Le Parrain ...
Alors que la Russie est confrontée à une situation géopolitique pour le moins tendue, qui oblige à plus de rigueur, les affaires de corruption et de détournements de fonds publics se succèdent à un rythme effrayant. Le bon côté des choses, la lutte contre la corruption semble relancée. Mais le nombre et surtout leur importance de ces affaires démontre l'étendue du pillage organisé dans tout la pays.
L'Etat, pour certains, ressemble manifestement à une vache à lait que l'on peut traire et traire encore et gaspiller et en mettre partout. Peu importe, il y aura toujours du lait. Et si cette vache meurt, une autre la remplacera.
Le Gouverneur de la république fédérée des Komis , V. Gaïser, vient d'être arrêté comme instigateur d'un groupe mafieux qui aurait des ramifications dans plusieurs régions du pays, voire à l'étranger. Bref, un chef de mafia en costume cravatte BCBG, qui "participe à la vie de la région et est aimé par la population". On se croirait dans Le Parrain. Pour l'instant, 19 personnes ont été également arrêtées avec lui. Depuis 2003, Gaïser était ministre des finances de la république fédérée et est devenu gouverneur en 2010. Son activité mafieuse aurait débuté en 2006. Et ce qui est amusant, c'est qu'en février de cette année, dans le très sérieux rating des gouverneurs russes, il fut classé parmi les plus efficaces. Espèrons que cette absurde grille d'analyse du travail des gouverneurs pourra enfin et définitivement être discréditée pour revenir à une analyse un peu plus sérieuse et moins glamour de la situation dans les régions, toute en graphique et subjectivité.
Juste une anecdote. Le déjà ancien gouverneur des Komis avait une collection de montres à plus d'un milliard $ cachée dans son coffre fort. C'est manifestement une manie les montres, mais lui n'avait pas l'excuse du mariage.
On rappellera que, cette année, le Gouverneur de Sakhaline a également été arrêté pour avoir reçu une enveloppe de plus d'un milliard de roubles.
Dans un autre domaine, mais pas dans une autre logique, le fameux Cosmodrome oriental, qui n'en finit pas de se construire et de faire exploser les plafonds de financement. Il faut dire que plus de 20 affaires pénales ont été ouvertes pour un montant de plus de 5 milliards de roubles de préjudice au budget de l'Etat. Le clou de l'affaire est un nouveau scandale à hauteur de 600 millions de roubles détournés des fonds publics devant le financer. L'Etat avait en effet payé un milliard pour la construction d'infrastructures routières, qui réellement n'avaient coûté que 450 millions.
Cette gabegie est une maladie chronique de la société russe. Sans une impulsion politique très forte, sans une volonté politique infaillible, aucune disposition légale ne pourra y mettre un terme. Et il devient difficile de parler de volonté politique très forte lorsque l'on se souvient de la manière dont l'affaire Oboronservice a été traitée. La libération anticipée de Vassilieva aura fait plus de mal que n'importe quel laisser aller normatif. Car on a l'impression d'un système à double vitesse. Donc chacun garde l'espoir de pouvoir s'en sortir en passant du "bon" côté et les affaires continuent.
Vu le contexte actuel, la Russie n'a même plus besoin de chercher le danger à l'extérieur de ses frontières.
Et même, les 132 millards d'€ qu'une commission du parlement européen a relevée comme l'argent dépensé pour les pots de vin et d'autres abus du même genre, qu'on appelle communément "la corruption", ne soulage pas. Partout où c'est possible on se sert auprès le râtelier d'Etat ou des fondations, des fonds, des multinationales, des entreprises et ça à tous les niveaux. Et ni la peur d'une prison ou même la peine capital, comme en Chine ne peuvent y rien faire. C'est triste et incompréhensible pour moi! Ceci dit, on m'a jamais rien proposé!:)
RépondreSupprimerSoulignons au passage, de façon tout à fait anecdotique, l'étrange ressemblance physique du désormais ex-gouverneur Gaïser avec l'indispensable Khodorkovsky. Peut-être Gaïser deviendra t'il bientôt "l'opposant N°1 à Poutine", "emprisonné pour lui avoir porté de l'ombre"...? Mmmm?? Libé et Le Monde doivent tailler leurs crayons en vue de ce thème.
RépondreSupprimerLa Russie en est encore au premier stade de la corruption, où les choses se font franchement, on pique dans la caisse ou on reçoit des valises de billets. Le stade supérieur de la corruption est atteint à l'ouest, avec la capitalisme de connivence, qui atteint vraisemblablement des sommes infiniment supérieures. Cette corruption moderne et branchée prend plusieurs formes. Par exemple aux Etats-Unis il y a le financement massif des deux branches du parti unique par les grandes entreprises et les 1% les plus riches, qui ne se fait évidemment pas sans contreparties. Il y a aussi ce que j'appellerais la corruption a posteriori, qui consiste à offrir des postes, très bien rémunérés et en général sans travail réel à fournir, à d'anciens politiciens ayant eu un comportement adéquat. En Europe et aux Etats-Unis, il y a aussi la politique monétaire, confiée à d'anciens banquiers, qui agissent dans l'intérèt exclusif des banques et autres organismes financiers. Il y a aussi la constitution d'une caste dont les membres très bien payés oscillent entre le public et le privé. Pour résumer, nous avons des politiciens ou des hauts fonctionnaires, qui agissent dans l'intérèt d'une toute petite partie de la population, et qui sont récompensés ensuite.
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