 2014 par ce nouveau pouvoir considérant les poursuites comme politiques.

Et le caractère politique est également souligné par la presse italienne, qui titre cette déclaration de I. Markov lorsqu'il refuse d'être extradé: "A Kiev, je suis un homme mort".

Il semble absurde de chercher sérieusement à condamner I. Markov pour les faits de 2007, alors qu'il a déjà bénéficié d'une amnistie. En revanche, mais c'est beaucoup moins avouable, il est un des fondateurs du Comité de salut ukrainien, nouvelle organisation fondée il y a environ une semaine qui regroupe sous la présidence de l'ancien premier ministre N. Azarov, des politiciens voulant un autre avenir pour l'Ukraine. Ils proposent de reconnaître de facto le rattachement de la Crimée à la Russie, de négocier avec le Donbass pour pacifier le plus vite possible la situation, et pour enfin pouvoir s'occuper de l'Ukraine et des ukrainiens, des questions sociales et économiques. Or, comme l'affirme leur dirigeant, ce programme est impossible avec le pouvoir actuellement en place à Kiev.

Le problème est que cette organisation, qui se veut indépendante et pro-ukrainienne, peut fortement destabiliser le régime en place au fur et à mesure que la guerre civile s'enlise et que la situation socio-économique s'effondre. Et c'est un risque que ne veut pas prendre cette nouvelle Ukraine. Cela n'est pas anecdotique lorsque l'on sait que I. Markov est parti en Italie non pas se bronzer sur les plages comme l'affirment certains, mais renforcer les liens entre le Comité de salut ukrainien et les députés italiens, comme l'affirme Konstantin Dolgov sur son twitter:

УкрСМИ нагло врут насчёт курорта. Игорь ездил в Италию налаживать связи "Комитета спасения Украины" с европарламентариями и местной прессой!

Mais est-ce vraiment à la justice italienne d'aider le pouvoir ukrainien à se débarrasser de ses opposants? En fait, là est la question, celle de la crédibilité de l'indépendance de la justice tant clamée dans les pays d'Europe.

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